mercredi 27 octobre 2010

C'est aussi ça la France !


La mairie de Gonneville-sur-Mer (Calvados) doit renoncer à exposer un portrait du maréchal Pétain dans sa salle de conseil municipal, car cela est contraire à la "neutralité du service public", a jugé mardi le tribunal administratif de Caen, dans une décision relative à une audience du 12 octobre.
«Le principe de neutralité des services publics s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes exprimant des opinions politiques, religieuses ou philosophiques», explique dans un communiqué le tribunal, qui «annule» la décision de la mairie de garder le portrait.
En janvier, Christian Leyrit, alors préfet de la Basse-Normandie, avait demandé au maire de retirer le portrait de la salle de conseil municipal. Le maire (SE) Bernard Hoyé avait répondu par la négative. Le préfet avait alors saisi la justice. Lors de l'audience, le 12 octobre, le rapporteur public Nathalie Tiger avait souligné que l'exposition d'une telle photo était "contraire au principe de neutralité du service public", d'autant que Philippe Pétain "incarne à lui seul l'origine du régime de Vichy et la collaboration" avec l'Allemagne nazie.
Le préfet s'était saisi de l'affaire après avoir été alerté par la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). L'existence du portrait avait été signalée à la Licra par un invité à un mariage, dans cette commune de 600 habitants.
Source : libération.fr
 
Triste nouvelle que celle-ci. Une fois de plus, le politiquement correct l'a emporté sur notre Histoire. Car oui, qu'on le veuille ou non, le maréchal Pétain fait partie intégrante de notre héritage. Le renier est une faute grave consistant en un déni de réalité.
Alors bien sûr, les Français ne sont pas fiers de cette partie de notre Histoire. Cela va de soi. Mais ce n'est pas une raison pour la passer sous silence. Au contraire, je crois qu'il est nécessaire de nous souvenir de cette période où notre pays a collaboré avec l'ennemi pour ne pas oublier et ne pas reproduire les mêmes erreurs.
 
En revanche, se souvenir ne signifie pas faire son mea culpa éternel, ni s'autoflageller ad vitam aeternam. Cette remarque est évidemment valable pour la collaboration avec l'Allemagne nazie mais également pour toutes les périodes plus ou moins sombres de notre Histoire. Je pense notamment à la colonisation, à la traite négrière ou encore à d'autres conflits plus contemporains.
Oui la France a fauté mais ne rejetons pas la faute de nos ancêtres sur les générations actuelles. Cela serait d'autant plus stupide que celles-ci ne peuvent plus rien faire et surtout car elles n'auraient pas forcément agit de la même manière.
 
Clairement, je trouve la décision du tribunal inadaptée et aurait préféré que le portrait reste en place.
Néanmoins, ce qui m'énerve le plus dans cette affaire est le comportement de ces associations droit de l'hommiste. Ici, il s'agit de la Licra mais on peut mettre dans le même sac SOS racisme, le CRAN, le CRIF, la LDH ou encore le Mrap.
Bien que leurs actions soient parfois utiles et légitimes, il apparaît que, la plupart du temps, leurs agissements sont infondés. Pour moi, ces associations transpirent la bien pensance, le politiquement correct. Si j'osais, je dirais que ces dernières sont de puissants lobbies qui favorisent le communautarisme aux dépends de l'unicité et de l'indivisibilité de la République.
 
Aujourd'hui, la France est diverse. C'est un fait. Certains s'en réjouissent, d'autres le regrettent. Cela de date pas d'hier. Toutefois, il apparaît qu'aujourd'hui le vivre ensemble est menacé. Tant en France qu'en Europe. On le voit d'ailleurs très bien en Allemagne où Angela Merkel a récemment remis en cause la politique du "multikulti".
Je crois bien que cette question se posera à tous les pays dans les prochaines années. C'est pourquoi il me semble urgent de réfléchir dès maintenant au modèle de société dont nous voulons pour nos enfants ...

samedi 23 octobre 2010

Transparence en politique : une utopie ?

