lundi 15 mars 2010

Et le vainqueur d'étape est ...

Comme on pouvait s'y attendre, le parti des abstentionnistes remporte cette élection avec plus de 53,64 %. Bien que les élections régionales constituent un scrutin local, il paraît impossible de penser que les enjeux nationaux ne se sont pas invités dans la campagne.
Quoi qu'il en soit, certaines remarques observations peuvent être réalisées à l'issue de ce premier tour. Comme je l'avais déjà fait pour les européennes, je vais essayer d'analyser les résultats des différentes formations politiques en me basant sur les scores au niveau national.

- l'abstention : Sans grande surprise, le taux d'abstention est une fois de plus très élevé. Il s'agit là d'un record pour ce scrutin régional mais il y a fort à parier que ce record ne tiendra pas longtemps vu la diminution constante de la participation. Si l'on cherche à disséquer quelque peu cette abstention, il apparaît qu'elle est constituée de plusieurs composantes. On y retrouve ainsi des personnes qui n'ont jamais voté et ne voteront jamais. De plus, certaines personnes s'abstiennent car elles n'ont plus confiance, n'accordent plus de crédit aux politiques. Enfin, certains s'expriment par l'abstention, manifestant leur rejet des sortants, du gouvernement mais aussi des listes se présentant comme une alternative. En outre, une autre explication possible est la méconnaissance (et le désintérêt) des citoyens pour l'échelon régional.

- le Parti Socialiste : Arrivé en tête, le PS retrouve une seconde vie après l'échec des européennes.  Avec près de 30 %, le PS s'impose contre la première force à gauche. Malgré une campagne parfois indigne (les cas Georges Frêche et Ali Soumaré), un retour aux valeurs de gauche a permis de séduire à nouveau les électeurs. On peut toutefois penser que le PS a bénéficié de la prime au sortant, les présidents de région présentant un bilan plutôt positif, mais aussi de la volonté de redonner du poids à l'opposition afin de contrer davantage l'action du gouvernement.

- l'Union pour un Mouvement Populaire : Avec environ 26 %, l'UMP reste dans la partie et finit même en première position dans certaines régions (dont Rhône Alpes et l'Ile de France). Sa stratégie d'union dès le premier tour explique notamment ces résultats. Malgré tout, les scores sont plutôt faibles et trahissent, quoi qu'en pensent les dirigeants du parti, un certain rejet de la politique de Nicolas Sarkozy.

- Europe Ecologie : Certains prédisaient un effondrement suite à la bonne performance des élections européennes. Mais il n'en est rien. On constate toutefois un repli de 4 points (de 16,38 à 12,18 %) par rapport au scrutin de juin dernier, celui-ci ayant probablement profité au PS. Ce résultat positionne donc Europe Ecologie comme la troisième force politique. Ce rassemblement constitue une excellente opération pour les Verts qui n'avaient jamais réalisé de si bons scores. Reste maintenant à voir si le mouvement arrivera à se maintenir durablement ou si le déclin n'en est qu'à son début.

- Le Front National : Ces élections marqueraient-elles un retour durable du FN ? Cela est possible car avec 11,42 %, on constate une augmentation par rapport aux derniers scrutins. Comme d'habitude, les sondages ont sous-estimé cette poussée. Mais ce n'est pas étonnant dans la mesure où la plupart de ces électeurs restent discrets. En revanche, il apparaît clairement que l'électorat frontiste est assez fidèle et a préféré cette fois ci l'original à la copie. Ce score peut également s'expliquer par l'expression par une partie des électeurs d'un vote de contestation. Cela est notamment à rapprocher du recul du NPA.

- Le Front de Gauche : Même si le score reste modeste (environ 6 %), il s'agit d'une victoire du Front de Gauche. En effet, celui-ci améliore ses résultats par rapport aux européennes alors qu'il s'agit d'un mouvement naissant. Le pari de reconduire le front en rassemblant la gauche et de lancer des listes autonomes au premier tour s'avère donc payant. De plus, le Front de Gauche se pose comme une alternative crédible à gauche, s'appuyant sur les bases du Parti Communiste et le charisme de Jean-Luc Mélenchon.

