samedi 15 janvier 2011

Révolution du Jasmin : le 1789 tunisien ?

Comme je l'écrivais quelques jours plus tôt dans un précédent article, le peuple tunisien manifestait dans les rues du pays. Depuis, la situation a nettement évolué. En effet, la contestation initialement pacifique et à portée économique s'est rapidement transformé en un mouvement populaire, parfois violent, à visée politique. Cette mutation a toutefois été rendu possible par l'action inappropriée du pouvoir en place. Rappelons seulement que la police et l'armée avaient la possibilité, voire l'ordre, de tirer à balles réelles sur la foule.
 
La conséquence de cette révolte paraissait impossible il y a encore peu de temps. Pour autant, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a finalement quitté le pouvoir après 23 ans de règne et a fui le pays en direction de l'Arabie Saoudite.
La Tunisie est donc aujourd'hui à un tournant de son Histoire. Effectivement, de nouvelles élections devraient prochainement avoir lieu sous l'impulsion de Foued Mebazaa, ancien président du Parlement et président de la République par intérim.
Pour autant, tout ne sera pas simple rien n'est encore gagné. D'ailleurs, la situation reste encore fragile dans le pays avec une recrudescence des violences et notamment de nombreuses scènes de pillages.
 
Je crois que les jours et les semaines à venir seront décisifs pour le futur de la Tunisie. Pour le moment on constate une certaine inertie dans la gestion du pays. Il me semble donc impératif de tourner rapidement la page Ben Ali et de commencer à écrire un nouveau chapitre. Il ne faut cependant pas être naïf. Car n'oublions pas que le président en fuite a gouverné d'une main de fer durant 23 ans, tenant à la fois le monde politique, économique et médiatique.
 
A l'inverse, le pessimisme ne doit pas non plus dominer. Le peuple tunisien a ouvert la voie d'un renouveau démocratique. Il faut maintenant prendre le relais de la population afin d'inscrire ces avancées dans la durée. Je crois que ce rôle est notamment dévolu aux intellectuels, aux politiques mais aussi à la société civile qui ne doit pas se laisser totalement déposséder de son initiative. 
 
Il me semble également nécessaire que la Tunisie puisse s'appuyer sur d'autres Etats pour se reconstruire. Je pense évidemment aux pays voisins mais surtout à la France, du fait de notre passé commun. A titre personnel, j'ai trouvé les réactions françaises timides voire déplacées dans l'unique but de ménager la chèvre et le chou. D'ailleurs, les commentaires se font plus incisifs à l'encontre du régime déchu maintenant que la situation s'est décantée. Mention spéciale à Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères, qui a proposé "le savoir-faire de nos forces de sécurité " à la police tunisienne afin "de régler les situations sécuritaires". La communauté internationale doit se tenir prête à intervenir en cas de sollicitation de la part de l'Etat tunisien et non chercher à s'ingérer dans les affaires internes d'une nation souveraine.
 
Après 1956, 2011 est une année charnière pour la Tunisie. Le renversement de Ben Ali n'est qu'une étape. Il ne s'agit que du prologue d'une nouvelle aventure pour tout un peuple. Espérons simplement que la Révolution de 2011 soit à la hauteur de celle de 1789 ...

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