Même aux États-Unis, c'est du jamais vu ! Meg Whitman, l'ex-patronne d'eBay qui brigue le poste de gouverneur de Californie, a dépensé 142 millions de dollars de sa fortune personnelle pour sa campagne. Et ce n'est pas fini, car les élections ne se tiendront que le 2 novembre. Son adversaire démocrate, Jerry Brown, n'a déboursé, lui, qu'une pauvre dizaine de millions.
C'est devenu une habitude. Chaque élection américaine établit un nouveau record de dépenses. Mais jusqu'ici au moins, on savait à peu près d'où venaient les fonds. Pas cette année. La grande nouveauté de ces élections, ce sont les énormes sommes qui viennent de donateurs anonymes. En janvier, la Cour suprême a statué que les entreprises, les syndicats et tous les groupes d'intérêt avaient le droit de verser des contributions politiques d'un montant illimité, sans dévoiler l'identité des donateurs. Résultat, toutes sortes de milliardaires, magnats du pétrole, patrons du BTP et autres gros industriels se sont mis à financer une multitude de groupes d'intérêt.
Source : lepoint.fr
 
Deux éléments ont attiré mon attention dans cet article du point. Le premier concerne bien évidemment la démesure des sommes en jeu. Il s'agit là d'une spécificité américaine dont nous sommes, heureusement, épargnés. Ce qui me choque le plus dans cette histoire est que cette femme dépense des millions uniquement pour une élection. Il me semble bien que le caractère politique est mis de côté tant on insiste sur l'aspect marketing. La personnalité est ainsi présentée comme un produit qu'il faut vendre aux électeurs. 
Pour le moment, ce phénomène est limité de notre côté de l'Atlantique mais celui-ci tend à se développer, transformant la politique en peoplitique. 
 
Le second élément est relatif à l'anonymat des donateurs. A cette occasion, je crois qu'il faut distinguer les "donateurs particuliers" des "donateurs institutionnels". Ainsi, il ne me semble pas anormal d'accorder un traitement différent selon qu'il s'agisse d'un ménage ou d'une entreprise. En effet, on peut comprendre qu'un individu ne souhaite pas voir divulguer sur la place publique le fait qu'il fasse des dons à telle ou telle formation politique dans la mesure où cela pourrait lui être préjudiciable, notamment au niveau professionnel.
En revanche, il me semble impératif que les citoyens sachent, ou tout du moins puissent savoir, qu'une entreprise finance un parti. Cela se justifie simplement pour des raisons de transparence afin de prévenir d'éventuels conflits d'intérêts ou de quelconques régimes de faveur.
 
La transparence. Une notion utilisée à toutes les sauces dans les discours mais peu mise en pratique dans les actes. Chacun souhaite son respect mais personne ne veut se l'appliquer. La transparence fait peur car elle oblige à une certaine rigueur et surtout à une application sans faille des règles, ce qui reconnaissons-le n'est pas forcément le fort de l'intégralité de notre classe politique. On voit d'ailleurs tout le mal que connaît René Dosière (député PS de la 1ère circonscription de l'Aisne) afin d'obtenir des données et  informations fiables sur les dépenses publiques.
 
Même si la France rencontre quelques difficultés en ce domaine, il apparaît que d'autres pays se distinguent par leur bonne conduite. Je pense notamment à la Suède qui, en la matière, est à des années lumière de notre nation. En effet, dans cet Etat nordique, les personnalités politiques (ministres, députés ...) ont un train de vie que l'on jugerait ici inadapté. Ainsi, leurs salaires sont moindre et il est inconcevable que ceux-ci puissent bénéficier d'un logement de fonction, d'un véhicule avec chauffeur ou qu'ils utilisent l'argent du contribuable à des fins privées ou non justifiées par leur fonction. D'ailleurs, les dépenses de chacun d'entre eux, et notamment leurs notes de frais, sont tenues à disposition de tout citoyen qui peut y avoir librement accès.
 
Pour en arriver là, la France a du chemin à parcourir. Cela ne se fera pas un jour mais il me semble nécessaire d'agir dès maintenant pour aller dans le sens de plus de transparence. Celle-ci permettra de renforcer notre démocratie mais également de contribuer à réduire les dépenses publiques en responsabilisant nos responsables politiques.
Cette transparence doit bien évidemment être appliquée au sommet de l'Etat mais pas seulement. Chaque échelon de notre organisation territoriale, chaque responsable politique et plus largement toute entité ayant recours à des fonds publics doit être capable de rendre des comptes devant les citoyens.
Cela doit également être le cas des partis, mouvements et autres formations politiques dans la mesure où ils bénéficient de l'argent des contribuables. Cela est d'autant plus important que l'on a vu durant l'été, avec l'affaire Woerth-Bettencourt, que le financement des campagnes électorales est parfois très opaque ...

