mercredi 23 juin 2010

"Je veux une république irréprochable" ...

" Je veux changer la pratique de la République. Plus de simplicité, plus d'humilité, plus de proximité. Au fond, je souhaite, si vous me faites confiance, être le président d'une démocratie moderne qui sera exemplaire au regard du monde. Je veux une République irréprochable..."
 
Voici donc les propos tenus par le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy en 2007. Depuis, le candidat est devenu président de la République et ... rien n'a changé ou plus précisément, certaines choses ont changé mais dans le mauvais sens. Il serait évidemment trop long de lister toutes les dérives tant elles sont nombreuses mais certaines me semblent très symptomatiques.
 
Tout d'abord, l'affaire "Jean Sarkozy à l'Epad". A cette occasion, le président a cherché à placer son fils à la tête de cet établissement. Ce même président qui prônait la méritocratie.
Ensuite, on retrouve l'affaire Brice Hortefeux où un ministre régalien est condamné par la justice et reste tout de même en place. Malgré tout, celui-ci a fait appel, ce qui a pour conséquence de suspendre la condamnation.
On peut également ajouter l'affaire du Monde. Ici, Nicolas Sarkozy fait pression, notamment en utilisant le chantage, sur la direction du journal pour favoriser un groupe de repreneurs aux dépends d'un autre. Sarkozy, Berlusconi, même combat ?
De plus, on ne peut oublier les polémiques autour des retraites, indemnités, rémunérations ou autres dépenses des actuels ou ancien ministres (Boutin, Blanc ...).
Enfin, et c'est la controverse du moment, le "Woerthgate" mêle argent, fraude fiscale, femme de ministre, écoutes illégales ... Bref, un sacré pataquès qui risque d'en éclabousser plus d'un.

Alors bien sûr, ces affaires ne sont des exemples particuliers et il en existe bien d'autres. Malgré tout, il est indéniable que nous sommes à des années lumières de la République irréprochable tant souhaitée. En effet, comment peut on parler de l'irréprochabilité d'un régime politique lorsque son dirigeant, ici le président, ne respecte pas la séparation des pouvoirs en mélangeant par exemple l'exécutif et le judiciaire (Clearstream ...) ou l'exécutif et la presse (le Monde ...) ? Comment peut-on parler de République irréprochable alors que les ministres, parlementaires et autres représentants du peuple bénéficient d'avantages illégitimes et démesurés ? Comment peut-on se vouloir exemplaire alors même qu'il existe des liens étroits entre le pouvoir et le monde de l'argent et du business ? Enfin, comment peut-on se présenter comme un modèle aux yeux du monde alors que certains principes démocratiques sont bafoués par le fait du prince ?
 
Malheureusement, et j'en suis le premier désolé, Nicolas Sarkozy nous a trompé une fois de plus. Notre pays a perdu une partie de sa crédibilité au niveau international du fait de ces agissements et de ces polémiques. On ne peut que regretter que l'argent ait pris davantage de place aux dépends de valeurs morales plus nobles. 
Pour autant, et malgré les dires de certains, je pense que la démocratie dans notre pays n'est pas en danger. Bien évidemment, Nicolas Sarkozy gouverne d'une manière parfois "despotique" mais il subsiste heureusement différents contre-pouvoirs (opposition, médias ...) qui doivent jouer pleinement leur rôle.
 
Il est donc clair qu'en l'état actuel des choses, notre république est loin d'être irréprochable. Mais peut-elle l'être réellement ? Je ne le crois pas. Il me semble impossible d'éviter des débordements ou autres dérives, et ce tout simplement parce que l'Homme est ce qu'il est, c'est à dire imparfait avec ses qualités et ses défauts.

En revanche, il est possible et même souhaitable de s'approcher de l'exemplarité. Toutefois, cela nécessite des changements en profondeur dans les systèmes de rémunération, les statuts des élus ... Bref, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Pourtant, j'ai bien peur que les propositions de réforme restent lettre morte tant la place est bonne. Il semblerait donc surprenant que les principaux bénéficiaires renoncent d'eux-mêmes à leurs privilèges ...

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