Après de longs mois de
négociations, il semblerait que la France et la Russie soient finalement
arrivées à un accord concernant la non livraison de deux navires de guerre
Mistral (le Vladivostok et le Sébastopol).
Conclu en juin 2011 sous la
présidence de Nicolas Sarkozy, ce contrat prévoyait une livraison des deux
navires respectivement en novembre 2014 et à l'automne 2015. Tout ne s'est
toutefois pas passé comme prévu et suite au conflit russo-ukrainien, François
Hollande a décidé de suspendre les livraisons avant de chercher à rompre le
contrat.
Personnellement je crois que la
position de François Hollande et de son gouvernement dans ce dossier est clairement
inconséquente et particulièrement préjudiciable pour la France, et ce à
plusieurs niveaux.
D'un point de vue économique tout
d'abord. En période d'austérité et de réduction des dépenses publiques, est-il
bien raisonnable de renoncer au montant de ce contrat (1,2 milliard d'euros) ? Mais
plus qu'un manque à gagner, la rupture de ce contrat va entrainer des dépenses
supplémentaires avec le dédommagement de la Russie (1,16 milliard d'euros) sans
parler évidemment des coûts liés à la détention et la prise en charge actuelle des
navires (environ 5 millions d'euros par mois selon certaines estimations). Une
véritable folie financière en somme.
Ensuite, cela pose des questions
en termes de politique étrangère. Car évidemment, outre les considérations
commerciales, il s'agit là également de géopolitique. Et la rupture de ce
partenariat avec la Russie me semble bien inopportun tant un partenariat
privilégié avec ce pays me parait être une nécessité. Encore une fois la politique
étrangère de notre pays est influencée par nos alliés (union européenne et Etats-Unis
en tête). Certes Poutine n'est pas irréprochable, loin de là, mais dans le
conflit russo-ukrainien (raison officielle pour la suspension de la livraison
des Mistral), l'Ukraine n'est pas non plus au-dessus de tout soupçon. Indéniablement
la Russie est une nation qui va compter au XXIème siècle et il serait grand
temps que nos dirigeants comprennent que la guerre froide est bel et bien terminée.
Enfin, cela a des conséquences
sur la crédibilité commerciale et internationale de la France. Une fois de plus
ce revirement de situation, cette remise en cause de la parole donnée vient
ternir l'image de la France et affaiblit sa position sur la scène
internationale. Quel crédit sera dorénavant accordé à notre pays par nos
partenaires ?
Alors que faire maintenant ?
Et bien s'agissant de François
Hollande, même s'il a constaté l'aboutissement des négociations, on peut
supposer que celui-ci ira au bout de sa logique en rompant le contrat. Reste à
savoir ce que deviendront ces deux navires Mistral (vente, sabordage …) et
surtout pour quel coût.
Mais cette option ne remporte pas
clairement pas mes suffrages. Je crois au contraire qu'il faut tenir nos
engagements et livrer les Mistral à la Russie comme cela était prévu. Par
ailleurs, je crois qu'un vrai dialogue doit être engagé avec la Russie afin de
nouer des partenariats stratégiques dans différents domaines tels que l'énergie
par exemple. Bien qu'une partie de nos alliés soient à l'ouest, cela ne doit
pas nous empêcher de nous tourner vers nos amis de l'est afin de sortir de
cette logique de blocs issue du passé.
Pour en finir sur le sujet, je
tenais à souligner l'incohérence, le paradoxe de la politique
militaro-commerciale de François Hollande. En effet, alors même qu'il refuse de
vendre des navires de guerre à la Russie pour des prétextes fallacieux, la
livraison d'avions Rafale à de grandes démocraties telles que l'Egypte ou le
Qatar ne semble pas lui poser de problèmes de conscience …
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