samedi 9 octobre 2010

Pour en finir avec la dette et les déficits

Dimanche dernier, le magazine capital (M6) consacrait un reportage à l'Agence France Trésor. Cette agence, créée en 2001et rattachée à Direction générale du Trésor et de la Politique économique (DGTPE), a trois missions principales :
- établir la prévision quotidienne la plus précise possible des flux d'entrée et de sortie de trésorerie
- placer les éventuels excédents aux meilleures conditions
- emprunter les ressources nécessaires au meilleur coût
 
Etant en plein dans la période d'élaboration du budget 2011, le reportage a évidemment insisté sur cette dernière mission. Il était ainsi expliqué comment la France faisait pour emprunter des milliards sur les marchés financiers. En effet et depuis quelques décennies maintenant, notre pays est devenu un agent économique lambda qui finance ses investissements (et même ses dépenses de fonctionnement) par l'emprunt.
 
Mais remontons quelque peu le temps pour mieux comprendre.
Tout a commencé par la loi du 4 janvier 1973 qui réforme les statuts de la Banque de France. L'article 25 de cette loi stipule que "le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France". Concrètement, cela revient à dire que la France ne peut plus se financer auprès de sa banque centrale et qu'elle doit dorénavant emprunter sur les marchés, en payant évidemment des intérêts.
Par la suite, le traité de Maastricht reprendra dans son article 104 la même logique : "Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées "banques centrales nationales", d'accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite."
Et finalement, cet article sera repris par le traité de Lisbonne à l'article 123.
 
Bon mais alors, qu'est-ce que ca change pour nous ? Et bien je dirais tout. Et c'est là le début de nos problèmes. En effet, avant cette date, la France avait le pouvoir de créer la monnaie par le biais de sa banque centrale. Depuis 1973, notre pays a perdu ce privilège qui s'est vu alloué aux banques privées. Pour simplifier, avant 1973, la Banque de France pouvait prêter de l'argent au Trésor Public à taux faible voire nul. Depuis, cela n'est plus possible et la France doit emprunter de l'argent, par le biais de l'Agence France Trésor, sur les marchés financiers à diverses structures (banques, fonds de pensions ...) contre intérêts.
 
Les conséquences de ce changement sont immenses. De fait, l'Etat français paye chaque année des milliards d'euros d'intérêts qui pourrait être utilisés à meilleur escient (Éducation, recherche ...). En outre, le pays reste à la merci de ces marchés. L'exemple de la Grèce est flagrant puisque l'on a vu que les taux d'intérêts peuvent rapidement augmenter, ce qui peut conduire à l'asphyxie. Enfin, il apparaît que parfois, comme c'est le cas avec la réforme des retraites, les politiques nationales sont utilisées comme un signal à destination des agences de notation qui font la pluie et le beau temps sur les places financières.
 
Comme vous l'aurez sûrement compris, je ne cautionne pas du tout le système actuel. Je considère que les Etats ne sont pas des agents économiques comme les autres. En effet, de par leurs investissements, leurs actions dans le domaine social ... les Etats contribuent au bon fonctionnement de la société et aux bénéfices des entreprises. Je trouve donc anormal que ceux-ci soit doublement perdants, une première fois en payant des intérêts aux banques et une seconde fois en aidant ces mêmes banques.
 
Alors que faire ? C'est à la fois très simple et très compliqué. Effectivement, il suffit de revenir sur la loi de 1973 et l'article 123 du traité de Lisbonne afin de retrouver un financement par la Banque de France. En pratique, cela est nettement plus compliqué car nous sommes pieds et poings liés par nos engagements européens.
Cela pose donc une fois de plus la question de cette Union Européenne qui va à l'encontre des intérêts nationaux. Car dans cette histoire, nous ne sommes pas les seuls pénalisés puisque toutes les nations engagées dans ce système connaissent aujourd'hui des problèmes de déficit et d'endettement.
 
Le 28 octobre 1966, Charles de Gaulle disait : "La politique de la France ne se fait pas à la corbeille".
Tachons de nous souvenir de cette phrase afin de trouver le courage de nous réapproprier notre souveraineté monétaire.

samedi 2 octobre 2010

Gouvernement fantôme, une solution pour l'opposition ?

Le week-end dernier, à l'occasion des universités de rentrée du Modem, François Bayrou a officiellement intronisé son gouvernement fantôme ou shadow cabinet en anglais. Sa composition est disponible sur le site officiel du parti.
 
