vendredi 30 juillet 2010

Du tribalisme au communautarisme

Nouvel article en lien avec le livre de Gérard Mermet. Dans celui-ci, l'auteur constate un retour d'une certaine forme de tribalisme. Il s'agit bien évidemment d'un "tribalisme évolué" que l'on nomme aujourd'hui communautarisme.
Durant des décennies voire des siècles et dans le monde entier, l'espèce humaine s'est organisée en tribus. Il s'agissait alors d'individus liés par des liens ancestraux, qu'ils soient familiaux, historiques ... Ce phénomène ancien est notamment illustré par les tribus indiennes d'Amérique ou encore les tribus africaines.
Ces tribus consistaient en des groupes fermés, avec des coutumes particulières, un langage propre et parfois même des rites initiatiques.
 
Peut-on alors parler aujourd'hui de renouveau du tribalisme ?
Oui et non. En réalité, pas vraiment. On utilise d'ailleurs plus le terme "tribalisme" mais "communautarisme". Pour autant, il est possible de considérer que les deux phénomènes sont proches et que l'un n'est que l'évolution, la version moderne de l'autre. Personnellement, je suis plutôt d'accord avec cette thèse, même s'il existe bien évidemment des différences.
 
Il paraît indéniable que depuis quelques années le communautarisme, c'est à dire l'organisation en communautés partageant la même identité culturelle, ethnique ou religieuse, connaît un regain d'intérêt. Malgré tout, et même si ce phénomène est davantage visible ces derniers temps, il ne faut pas oublier que celui-ci a toujours existé dans la mesure où il revient à opérer un regroupement entre personnes ayant des aspirations similaires.
 
Alors bien sûr quand on parle de communautarisme, on pense tout de suite aux cités et autres banlieues. Cela semble naturel tant il en est question dans les médias. De même, on associe fréquemment la religion musulmane à cela. En fait, les adeptes du communautarisme sont souvent présentés comme des populations issues de l'immigration vivants dans des quartiers difficiles et de confession musulmane.
Cette image n'est pas complètement fausse dans la mesure où il est vrai que les quartiers sensibles sont le lieu d'un fort communautarisme où les habitants se coupent, de manière plus ou moins délibérée, du reste de la société, ce qui fait évidemment les affaires des délinquants.
Mais il s'avère que cette représentation est insuffisante. En effet, il existe bien d'autres formes de communautarisme. Je pense notamment aux regroupements d'adeptes d'autres religions qui peuvent également vivre de manière reclue.
 
La conséquence de ce phénomène est le développement de l'entre-soi. Chacun va évoluer au milieu de ses semblables (comme dans une tribu), ce qui conduit ou peut conduire au rejet de l'autre et de la différence. Il s'agit alors d'une négation complète du "melting-pot". En outre, la France tend à devenir un ensemble de communautés vivant les unes en parallèle des autres. En fait, notre pays commence à se britanniser puisque la Grande-Bretagne est le pays communautariste par excellence. A l'inverse, la France est une République une et indivisible où il n'existe qu'une communauté, celle des Français et ce d'où qu'ils viennent. Nous sommes donc confrontés à une opposition entre deux modèles de société distincts.
 
Personnellement, je suis attaché à notre modèle républicain qui me semble être le plus pertinent et le plus respectueux de chacun. Malheureusement, celui-ci est attaqué de toutes parts. Je pense particulièrement à toutes ces associations (CRAN, CRIF, LDH ...) qui attisent les différences et cherchent à diviser les Français.
 
Mais je crois que rien n'est perdu. Il n'est pas trop tard pour inverser la tendance. Pour cela, il me semble nécessaire de favoriser toutes les actions permettant un brassage des populations et le maintien d'une  mixité. Je pense notamment à l'école mais aussi au service militaire. Ce dernier, qu'il faudrait réinstaurer, avait le mérite d'inculquer des valeurs (respect, discipline, solidarité, dépassement de soi ...) à la jeunesse, de faire abstraction des inégalités ou encore de donner un certain nombre de repère à ceux qui en manquaient.
Le monde de l'entreprise doit également constituer un biais dans cet objectif. En effet, la coaptation, en particulier dans les grandes entreprises et pour les postes les plus importants, est une forme de communautarisme puisqu'elle nuit à un renouvellement des élites.
 
La lutte contre le communautarisme est un combat long et difficile. Pour le moment, une bataille a été perdue mais ce n'est pas encore le cas de la guerre. Aussi, l'Etat doit s'engager complètement contre ce phénomène en cherchant à le limiter et non à l'encourager comme le fait si bien Nicolas Sarkozy.

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