vendredi 10 septembre 2010

Retraites : une réforme pour rien

En ce moment, le projet de réforme des retraites est au coeur des débats. Suite aux manifestations de mardi et à l'émission "A vous de juger" sur France 2 qui était consacrée, hier soir, au sujet, je me devais de partager mon opinion sur cette réforme.
 
Avec plus de 2 millions de personnes dans les rues, les manifestations de mardi dernier sont un succès. Pour autant, le gouvernement semble campé sur ses positions, ce qui a conduit les syndicats à annoncer une nouvelle journée de mobilisation le 23 septembre prochain.
Même si je n'étais pas dans le cortège de ce défilé et n'y serai probablement pas non plus le 23, je dois avouer que je soutiens totalement, et ce n'est pas chose courante, les manifestants. En effet, je trouve cette réforme inutile et contre-productive.
 
Voici les principales critiques que j'adresse au gouvernement :
- Le premier point concerne le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite (de 60 à 62 ans). Cette mesure ne me paraît pas utile pour  deux raisons. La première est que l'âge réel de départ est de 61,5 ans donc le "gain" est seulement de 0,5 année. La seconde est que l'on demande aux Français de travailler plus longtemps (41 ans en 2012 et 41,5 en 2020) donc ce relèvement touchera uniquement les personnes ayant commencé à travailler jeune, ce qui n'est évidemment pas très juste.
- Le deuxième élément est relatif au passage de 65 à 67 ans pour pouvoir partir à la retraite sans décote. Il s'agit là d'un gros point négatif car il pénalisera les personnes ayant des carrières hachées ou rentrant de manière tardive sur le marché du travail. Or vu la conjoncture et l'allongement de la durée des études, il est probable que cela touchera un grand nombre de salariés.
- Le troisième aspect se rapporte à la question de la pénibilité. Il est vrai que le gouvernement a travaillé sur sujet. Pour autant, cela me semble insatisfaisant dans la mesure où celle-ci est prise en compte a posteriori et de manière individuelle.
 
Malgré les contestations, la grande majorité des acteurs politiques et économiques s'accordent sur la nécessité d'une réforme. Partageant cet avis, voici quelques pistes de réflexion :
- Une des premières choses à faire est de remettre à plat le système de retraite pour plus de justice. Cela passe notamment par une homogénéisation public/privé, une harmonisation des différentes caisses et une correction des régimes spéciaux.
- Il me semble ensuite nécessaire de réellement tenir compte de la pénibilité. Mais cela doit être fait a priori et de manière collective. Concrètement, il faudra, après négociations avec les partenaires sociaux, définir les professions jugées pénibles ainsi que les "bonus" (trimestres supplémentaires ...) accordés à ces salariés.
- Une action sur le financement doit également être entreprise afin de lutter contre les déficits. On pourrait alors chercher à diversifier les modes de financement (instauration de la TVA sociale, taxation des stock-options et autres retraites chapeaux ...).
 
Mais même si je crois que ces propositions vont dans le bon sens, le problème des retraites ne saurait être réglé, et ce n'est pas le seul dans ce cas là, sans un réel effort pour l'emploi. En effet, la lutte contre le chômage permettrait de trouver de nouvelles ressources puisque plus de travailleurs signifie plus de cotisants.
L'emploi doit donc devenir la priorité du gouvernement qui doit avoir le courage de prendre les mesures qui s'imposent. Il faut s'atteler à la question de l'emploi des seniors, qui sont souvent débarqués des entreprises à la cinquantaine, mais aussi des jeunes qui ont du mal à s'insérer sur le marché du travail ou à des conditions parfois peu convenables (travail précaire, CDD à répétition, salaire de misère ...).
 
Comme le disait Bernard Thibault (secrétaire général de la CGT) hier soir face à Arlette Chabot, "avant de travailler plus, il faudrait travailler tous". Le plein emploi doit être un objectif qui permettra à la société française de mieux se porter.
Pour l'heure, rien n'est gagner mais rien n'est encore perdu non plus. Tout reste à faire. Malgré tout, les allégements de charges, qui furent l'apanage des gouvernants ces dernières années, semblent avoir montré leur limites. Peut-être qu'il serait temps de ne plus considérer le protectionnisme comme la pire des horreurs. Les Etats-Unis et la Chine y ont recours, pourquoi pas nous ?

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