Bien que la pratique ne soit pas courante en France, le Modem n'est pas le premier à se lancer dans cette entreprise. En effet, plusieurs contre-gouvernement ont vu le jour dans l'histoire de la cinquième République. Le premier a été instauré par François Mitterrand suite à l'élection de Charles de Gaulle à la présidentielle de 1965. La seconde expérience a été menée par Michèle Alliot-Marie et le RPR à partir de 2000. Enfin, plus récemment, les socialistes, par le biais de Jean-Marc Ayrault (président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche à l'Assemblée nationale), ont à nouveau tenté leur chance en réponse à l'élection de Nicolas Sarkozy.
Malgré tout, il s'avère que toutes ces tentatives ont échoué et n'ont pas réussi à s'inscrire dans la durée. Il sera donc intéressant de voir si le Modem réussira là où les autres formations politiques ont chuté.
 
Mais de quoi parle-t-on réellement lorsqu'il est question de gouvernement/cabinet fantôme ?
Cette pratique, peu en vue chez nous, est en revanche très utilisée dans les Etats dont la démocratie parlementaire fonctionne sous le système de Westminster. C'est notamment le cas des nations membres du Commonwealth avec en particulier l'Australie ou bien évidemment le Royaume-Uni.
Concrètement, le cabinet fantôme est un gouvernement virtuel formé par l'opposition. L'objectif est que les ministres de ce contre-gouvernement fassent des propositions et proposent une alternative à la politique menée dans le pays. En outre,  les membres du cabinet fantôme sont censés devenir ministres du nouveau gouvernement en cas de victoire de l'opposition. Toutefois, cela n'est pas toujours le cas du fait des alliances et autres arrangements politiques.
En somme, cette pratique vise à structurer l'opposition et à organiser l'élaboration d'alternatives.
 
Comme nous l'avons vu, la plupart des tentatives de mise en place d'un tel gouvernement virtuel en France ont échoué. Il serait intéressant de savoir pourquoi les choses n'ont pas marché afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Les raisons peuvent être multiples mais on peut penser que l'une d'elles est le fait d'être inaudible en raison du fossé culturel qui existe entre cette pratique et nos traditions. En effet, je crois que la France conserve, en raison de son Histoire, une certaine tendance au culte du chef et à l'attente de l'homme providentiel. Aussi, la multiplication des protes-paroles peut tendre à "perturber" les Français ou tout du moins à les déstabiliser. En outre, il ne serait pas étonnant qu'une histoire d'égos ait contribué à ces échecs.
 
Quelles qu'en soient les causes, ces revers me semblent préjudiciables. Effectivement, je crois que l'opposition (au sens large, c'est à dire non seulement le PS mais aussi tous les partis, de gauche et de droite, qui s'élèvent contre le gouvernement en place) aurait grandement à gagner en constituant un gouvernement virtuel. Cela permettrait de passer d'une opposition stérile consistant uniquement à critiquer à une opposition constructive visant à faire des propositions et à élaborer une réelle alternative.
Alors bien sûr, la constitution d'un cabinet fantôme est plus facile pour les grands partis type PS dans la mesure où ils bénéficient de davantage de moyens, tant humains que financiers ou encore médiatiques. Néanmoins, ce type d'opposition peut constituer une chance pour les petites formations dans le sens où cela leur permettrait de gagner en crédibilité et en notoriété.
 
Espérons donc que la démarche initiée récemment par le Modem soit un succès. Il en va de la démocratie tout autant que de la légitimité de l'opposition dans notre pays.

lundi 27 septembre 2010

Police à bout, justice trop couard !

Dans le magazine Marianne de la semaine dernière (n° 700, du 18 au 24 septembre), une enquête était consacrée au malaise régnant au sein des forces de l'ordre. La parole était ainsi donnée à ces policiers et gendarmes dont on parle tant mais si peu à la fois. Ces derniers ont ainsi pu exprimer leur ras le bol.
Ce dossier, organisé sous forme de "chapitres" aborde différents thèmes dont certains sont au coeur des débats. Pour plus de praticité, je reprendrai la même articulation que celle utilisée par les journalistes. 