- le Modem : Nouveau coup d'arrêt pour le modem qui réalise un très mauvais score (4,20 %). Pour la seconde fois, le parti centriste paye le prix de la stratégie de son leader. Effectivement, je suis convaincu que la création d'un nouveau parti suite aux présidentielles de 2007 est une erreur puisque cela a conduit à la rupture avec les élus UDF et le centre droit. Ainsi, Bayrou a cherché à courtiser l'électorat de gauche pour survivre mais en vain car les électeurs lui ont préféré soit le PS, soit Europe Ecologie.
Il est donc impératif que les cadres du parti mettent au point une nouvelle stratégie afin de sauver ce qui peut l'être. Un nouvel échec reviendrait à handicaper fortement le leader Béarnais en vue des prochaines élections présidentielles de 2012.

- L'extrême gauche : Une fois n'est pas coutume, Lutte Ouvrière confirme son insignifiance avec environ 1 %. De même, le NPA, avec moins de 3 %, s'effondre en raison notamment de son refus d'alliance avec le Front de Gauche. La fin de l'extrême gauche en France serait-elle proche ?


Et maintenant, à quoi peut-on s'attendre ?
Il est fort probable que l'UMP sera défait dans la plupart des régions. En effet, ses réserves de voix sont faibles, hormis une mobilisation massive des abstentionnistes en sa faveur, ce qui est peu probable.
Concernant la gauche, on peut supposer que des fusions auront lieu entre les listes PS, Europe Ecologie et Front de Gauche. Cela permettrait une large victoire et la conservation des régions dans le giron de l'opposition.
Le FN quant à lui se maintiendra partout où il le pourra et devrait réaliser un score assez similaire au premier tour, sauf retournement inattendu.

Pour finir, je souhaiterais revenir sur la stratégie d'union dès le premier tour. Celle-ci peut-être efficace comme l'atteste le cas de l'UMP qui, d'ailleurs, préfère les élections à tour unique telles que les européennes. C'est pourquoi la réforme des collectivités territoriales vise à l'instauration de conseillers territoriaux élus au scrutin uninominal à un tour. Ceci aurait pour conséquence prévisible de faire changer les régions de couleur, ce qui serait du pain béni pour le parti présidentiel.
De plus, un rassemblement prématuré des différentes formations politiques signifierait la fin du premier tour dans la mesure où celui-ci deviendrait inutile. Un tel procédé constituerait la mise en danger du pluralisme politique qui représente une force pour notre pays.

2 commentaires:


  1. Pour ce qui est de l'efficacité d'une union dès le premier tour c'est plutôt contestable puisque l'UMP ne dispose d'aucune réserve de voix étant donné que tous les électeurs potentiels n'ont pu que
    voter UMP. Selon un sondage publié hier, 74% des électeurs Europe Écologie voteraient PS au second tour et on peut donc considérer que 26% seulement reporteraient leurs voix sur l'UMP dans le
    meilleur des scénarios pour l'UMP.
    Concernant un éventuel scrutin à un seul tour aux prochaines élections régionales comme le projet semble être le cas, cela ne serait pas forcément favorable à l'UMP unie puisque les électeurs
    changeraient, par conséquent, leur façon de voter. En effet, comme je l'ai entendu aujourd'hui même "au premier tour les électeurs choisissent, au second ils éliminent", mais si on vient à changer
    le mode de scrutin, les électeurs ne feraient que choisir dès le premier tour et ne perdraient plus de voix dans des votes de contestation ou dans des partis alternatifs. Ce serait là la fin des
    petits partis qui font aujourd'hui la force de la gauche et les voix de réserve du PS.


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  2. En fait, je parlais de l'efficacité au 1er tour, ce qui s'est effectivement vérifié. Ensuite, c'est vrai que cela pose problème au second tour, d'où la volonté de privilégier un système électoral à
    tour unique.
    Sur une élection à un tour, je pense que l'union de la droite peut tirer son épingle du jeu dans le sens où l'union est facilement réalisable. Au contraire, le rassemblement à gauche est plus
    problématique et l'entre deux tours de ces régionales en est le parfait exemple. De plus, je ne suis pas sûr que le PS bénéficierait forcément d'un report des voix des autres formations dans une
    configuration à un tour.
    En revanche, je te rejoins sur la fin des petits partis, ce qui, comme je l'ai signalé, transformerait notre pays en un système "bipartiste" de type américain. Malgré tout, le système actuel n'est
    pas forcément idéal pour les petits mouvements qui sont souvent muselés pour des raisons financières.


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