lundi 6 mai 2013

Confrontation avec l'Allemagne : plus qu'un droit, un devoir !

Une fois n'est pas coutume, l'européisme béat a une nouvelle fois frappé dos dirigeants politiques. Dernier épisode en date, la fuite dans la presse d'un texte rédigé par le PS dans le cadre de sa future convention sur l'Europe.
 
Tout est ainsi parti d'un document de travail du PS qui s'est "malencontreusement" retrouvé dans les médias. En soi cela n'a rien d'exceptionnel et arrive de manière très fréquente. En revanche, c'est le contenu même de ce document qui pose problème dans la mesure où il se révèle être une charge violente contre Angela Merkel et sa politique : "intransigeance égoïste de la chancelière Merkel", "bras de fer avec la chancelière de l'austérité et les conservateurs européens"
 
UMP et membres du gouvernement se sont alors empressés de réagir à ce non-évènement qui se résume ni plus ni moins à dire ses quatre vérités à la chancelière. Ainsi, la droite a sorti le panzerschreck en blâmant des propos irresponsables et honteux qui remettent en cause le fondement même de l'amitié franco-allemande. Celle-ci a d'ailleurs été rapidement rejointe par plusieurs ministres dont Manuel Valls qui se sont mis à hurler avec les loups.
 
Mais le pire était à venir puisque le PS a également effectué un énième rétropédalage afin de désamorcer un futur conflit en son sein. On voit alors bien que les plaies ouvertes à l'occasion du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel ne sont pas totalement cicatrisées, conduisant sur certains sujets à l'alliance de la carpe et du lapin.
 
Alors quels enseignements tiré de cette affaire ?
D'une part, et même si cela n'est pas nouveau, que le PS manque cruellement de courage politique et que ses responsables, en premier lieu François Hollande, n'hésitent pas à changer d'avis au gré des évènements. Enfin comme on dit, ce n'est pas la girouette qui tourne mais le vent.
 
D'autre part,  et c'est peut-être là le plus important, qu'il est impossible d'émettre la moindre critique sur l'Allemagne. On a ainsi rapidement vu se répandre le terme de "germanophobie", comme si le seul fait d'exprimer un désaccord conduisait à détester l'autre. Les accusations en irresponsabilité faites aux détracteurs de Merkel vont d'ailleurs en ce sens.
Dans notre pays, le seul comportement visiblement toléré par nos dirigeants vis-à-vis de notre voisin semble donc être la complaisance voire même la vassalité. Toute critique, somme toute légitime et fondée, paraît donc impossible au risque d'être vilipendé.
 
Parallèlement à cela, on peut également remarquer que nos bien-pensants invoquent généralement notre Histoire, même de manière déguisée ou indirecte, pour jeter l'anathème sur ceux qui osent contester la suprématie allemande. Or ce n'est pas parce que nous avons connu la guerre avec ce pays par le passé, guerre déclenchée par celui-ci d'ailleurs, que nous devons aujourd'hui nous soumettre à toutes ses volontés. Evoquer sans cesse ce conflit mondial dans ce dossier me semble complètement hors de propos et n'est finalement qu'une manœuvre éhontée pour fuir le débat.
 
Indéniablement nous avons le droit de critiquer l'Allemagne pour la politique économique égoïste qu'elle mène. Evidemment nous avons le droit de contester l'hégémonie de l'Allemagne au niveau européen. Nécessairement nous avons le droit de remettre en cause ce diktat de l'austérité et de la rigueur qui appauvri les peuples d'Europe. Et c'est justement en raison de notre Histoire commune que nous avons le devoir d'être en pointe sur ces sujets. Si ce n'est pas la France qui peut faire entendre raison à l'Allemagne alors il est probable que personne ne le pourra. Et c'est clairement au nom de cette sacro-sainte amitié franco-allemande que nous devons avertir notre allié de l'impasse socio-économique dans laquelle il se dirige.
 
Malheureusement, ce n'est vraisemblablement pas la voie que semble emprunter François Hollande. Bien au contraire puisque celui-ci, malgré ses promesses de "réorientation de l'Europe", s'est inscrit dans les pas de Nicolas Sarkozy en prêtant allégeance à la chancelière et à l'Union Européenne. Et il est assez risible de voir le PS vouloir mener une fronde contre Merkel alors même que ce parti, tout comme l'UMP d'ailleurs, a voté l'ensemble des traités européens ayant conduit à cette situation  et ignorant de fait le Non des Français au référendum de 2005.
 
Comment seulement envisager de changer les choses en refusant tout affrontement direct ? Depuis trop longtemps nous menons une politique timorée vis-à-vis de l'Allemagne qui est mis sur un piédestal alors même que son modèle de développement n'est possible qu'en raison de la structuration des économies des autres nations européennes. Seule l'Allemagne n'est donc rien tant elle est dépendante de ses voisins, en  particulier pour ses exportations.
 
Comme je l'ai exprimé à de maintes reprises, je ne crois pas que le couple franco-allemand, si tant est qu'il existe encore aujourd'hui, soit la seule option viable. Je considère au contraire qu'une autre voie est possible en direction des pays du sud de l'Europe avec qui nous avons davantage en commun. Peut-être faudrait-il alors mettre un terme à cette "germanophilie" à outrance et ouvrir enfin les yeux sur ce qu'est réellement la situation de l'Union Européenne …    

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