I. La peur
"La peur doit changer de camp". Cette phrase, prononcée maintes fois par les politiques, me semble symptomatique de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement.
Pour beaucoup de citoyens, la peur du gendarme reste d'actualité et la seule vue de l'uniforme suffit à installer une certaine tension. Pourtant, pour d'autres, les forces de l'ordre ne représentent rien, ou tout du moins rien de plus qu'un ennemi. Les faits divers de ces dernières années illustrant à merveille ce phénomène. Les délinquants n'hésitant plus à tendre des embuscades à la police, les accueillant avec des pierres ou même des armes à feux.
Chaque intervention, même la plus anodine, représente alors un risque. Cette nouvelle génération n'a plus de respect pour ces hommes et ces femmes qui doivent dorénavant assurer leur propre sécurité avant celle de leurs concitoyens qui, rappelons-le, constitue le coeur de leur métier.
Plus grave encore, on assiste de plus en plus à "une véritable chasse aux poulets" puisque les policiers sont parfois attaqués alors même qu'ils ne sont pas en service.
 
II. La misère
Lorsque l'on parle de l'Education nationale, il est souvent question de moyens, tant humains (profs, surveillants ...) que financiers. Cela est moins le cas, tout du moins dans les médias de masse, lorsqu'il s'agit de la police. Pourtant, les moyens font, ici aussi, cruellement défaut. Les véhicules sont ainsi généralement (très) vieux, les locaux vétustes et les moyens informatiques archaïques. Il existe évidemment des exceptions mais la majorité des commissariats sont insuffisamment équipés. Comment alors espérer mener à bien des investigations dans ces conditions ? 

III. Les effectifs en baisse
Pas un ministère n'échappe à la fameuse RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques). Celui ne l'Intérieur ne déroge évidemment pas à la règle. Lutte contre le déficit oblige, les effectifs de police et de gendarmerie diminuent. Un départ à la retraite sur deux n'est pas remplacé et les créations de poste sont limitées. Les conséquences sont rapides puisque plusieurs milliers de postes sont déjà supprimés chaque année. D'ailleurs, certaines personnes entrées à l'école de police se sont retrouvées sans affectation à leur sortie. Heureusement, la situation semble s'être arrangée depuis.

IV. La politique du chiffre
Nouvelle lubie pour nos dirigeants, montrer que les politiques sécuritaires menées portent leurs fruits. Quoi de mieux pour cela que de présenter de flatteuses statistiques ? Malheureusement, le travail d'investigation est un travail de fourmi souvent long et minutieux dont les effets ne sont pas forcément visibles à court terme. Efficace donc mais pas assez rapide. A l'inverse, les infractions routières, même si le préjudice est moindre, sont légions et faciles à réprimer.
Outre l'effet sur les statistiques, sanctionner les largesses avec le code de la route permet de remplir les caisses de l'Etat qui, n'oublions pas, "sont vides".
 
V. Les zones de non-droit
Réalité ou fantasme ? Telle est la question. En fait, la nuance est de rigueur pour répondre. Il est clair que les forces de l'ordre peuvent rentrer dans toutes les cités de France. Pourtant, la tâche n'est pas aisée dans certains quartiers où il serait suicidaire de s'aventurer avec une simple voiture de patrouille. La moindre petite perquisition nécessite alors l'envoi de dizaines d'hommes lourdement armés.
 
VI. Les chefs
Selon les témoignages lus dans Marianne, il semblerait que les "flics de base" soient de plus en plus lâchés par leur hiérarchie. Ces derniers, devant eux-mêmes rendre des comptes à leur patron, inciteraient donc à faire du chiffre pour avoir de bonnes évaluations et obtenir ainsi une promotion. De même, ces chefs seraient encouragés à ne pas faire de vagues pour ne pas risquer de déclencher des émeutes comme en 2005. De là à penser que les cités ont été abandonnés volontairement pour acheter une hypothétique paix sociale, il n'y a qu'un pas que certains policiers ont allégrement franchis.
 
VII. Les juges
Si l'incompréhension existe entre la police et la population, il semble que le torchon soit à la limite de brûler avec la justice. Dernier exemple en date, la libération sous contrôle judiciaire du second braqueur présumé du casino d'Uriage, braquage qui avait débouché sur des affrontements à Grenoble. L'homme qui avait donné tant de mal à la police a donc été relâché en quelques minutes par un juge des libertés et de la détention.
Ce cas n'est qu'un exemple mais il est fréquent d'entendre qu'un délinquant arrêté la veille est déjà en liberté le lendemain. D'ailleurs, on s'aperçoit que le nombre de délinquants multirécidivistes est loin d'être nul. Le fossé tend donc à se creuser entre une justice accusée de laxisme et des forces de l'ordre parfois impuissantes face à l'étendue de leur tâche.

