dimanche 1 novembre 2009

Agriculture : Nicolas Sarkozy écope un bateau qui coule

En ce jour férié, je vous propose un article de Laurent Pinsolle traitant de nos agriculteurs et du sort qui leur est réservé par nos élites.

Avant-hier, le président de la République a annoncé un plan de soutien de plus d’un milliard d’euros à direction des agriculteurs, victimes d’une baisse des prix qui a provoqué une réduction de leurs revenus de 20% cette année. Une réponse conjoncturelle à un problème structurel.
L’abandon de la PAC
Le titre est une reprise du communiqué de presse de Nicolas Dupont-Aignan, qui résume parfaitement la situation de l’agriculture Française et européenne, avec le démantèlement de la PAC. Car la réponse du gouvernement aux problèmes du monde agricole, aussi bienvenue soit-elle, pose deux problèmes majeurs : elle vient bien tardivement pour une profession qui souffre depuis près de deux ans et elle n’est qu’une réponse momentanée à des problèmes durables.
Les agriculteurs le disent eux-mêmes : ils souhaitent seulement pouvoir gagner leur vie décemment avec leur travail et ne sont pas particulièrement heureux d’avoir à demander le soutien financier de l’Etat pour vivre. C’est malheureusement la conséquence logique du démantèlement progressif de la PAC, que nos gouvernements, de droite comme de gauche, ont accepté. Il y a quelques années, il y avait un prix minimum garanti, mais la volonté dérégulatrice de la Commission a emporté ce pilier de la PAC.
Une agriculture abandonnée à l’anarchie marchande
On pourrait dire que les agriculteurs vivent dans un marché, comme toutes les autres entreprises. Mais cela n’est pas le cas. En effet, les prix des autres marchés présentent une certaine inertie protectrice alors que le prix des produits agricoles, dont dépendent les revenus des agriculteurs, sont fixés par le marché, avec tous les aléas que cela représente. Comment aujourd’hui ne pas reconnaître que les prix du marché sont forcément très volatiles et représentent un facteur d’instabilité colossal ?
La logique marchande qu’affrontent les agriculteurs est beaucoup plus violente que celle qu’affrontent l’immense majorité des entreprises privées. Pourtant, leur métier est essentiel à la collectivité. Ce sont eux qui nous permettent de nous nourrir et qui entretiennent une bonne partie du territoire. Qui plus est, leur métier est difficile et extrêmement prenant. C’est pourquoi il est scandaleux de les abandonner aux variations de cours anarchiques des marchés.
Ce que serait une véritable solution
La solution du gouvernement revient à donner un ballon d’oxygène à une personne qui se noie sans chercher à la sortir de l’eau. Cette aide, temporaire, et conditionnée à l’accord de la Commission de Bruxelles, ne règle pas le problème. Que se passera-t-il demain si les prix baissent encore. Faudra-t-il un nouveau plan de soutien ? En outre, une partie de ce plan d’aide consiste en des prêts qu’il faudra bien rembourser un jour et dont on se demande comment cela sera possible.
La seule solution durable consisterait à revenir à un système de prix minimum garanti et de quotas en cas de tensions sur les prix. Malheureusement, ce mode de fonctionnement heurte une Commission dogmatiquement figée sur la « concurrence libre et non faussée ». En outre, si nous persistons dans l’anarchie néolibérale, nous finirons par aboutir à une concentration dangereuse de la production pour la sécurité alimentaire de la planète.
Bien sûr, le gouvernement a bien fait de faire un geste pour les agriculteurs. Malheureusement, ce geste est à la fois trop tardif et limité. Il ne traite pas les causes du problème mais simplement ses symptômes. Cette solution ne sera donc pas durable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire