jeudi 23 juin 2011

2012 : il y a la queue pour l'Elysée

Hier, Christine Boutin a annoncé son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 2012 car "la situation de la France l'obligeait". La leader du PCD (Parti Chrétien Démocrate) qui a réalisé un score de 1,19 % en 2002 et s'est ralliée à Nicolas Sarkozy en 2007, se lance donc dans la course pour 2012.
Cette nouvelle candidature s'ajoutant à celles déclarées ou probables qui commencent à se multiplier à droite (Nicolas Sarkozy, Nicolas Dupont-Aignan, Frédéric Nihous, Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin …).
 
A cette occasion, Jean-Michel Apathie a livré un véritable réquisitoire dans le grand journal de Canal + sur ces candidats prétendument inutiles. Ce dernier a alors ironisé sur les chances d'être élue, ou plutôt l'absence de chance, de Mme Boutin. Le chroniqueur a ensuite fustigé la multiplication des candidatures de témoignage, considérant qu'un premier tour à plus de cinq candidats était une ineptie. Cela l'a donc conduit à demander un relèvement du nombre de parrainages requis pour accéder pouvoir se présenter.
 
Bien qu'appréciant, en général, les interventions de Jean-Michel Apathie, je ne suis évidemment pas toujours d'accord avec lui. Dans ce cas précis, je dois reconnaître que celui-ci n'a pas forcément tort sur le fond. En revanche, la manière d'exprimer son opinion m'a semblé inadaptée voire même "violente" par moment. De fait, je n'apprécie guère le fait de se moquer d'un candidat, d'ironiser sur ses chances de victoire. Alors bien sûr il faut être réaliste mais railler une personnalité politique revient, en quelque sorte, à bafouer la démocratie et les électeurs.
 
Mais revenons-en au fond du problème et, en l'occurrence, au nombre important de candidats à la présidentielle.
Je commencerai tout d'abord par rappeler deux choses. La première est que le pluralisme politique est une force de la démocratie et doit être défendu. Trop de pays souffrent de la mainmise d'un parti unique ou d'un bipartisme stérile se traduisant par une alternance régulière sans réelle alternative. La seconde est que, pour le moment, nous ne savons pas qui seront réellement les candidats sur la ligne de départ. Effectivement, ce n'est pas parce qu'une personne s'est déclarée que celle-ci en aura forcément les moyens, particulièrement du fait de la barrière que constituent les parrainages (cf Nicolas Dupont-Aignan en 2007).
 
Ces deux remarques étant posées, nous pouvons maintenant nous intéresser à ce "phénomène de prolifération" de candidatures à l'élection présidentielle.
Il est clair que parmi tous les candidats certains n'ont aucune chance d'être élu. D'ailleurs, comme le disait Jean-Michel Apathie, certains ne le souhaitent même pas. Ainsi, et c'est là un dévoiement de cette élection, la présidentielle sert de tribune aux petites formations afin de faire connaître leurs idées en vue d'autres scrutins (législatives, municipales, régionales …). De fait, la  campagne permet un accès privilégié aux médias et donc aux électeurs que ces partis ne peuvent obtenir en temps normal.
En outre, la candidature peut également être un coup de bluff afin d'être en position de force pour négocier un maroquin auprès du gagnant. En somme, cela revient, grossièrement, à montrer ses muscles un temps puis à se rallier tout aussi rapidement lorsque le gain sera considéré comme suffisant.
Enfin, une telle candidature peut servir à se compter. Cela permet alors de juger de son poids électoral, toujours dans la perspective de négociations et en particulier pour la répartition des circonscriptions électorales pour les législatives qui auront lieu dans la foulée.
 
Parallèlement aux points abordés précédemment, il apparaît aussi que le nombre croissant de candidatures provient de l'incapacité de certains partis, ou plutôt de leaders politiques à se rassembler. Deux exemples viennent appuyer cette idée de manière éclatante.
Le premier concerne l'extrême gauche où les querelles de chapelles sont légions. En effet, on peut penser qu'au moins trois partis de cette sensibilité seront en course : le Front de Gauche, Lutte Ouvrière et le Nouveau Parti Anticapitaliste. Selon moi, une candidature unique serait une bonne chose afin de réaliser un score honorable, surtout qu'idéologiquement il n'existe que peu de différences, tout du moins pas fondamentales. D'ailleurs, je n'arrive toujours pas comprendre pourquoi le NPA et LO continuent à vivoter chacun de leur côté.
Le second est relatif à la sphère centriste, si tant est qu'elle existe. Voila un espace politique dont les politologues doutent même de l'existence réelle d'un électorat et qui pourtant possède un nombre fou de candidats potentiels : François Bayrou, Jean-Louis Borloo, Dominique de Villepin, Hervé Morin … Indiscutablement il n'existe pas l'épaisseur d'un papier à cigarettes entre ces hommes. Il s'agit uniquement d'une question d'ego et de volonté de pouvoir.
 
Au final, en tenant compte de tous ces aspects, le nombre de candidats pour 2012 a considérablement diminué. On pourrait alors retrouver par exemple :
- une candidature de l'extrême gauche (Mélenchon)
- une candidature écologiste (Hulot ou Joly)
- une candidature socialiste (Aubry ou Hollande)
- une candidature centriste (Villepin ou Bayrou)
- une candidature de droite (Sarkozy)
- une candidature de l'extrême droite (Le Pen)
 
Malgré tout, je rajouterais également une candidature que l'on pourrait qualifier de souverainiste et qui serait portée par Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Pierre Chevènement voire éventuellement Arnaud Montebourg. Il s'agirait en fait d'une alternative au système actuel basée notamment sur un fort interventionnisme étatique avec la mise en place d'un protectionnisme économique.
 
A première vue, cette candidature semble redondante avec celle de Marine Le Pen. Cela n'est pas totalement faux mais ce n'est pas entièrement juste non plus. Effectivement certains aspects du programme économique sont similaires. Malgré tout, il existe également des différences non négligeables.
En outre, il ne faut pas oublier que la conversion du FN est récente. En effet, le programme de 2007 était somme toute libérale et une grande partie des troupes mais surtout de l'encadrement du parti n'a pas changé. Rajoutons également que Marine était au côté de sont père depuis des années sans vraiment s'opposer à lui. D'ailleurs, l'ombre de Jean-Marie Le Pen flotte toujours au dessus du parti puisqu'il en est le président d'honneur et qu'il tient les cordons de la bourse. Aussi, voir en Marine Le Pen et le FN une alternative me semble quelque peu prématuré.
 
Pour en revenir au sujet principal, je conclurai sur un enseignement quelque peu détourné de l'économiste Arthur Laffer : "trop de pluralisme tue le pluralisme". 

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