VIII. La police de proximité
Instaurée par le gouvernement Jospin en 1999 et supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003, la police de proximité est au coeur de l'actualité. Jugée inefficace par les uns (la police n'est pas faite pour jouer au foot avec, les jeunes), indispensable par les autres, elle revient tout de même sous une autre forme (uteq, unité territoriale de quartier) en 2008.
Il semblerait que sa disparition ait contribué à favoriser l'écart avec la population. On est alors passé d'une présence quotidienne à une intervention ponctuelle de la police.

IX. Nicolas Sarkozy
L'ancien ministre de l'Intérieur se pose comme le Monsieur sécurité de ces dernières années. Quoi qu'on en pense, il restera un des ministres de l'Intérieur le plus singulier des gouvernements passés. En charge de la sécurité des Français depuis 2002, Nicolas Sarkozy a rencontré un certain succès de par son volontarisme et son énergie. Malgré tout, en prenant un peu de recul, il s'avère que son bilan est peu réjouissant. Il est indéniable que Sarkozy est un beau parleur mais il l'est tout autant que les actes ne sont pas à la hauteur. La délinquance n'a pas forcément diminué et tend même à croitre, notamment en réaction à ses diverses provocations (Karcher ...).
Au final, que nous apprend cette enquête de Marianne ? Rien que nous ne savions déjà, si ce n'est que cette fois ce sont les principaux concernés qui expriment un ras-le-bol souvent porté par les politiques. La sécurité est le péché mignon de Sarkozy. D'ailleurs, il y revient fréquemment lorsque les choses commencent à lui échapper.
 
Aujourd'hui pourtant, le divorce est consommé entre le pouvoir et les forces de l'ordre. Il est donc grand temps d'arrêter les promesses et les belles paroles et de passer réellement à l'action avant qu'il ne soit trop tard. Pour cela, diverses solutions sont possibles.
La première concerne l'aspect financier. Il faut cesser immédiatement les suppressions de poste et, à l'inverse augmenter considérablement les effectifs. Dans le même ordre d'idée, des efforts budgétaires doivent être consentis afin de moderniser les locaux et équipements des commissariats et gendarmeries.
Un deuxième point devrait être la réhabilitation de la police de la proximité. Celle-ci permet de réaliser un travail de fond (renseignement, connaissance des lieux ...) par un contact quotidien avec la population sur le terrain.
Le troisième élément est relatif à la Justice. Des moyens supplémentaires sont évidemment nécessaires mais il convient également d'agir pour préserver son indépendance, tant des milieux économiques que politiques. En outre, un peu plus de sévérité, surtout en cas de récidive, ne me semble pas être inutile.
 
Alors bien sûr il n'existe pas de solution miracle pour endiguer la délinquance. Malgré tout, des efforts peuvent être faits à l'égard des forces de l'ordre. Bien qu'insuffisant, ce sera un premier pas non négligeable. En parallèle, il faudra également mobiliser l'ensemble de la société, au travers notamment de l'éducation tant scolaire que parentale. Car, je persiste à penser que l'on ne naît pas délinquant mais qu'on le devient. C'est donc durant l'enfance et l'adolescence que l'Etat doit intervenir pour remettre les brebis égarées dans le droit chemin ...

jeudi 23 septembre 2010

Union Européenne : géant économique, nain politique

En ce moment, l'Union Européenne est au coeur des débats, tant dans les médias que sur le net. C'est tout particulièrement le cas dans la blogosphère avec notamment des articles de Malakine, Laurent Pinsolle ou encore Yann. J'ai moi-même, et ce à plusieurs reprises, écrit sur ce thème tant il prête à commentaires. Le dernier en date ayant trait à la sortie médiatique de Viviane Reding sur les Roms.
 
Nouvel article donc sur l'Union Européenne inspiré par la formule suivante : "l'UE, un géant économique mais un nain politique".
Je passerai rapidement sur le côté économique en citant néanmoins quelques chiffres. Incontestablement, l'UE est la première puissance commerciale, même en faisant abstraction des échanges intracommunautaires. Celle-ci représente également le premier PIB mondial avec 16 390 milliards de dollars en 2009 contre 14 266 milliards pour les Etats-Unis (source : wikipédia).
Son poids économique est donc très important dans un monde globalisé tel que le notre. Pour autant, l'économie n'est pas tout et l'aspect politique n'est pas à négliger. C'est d'ailleurs ce point là qui fait actuellement défaut, ce que certains regrettent profondément.
 
