samedi 29 janvier 2011

Les Etats Généraux du renouveau et moi

Hier, alors que mes camarades étaient en cours de comptabilité, je me trouvais à la maison de la culture de Grenoble (MC2) pour une nouvelle édition des Etats Généraux du renouveau organisés par Libération et Marianne.
J'ai pu assister à deux débats durant cet après-midi. Voici mes impressions :
 
Le premier débat mettait en scène Ségolène Royal et Dominique de Villepin avec pour sujet : "2012, un nouveau souffle pour la 5ème République ?".
Sur le fond, peu de désaccords séparaient les protagonistes qui se trouvaient face à face lors d'un débat pour la première fois. Il faut toutefois reconnaître que le sujet était relativement large ce qui permettait de faire de grandes déclarations de principe que chacun peut approuver.
Malgré tout, Dominique de Villepin a avancé quelques propositions (création de 8 à 10 grandes régions, cogestion à la française des entreprises, élection des présidents de région au suffrage universel ...) qu'il avait déjà soutenu dans une tribune parue il y a quelques jours dans Libération.
Ségolène Royal a, quant à elle, davantage insisté sur le social en avançant également des propositions (conditionnement des aides aux entreprises, fin du cumul des mandats, séparation pour les banques des activités commerciales et d'investissement ...).
Sur la forme, j'ai trouvé Dominique de Villepin plus à l'aise que Ségolène Royal qui me semblait plus hésitante avec un discours moins bien construit. Malgré tout, je dois reconnaître que, sur ce débat, j'ai été davantage convaincu par Royal qui a tenu des propos qui me plaisent et que j'aurais pu, en partie, prononcer.
J'ai pu remarquer que la salle était composée de manière plus ou moins égale entre des jeunes (surtout des étudiants) et des vieux. Cela montre bien que les gens s'intéressent encore à la politique, quels que soient leur âge ou leur condition sociale. Bien que la salle ait été plus réceptive au propos de la socialiste, il faut noter que les piques et autres critiques à l'encontre de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement ont été particulièrement applaudies.
Pour conclure sur ce premier débat, je dois bien avouer que j'ai été plutôt déçu. Cela s'explique principalement par le fait qu'il n'y a pas eu de réelle opposition ni confrontation entre les protagonistes, notamment en raison d'un sujet trop large et d'une certaine retenue des participants. Malgré tout, ce dialogue a au moins le mérite de m'avoir fait prendre conscience que je ne suis pas aussi proche des idées de de Villepin que je le pensais.
 
Le second débat auquel j'ai assisté rassemblait Jean-Luc Benhamias (Modem), François Delapierre (PG),  Michel Destot (PS), Nicolas Dupont-Aignan (DLR) et Jean-François Kahn autour du sujet : "des convergences républicaines sont-elles possibles ?"
Alors que je n'attendais pas grand-chose de ce débat et que je m'y étais rendu davantage pour écouter Nicolas Dupont-Aignan que pour le reste, je dois admettre que j'ai été surpris par la qualité des débats et des intervenants. Ce dernier point devant toutefois être nuancé par la prestation du maire de Grenoble qui m'a semblé en deçà de celles des autres. Je dirais même plus que Michel Destot n'avait pas vraiment sa place ou tout du moins qu'il n'a pas réussi à la trouver.
Parallèlement à cela, j'ai découvert ou plutôt redécouvert Jean-Luc Benhamias. Bien que je ne sois pas toujours d'accord avec lui, j'ai trouvé ses interventions très pertinentes et j'ai particulièrement apprécié le personnage.
Sur le fond, on a pu voir que le clivage gauche/droite n'est plus vraiment d'actualité et que la différenciation se fait aujourd'hui davantage entre les mondialistes d'un côté et les souverainistes de l'autre. Le deuxième point à noter est que des convergences sur les constats n'impliquent pas forcément de convergences sur les solutions à apporter. Enfin, j'ai remarqué que les propos de Nicolas Dupont-Aignan sur la création monétaire ont été bien reçus par la salle. Cela montre bien que le peuple n'est pas complètement stupide, comme certains aiment à le croire, et que les gens sont tout à fait capables de comprendre les choses du moment que l'on leur explique. Il me semble donc nécessaire de continuer ce travail de vulgarisation auprès de la population.
 
J'aimerais maintenant raconter une petite anecdote à la fois comique et inquiétante.
Hier, alors que j'attendais dans le hall pour assister au second débat, je suis tombé sur un sacré numéro. Il s'agissait d'une militante socialiste d'environ 50 ans qui était plutôt mécontente car elle n'avait pu approcher Ségolène Royal, notamment du fait de la nuée de journalistes présents mais surtout en raison des gardes du corps qui barraient le passage. A la limite on pourrait comprendre sa déception, encore que je considère que les politiques ne sont pas des stars. Là où le bât blesse c'est lorsque l'on écoute ses propos. Le premier point est qu'elle souhaitait interdire l'accès aux journalistes, alors même que ce sont eux, et notamment Libération et Marianne, qui ont organisé l'évènement. Mais ce qui m'a le plus "choqué" est le fanatisme et le peu de sens critique dont a fait preuve cette preuve. Ainsi, "Lionel Jospin est un homme exceptionnel" qui n'aurait jamais dû arrêter la politique, "Michel Destot est un excellent maire" qui a fait des grandes choses pour la ville depuis 15 ans. Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : "c'est sûr que comparé à Ségolène on est des minables" !
Alors bien sûr les gens autour ont apprécié le spectacle et ont bien ri, moi le premier. Néanmoins, avec le recul, cette scène me fait peur. En effet, comment voulez- vous relever le pays avec de tels béni oui oui ? Cette femme a largement dépassé le stade de militante pour atteindre celui de bigot sans aucune objection.
Voilà ce qui me gêne aujourd'hui dans les partis politiques. Ces derniers sont davantage devenus un rassemblement de fans qui portent aux nues des personnalités plutôt qu'un lieu d'échanges, de débats et de réflexion. C'est donc cet état de fait qui me retient de m'encarter.
 
Pour conclure, que retenir de ces deux débats ?
La première chose est que l'association de personnalités politiques de premier plan n'implique pas forcément un débat de qualité. Je dirais même que c'est le contraire puisque les "connus" doivent faire attention à ce qu'ils disent, surtout lorsqu'ils sont en route vers 2012.
Ensuite, ces débats m'ont permis de confirmer ma proximité idéologique avec Nicolas Dupont-Aignan, de prendre de davantage de distances avec Dominique de Villepin et de (re)découvrir la personnalité atypique de Jean-Luc Benhamias.
Enfin, l'affluence globale à l'ensemble du forum me semble être un signe d'espoir qui atteste que les Français ne sont pas (encore) complètement dégoutés de la politique malgré les trahisons et déceptions successives.
La demande existe donc bel et bien dans notre pays. Ce n'est pas vraiment le cas de l'offre qui, même si elle est présente en quantité, ne l'est que peu en qualité. Voilà pourquoi il me semble très important de défendre le pluralisme politique et non le bipartisme à l'instar du système américain. Voilà pourquoi il est nécessaire de favoriser l'émergence de nouveaux partis, de nouvelles figures et de nouvelles idées dans notre paysage politique. C'est là tout l'objectif du Parti de Gauche et de Debout la République, deux petites formations qui apportent un peu de nouveautés dans cet ordre établi ...

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