jeudi 10 novembre 2011

Intouchables ou comment rire d'un sujet grave

Hier soir je suis allé voir le film Intouchables avec François Cluzet et Omar Sy. Celui-ci, basé sur des faits réels, raconte la rencontre et la cohabitation entre deux individus que tout oppose, l'un garçon des cités sans emploi et l'autre homme tétraplégique des beaux quartiers.
 
Revenons d'abord sur l'aspect cinématographique du film. Clairement, je le recommande vivement pour ses qualités intrinsèques. Bien que le sujet touche au handicap, cette comédie remplit pleinement son rôle puisqu'elle nous pousse à rire du début à la fin. En outre, il faut noter l'excellente prestation des deux acteurs principaux qui réussissent à nous séduire par leur jeu finement ciselé. Le duo Cluzet-Sy fonctionne alors à merveille et l'on se prend rapidement au jeu.
 
Mais parallèlement à son côté purement artistique, ce film est également d'un point de vue sociologique. Ainsi, celui-ci aborde de front le thème du handicap. Bien que d'autres sujets soient quelque peu évoqués, en particulier la question des cités d'où vient le personnage joué par Omar Sy, il n'en reste pas moins que le handicap reste le fil conducteur et même plus le coeur même du scénario.
 
Comme je l'ai dit, François Cluzet interprète le rôle d'un homme devenu tétraplégique à la suite d'un accident de parapente. Celui-ci est donc totalement paralysé et doit alors être assisté pour toutes les tâches du quotidien. D'où l'irruption d'Omar Sy dans sa vie en tant qu'aide ou plus exactement de remède. Grâce à lui, un renouveau intervient et permet de dépasser le handicap pour retrouver une vie presque normale.
 
Et c'est bien là le point d'orgue du film. Cluzet a choisi Omar car "dans les cités, ils sont sans pitié". Par ce choix délibéré, notre tétraplégique nous fait part de sa souffrance psychologique : outre la douleur physique, il faut supporter le regard et la miséricorde des autres, ce qui ajoute du mal au mal. En effet, alors même que ces derniers cherchent à gagner en autonomie et revendiquent une certaine indépendance, les handicapés sont toujours renvoyés à leur condition et à leur affection.
 
Par ailleurs, il est intéressant de noter la multitude de soins nécessaires au quotidien, soins nécessitant bien évidemment du personnel compétent, qualifié et en nombre suffisant. Dans le film, le personnage principal est très aisé et peut donc s'offrir des traitements de qualité.
Or, à l'image de notre société, toutes les personnes handicapés ne roulent pas sur l'or et n'ont donc pas les moyens de prendre soin d'eux correctement. Ceux-ci ont alors pour unique ressource l'allocation adulte handicapé (AAH) qui s'élève au maximum à 743,62 € (jusqu'au 31/03/12). Ce montant, inférieur au seuil de pauvreté (954 €), est donc clairement insuffisant pour subvenir à ses besoins.
 
Plus largement, et bien que la France soit jugée comme pays généreuse en aides sociales, on peut observer qu'un grand nombre de minima sociaux servent non pas à vivre mais bien à survivre. Alors certes la dette est importante en France et l'assistanat n'est pas une solution. Pour autant, il me semble légitime de privilégier l'humain à l'économie donc de fournir à tous nos concitoyens un niveau de ressources décent.
 
Concrètement, il me semble impératif d'augmenter dans un premier temps l'ensemble des minima sociaux sur le seuil de pauvreté à très court terme tout en cherchant à les aligner sur le SMIC à moyen terme. Bien sûr cela aura un coût pour la nation et donc un impact sur les finances publiques. Néanmoins, je crois que cela est une nécessité, tant d'un point de vue moral et éthique qu'au niveau économique afin de relancer la consommation.
 
Aujourd'hui, et du fait de la crise économique et financière, je crois que nous sommes à un tournant de notre histoire. En effet, il paraît clair qu'il existe une réelle opposition voire même un conflit ouvert entre les peuples et les institutions financières et acteurs de marché en tout genre.
Or dans cette lutte pour la démocratie et la souveraineté nationale et populaire, chacun doit prendre position et choisir son camp. Certains l'ont déjà fait alors que d'autres dissimulent leur préférence jusqu'à ce que les choses s'éclaircissent. Il faudra alors s'en souvenir pour 2012 et sanctionner les suppôts et autres vassaux des marchés financiers.
Personnellement, mon choix est fait depuis longtemps et je l'ai clairement exprimé à maintes reprises sur ce blog. Il est bien évident que je me place du côté des peuples malmenés par la crise qui subissent le courroux de leurs dirigeants aux ordres des agences de notation.
 
En ce lendemain du 41ème anniversaire de la disparition du général de Gaulle et en cette veille de la célébration de l'armistice de 1918, il me semblait alors de circonstance de louer l'esprit de résistance de ces hommes et de ces femmes de par le monde qui s'élèvent contre la dictature de la finance.
Oui le combat de ces personnes est juste et légitime.
Oui nous devons être solidaires de ces luttes pour la démocratie.
Oui nous avons le devoir reprendre le pouvoir à ceux qui nous l'ont confisqué.

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