Aujourd'hui, deux camps ayant des visions antagonistes s'affrontent : les fédéralistes contre les souverainistes (même si certains refusent ce qualificatif).
Pour simplifier, on voit s'opposer d'une part les partisans des Etats Unis d'Europe qui conduirait à davantage d'intégration européenne (budget, diplomatie ...) pour déboucher éventuellement à terme sur une seule nation européenne. On trouve d'autre part les défenseurs d'une confédération de nations où les Etats exerceraient de manière pleine et entière leur souveraineté dans tous les domaines et notamment ceux où ils ne le peuvent actuellement (politique monétaire, création de monnaie ...), tout en mettant en place des coopérations sur la base de traités internationaux lorsque cela est nécessaire (recherche, aérospatiale ...).
On trouve bien évidemment, entre ces deux extrémités, tout un panel de positions intermédiaires.
 
Cela n'est probablement pas un secret pour ceux qui me lisent régulièrement car j'ai déjà, par le passé, pris position sur le sujet mais je place dans la seconde catégorie. Alors évidemment, je passe souvent pour un anti-européen mais, pour être honnête, ce n'est pas le cas. Je ne suis pas hostile par principe à l'Europe en tant que telle mais en revanche, je ne porte pas dans mon coeur cette Europe supranationale. Je crois, en effet, que cette union, dans sa forme actuelle, n'est pas la meilleure solution pour notre pays. Je ne dis pas que l'UE a uniquement des défauts mais plutôt que les inconvénients qu'elle présente sont fortement pénalisants.
 
Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, c'est à dire le poids politique de l'UE.
Personne aujourd'hui ne saurait contester le fait que le poids de celle-ci est minime voire inexistant. Effectivement, il est indéniable que l'UE est un nain politique sur la scène internationale. Celle-ci ne dispose pas d'institutions stables et puissantes (et le traité de Lisbonne n'a pas arrangé les choses puisqu'il a multiplié les "représentants européens" : Barroso, Van Rompuy ...), n'a pas de diplomatie commune (bien que Catherine Ashton soit censée l'incarner) et manque d'objectifs communs forts.
 
Ces faiblesses s'expliquent de différentes manières. En voici quelques unes.
La première a trait à la diversité des Etats-membres. Diversité de langues, de niveaux de développement, de cultures ... Cette très grande hétérogénéité constitue un handicap majeur qui conduit à des consensus mous ou des compromis contre-productifs. Cela a été d'autant plus renforcé que l'élargissement de l'UE s'est fait de manière beaucoup trop rapide et trop importante.
Le deuxième élément concerne la persistance des nations. De fait, les peuples restent profondément attachés à leur pays et ne souhaitent ainsi pas une dilution des spécificités qui sont les leurs dans un grand ensemble.
Une troisième raison que l'on peut avancer est le manque cruel de démocratie au sein de cette entité. Je pense notamment aux résultats des référendums en 2005 qui ont tout simplement été ignorés. Mais on peut aussi parler des membres de la Commission qui sont nommés, ce qui pose la question de leur légitimité. Ces derniers sont d'ailleurs souvent à contre-courant de l'opinion publique (cf le cas des Roms), ce qui n'est pas surprenant tant le fossé entre les peuples et les élites est grand.
 
Au final, il apparaît clairement que la situation n'est pas près de s'améliorer si l'on continue sur cette voie. Le traité de Lisbonne, tant vanté et imposé par la plupart des gouvernements européens, ne devait-il pas être la solution miracle qui réglerait tout les problèmes de cette union ? Peut-être mais pour le moment ses effets ne sont pas forcément très visibles et le remède semble pire que le mal.
 
Quelles perspectives alors ? Quatre me semblent envisageables :
- le statu-quo. Rien ne change et on continue comme cela jusqu'à ce que la situation devienne explosive.
- la transformation de l'UE. Ce ne sera pas chose aisée mais on pourrait imaginer que les traités européens soient renégociés avec l'ensemble des Etats-membres.
- la sortie de l'UE. L'article 50 du traité de Lisbonne le prévoyant, la France pourrait tout à fait sortir de l'UE. Cette possibilité peut faire peur car on pourrait croire à un isolement du pays. Mais rappelons que, par exemple, la Suisse et la Norvège ne sont pas dans l'UE et collaborent avec cette dernière par le biais d'accords bilatéraux.
- la sortie de l'UE à plusieurs et l'ébauche d'une alternative. Même scénario que précédemment mais la sortie se ferait à plusieurs (je pense notamment aux pays du bassin méditerranéen) afin d'aboutir à la création d'une union latine regroupant la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Grèce.
 
