dimanche 20 février 2011

L'agriculture ou la mort


Hier, la 48ème édition du salon de l'agriculture a ouvert ses portes à Paris. A cette occasion, Nicolas Sarkozy a arpenté les allées durant de longues heures. Selon les témoins, ce dernier a fait "du Chirac". En effet, le président a ainsi renoué avec la tradition voulant que le chef de l'Etat inaugure consciencieusement cet évènement.
 
Alors évidemment personne n'est naïf. Cette visite n'est qu'un gros coup de communication comme les aime le président. Il ne s'agit là que d'un prétexte pour aller courtiser une profession traditionnellement favorable à la droite alors que les échéances électorales se rapprochent.
 
Malgré tout, cette sortie médiatique semble avoir été appréciée par les agriculteurs présents. Cela est d'autant plus le cas que la situation est, c'est un euphémisme, loin d'être facile pour nos paysans et le sera probablement davantage dans le futur avec la réforme à venir de la PAC (Politique Agricole Commune).
 
Aujourd'hui, les problèmes de notre agriculture sont connus de tous et c'est pourquoi je ne les détaillerai pas. Rappelons néanmoins qu'à l'heure actuelle un très grand nombre d'agriculteurs n'arrivent pas à vivre de leur travail et sont contraints de vivoter grâce à l'octroi de subventions européennes.
Bien que le constat soit posé depuis des années, on peut remarquer qu'aucune solution durable n'a été réellement avancée. A l'inverse, chaque partie en présence (politiques, grossistes, grandes surfaces …) ont cherché à se renvoyer la balle afin de se dédouaner au maximum.
 
Cet état de fait ne peut plus durer. Il me semble donc impératif de prendre très rapidement des mesures fortes pour que notre agriculture retrouve enfin ses lettres de noblesse. Il est fort probable, voire même certain, que les propositions que j'estime nécessaires ne seront pas du goût du tous. Pour autant, je crois que la politique doit servir l'intérêt général et non les intérêts particuliers d'un petit nombre.
 
Mais revenons-en à l'essentiel. Les solutions qui suivent ne me semblent pas révolutionnaires mais plutôt de bon sens. Elles ne sont évidemment pas exhaustives et ne sauraient se suffire à elles-mêmes. En revanche, elles constituent, je le crois, des pistes de travail non négligeables :
- La première chose à mettre en place est d'instaurer une exception agricole sur le modèle de l'exception culturelle. Cette distinction internationale revêtirait notamment une portée symbolique dans la mesure où elle viserait à reconnaître l'importance, l'utilité et la nécessité de l'agriculture. De même, cela permettrait de sortir l'agriculture de considérations purement mercantiles.
- Ensuite, il me semble qu'une action est impérative en ce qui concerne les revenus de nos agriculteurs. Ainsi, je crois qu'il serait normal d'interdire de vendre des produits agricoles à perte. En effet, aujourd'hui, la pression est telle que les productions sont achetées à un prix inférieur au coût de revient. Pourquoi alors tolérer en matière agricole une pratique prohibée dans d'autres domaines ?
- Ces dernières années, on a pu remarquer que les prix des matières premières connaissaient une très forte volatilité, notamment en raison de la spéculation. Une interdiction de tels agissements ainsi qu'une limitation du libre échange de ces produits serait un premier pas.
- Enfin, il me semble important de promouvoir l'agriculture, en particulier auprès de la jeunesse, afin de ne pas la laisser sombrer. Cela passe, notamment, par une campagne de sensibilisation mais aussi par la préservation des terres agricoles. En effet, comment peut-on nourrir un nombre croissant d'individus si les terres arables tendent à disparaître au profit de barres de béton et d'acier du fait d'une urbanisation débridée ?
 
Au final, il apparaît clairement que notre agriculture est moribonde. Même si nos dirigeants ne sont pas les uniques responsables de cette situation, ils sont tout de même coupables de non assistance à personne en danger. Car même si les cas sont moins médiatisés qu'à France Télécom, il ne faut pas oublier que les paysans appartiennent à la catégorie socioprofessionnelle qui connaît le plus de suicides en France.
 
Le Salon de l'agriculture, qui rencontre chaque année un important succès, montre bien l'attachement qu'ont les Français pour les agriculteurs. Malgré tout, il ne suffit pas de célébrer la paysannerie une fois par an pour se donner bonne conscience. Des actions concrètes sont nécessaires pour préserver notre agriculture. A notre niveau, cela passe notamment par l'achat de fruits et légumes produits sur le territoire national. En plus d'avoir un impact sur notre santé du fait de la meilleure qualité des produits, ce patriotisme économique est un réel acte de militantisme et de solidarité envers les paysans français.
 
Il n'est évidemment pas trop tard pour changer la donne et inverser la tendance. Pour autant, le temps presse. Depuis la nuit des temps, les agriculteurs nourrissent les Hommes sans être considérés à leur juste valeur. S'il est une profession indispensable à la vie, c'est bien celle-ci. Car n'oublions pas que derrière tous nos aliments, il existe un paysan. Voila un fait qu'il convient de rappeler à ceux qui ne jurent que par les marchés … 

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