Quelle que soit la solution choisie, il est clair que sa mise en oeuvre sera longue et probablement douloureuse. Personnellement, je privilégierais le dialogue afin d'essayer de remettre l'Europe sur les rails. Pour autant, je crois être réaliste en affirmant qu'un échec en sera très certainement le résultat.
N'étant pas partisan du statu-quo, tout du moins sur le long terme, il semblerait que l'option d'une sortie de l'UE doive être sérieusement envisagée. Cela nécessite évidemment de réfléchir aux conditions de notre retrait mais aussi à notre devenir après celle-ci. Certains politiciens et économistes ont déjà commencé le travail. Il me semble donc souhaitable de les encourager dans leur entreprise afin qu'un projet soit prochainement soumis aux Français, qui devront s'exprimer, en dernier ressort, sur leur adhésion ou non à ce dernier.

mercredi 15 septembre 2010

Merci Mme Reding

Décidément, je ne pensais pas tant être dans le vrai lorsque j'ai rédigé mes derniers articles. Or, il s'avère que mes prises de position dans mon billet sur les Roms et dans celui sur la loi de Godwin sont aujourd'hui confirmées par Mme Reding.
 
Mais qui est cette dame me direz-vous ? Et bien il s'agit de la commissaire européenne à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Celle-ci a condamné la politique menée à l'égard des Roms et a menacé la France poursuites en justice pour non respect de la législation de l'UE.
 
Ce n'est évidemment pas la première fois que Bruxelles s'insurge mais la sortie médiatique de Mme Reding est considérée comme un dérapage verbal. Voici ses propos :  "J'ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un État membre (de l'UE) juste parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Deuxième Guerre mondiale"
 
Comme je l'avais dénoncé dans les articles cités plus haut, nous voyons ici un organisme non élu, bureaucratique et illégitime se mêler de nos affaires, allant même jusqu'à nous menacer. En outre, on soulignera le tact et la finesse du discours qui aboutit à une comparaison douteuse de mauvais goût.
 
Cette histoire, qui est une nouvelle atteinte à l'image de notre pays, a au moins le mérite de montrer l'énorme décalage qui existe entre la Commission européenne et les peuples européens. En effet, le cas des Roms n'est qu'une des conséquences de cette europe (ultra) libérale tant au niveau économique que politique.
 
Pour autant, la situation devient de plus en plus intenable pour un grand nombre d'Etats-membres. Aux vues de la crise et des évolutions démographiques, sociologiques ... de ces dernières années, il semble difficile de conserver le même cap. Un cap qui vise notamment la concurrence libre et non faussé dans tous les pans de l'économie, la libre circulation des Hommes et des capitaux et la suprématie du marché.
 
Pendant que la plupart de nos dirigeants courbent l'échine devant Bruxelles, d'autres s'élèvent pour la défense de notre souveraineté et contre ces instances supranationales. Le combat s'annonce long et difficile mais rien n'est perdu dans la mesure où une partie des Français tend à se rallier aux thèses "souverainistes". Effectivement, un nombre croissant de personnes se rendent compte que l'europe, dans sa forme actuelle, est à la fois un leurre et une voie sans issue qui nous pénalise davantage qu'elle ne sert nos intérêts.
 
Un retour à la nation semble donc de plus en plus inéluctable puisque c'est uniquement dans ce cadre qu'il sera possible de sortir le pays du marasme dans lequel il stagne depuis des années. Le changement sera certes abrupt mais néanmoins salutaire. Plusieurs pistes sont d'ores et déjà avancées par différents acteurs qui appellent de leurs voeux cette transformation (Jacques Sapir, Nicolas Dupont-Aignan, Emmanuel Todd ...). Il s'agit notamment de la création de l'Europe des nations voire de la sortie complète de l'UE, de la réhabilitation de l'émission de monnaie par un retour progressif au franc et l'instauration d'une monnaie commune ou encore de la mise en place de mesures protectionnistes.
 
Evidemment, dit comme cela ces idées peuvent rebuter voire effrayer tant elles constituent un réel bouleversement. Malgré tout, il convient de laisser de côté les éventuels a priori et autres préjugés afin de s'intéresser réellement au fond des choses.
Les gouvernements successifs de ces dernières décennies ont traité les conséquences de nos problèmes sans s'attaquer véritablement aux causes. C'est ce que proposent de faire ces politiques et économistes qui, plus que l'alternance, offrent une alternative au pouvoir en place.