samedi 11 juin 2011

UE et agences de notation : même combat

La Commission reconnaît les progrès réalisés par la France (réforme des retraites, début de chasse aux niches fiscales, modération des hausses du SMIC, etc.) mais elle s'inquiète tout de même d'un certain flou entourant le redressement des finances publiques, "en partie lié à un scénario macroéconomique favorable à partir de 2012".
Bruxelles critique aussi la politique de l'emploi de la France, jugeant le bilan de Pôle Emploi "mitigé" et ses effectifs "insuffisants" pour un soutien individualisé des chômeurs. Le Smic et les charges sociales, tous deux trop élevés, sont aussi des obstacles à la reprise du marché de l'emploi, ainsi que la distorsion entre les salariés en CDI très protégés et la précarité des jeunes et des employés peu qualifiés, estime la Commission...
Source : boursier.com
 
La note maximale accordée à la France, "AAA", pourrait être menacée à l'horizon 2020, indique l'agence de notation Standard & Poor's. "Si les autorités françaises ne poursuivent pas la réforme des retraites, ne continuent pas de modifier la Sécurité sociale et ne consolident pas le budget face au risque d'accroissement des dépenses liées aux retraites et à la santé", alors "il est incertain que Standard & Poor's maintienne la note AAA", souligne une étude consacrée aux conséquences du vieillissement de la population.
Source : lemonde.fr
A la lecture de ces deux informations, je dois reconnaître hésiter en deux sentiments : l'effroi d'une part et la délectation d'autre part. Et il est fort possible que la plupart souverainistes soit dans le même cas. Je m'explique.
 
Dans un premier temps, et au vu des mes accointances idéologiques, je ne pouvais qu'être navré et dépité par ces articles. En effet, alors même que la situation économique, tant en France que dans le monde, n'est pas au beau fixe et qu'un grand nombre de nos concitoyens peinent à boucler leur budget, des bureaucrates (très) grassement payés osent nous sermonner et nous faire la leçon. Leur remède au mal qui nous touche : encore plus d'austérité et de rigueur. A les croire, la politique sociale de la France serait trop généreuse. Allez dire ça à ceux qui ne trouvent pas d'emploi ou à ceux qui vivent avec les minimums sociaux !
 
Alors bien sûr on pourrait me traiter de populiste tant ce terme est à la mode. Pourquoi pas ? J'assume ! Est-ce de ma faute si ces bien-pensants préfèrent saigner le peuple, qu'il soit français, grec ou portugais, au profit d'une oligarchie composé de nantis, de banquiers et de dirigeants en tout genre ? Non. Et il me semble utile de le rappeler afin que personne ne l'oublie et que chacun puisse en tirer les conséquences qui s'imposent.
 
Dans un second temps, il est vrai que je me suis "réjoui" de la nouvelle. Effectivement, il s'agit là d'une excellente chose pour la progression de nos idées tant elle atteste de leur pertinence et de leur véracité. De fait, ces articles montrent bien que l'Union Européenne et les agences de notation n'ont qu'un seul et unique objectif : la promotion et la défense du modèle libéral, voire même ultralibéral.
 
Ainsi, comment ne pas voir que ces deux entités, pour moi illégitimes au possible, marchent main dans la main et agissent de concert pour arriver à leurs fins ? La preuve, s'il en fallait encore une tant celles-ci s'accumulent depuis des mois, est que chacune vient confirmer les conclusions de l'autre et s'appuie même sur lesdites conclusions pour établir leurs recommandations. En bref, il s'agit là d'un cercle vicieux puisque la rigueur entraîne une dégradation de la note d'un pays qui décide alors d'un nouveau plan d'austérité qui conduit à une nouvelle dégradation ...
 
A tous ceux qui pensent que la France n'a pas d'autre solution que l'Europe, je leur demande d'ouvrir les yeux et de regarder le traitement que cette merveilleuse Europe inflige à la Grèce ou au Portugal par exemple. Est-ce cela que nous voulons pour notre pays ? Je ne le crois pas.
Ce que nous souhaitons c'est un avenir fait d'emploi, de prospérité et de croissance. Or il ne semble pas que cela soit possible dans le contexte actuel. Une reprise en main de notre destinée est indispensable et je suis persuadé que notre futur ne s'inscrit pas forcément dans le cadre européen tel qu'il existe aujourd'hui.
 
Malheureusement, je désespère de la si faible prise de conscience de nos concitoyens mais aussi autres populations d'Europe. Malgré les cures d'austérité, malgré les vagues de privatisations, malgré les dégraissages massifs de fonctionnaires, le peuple semble avoir choisi la fuite en avant. De fait, l'alternance est privilégiée à l'alternative comme l'ont montré les dernières élections partout en Europe.
 
Pour autant, je peux comprendre qu'un changement de système fasse peur. Il est évidemment plus rassurant de garder le cap, quitte à le payer à terme, que d'opérer un revirement de situation qui peut s'avérer éprouvant à brève échéance. Tout comme la sphère économique et financière, l'électeur a perdu toute notion de long terme et raisonne uniquement à court terme et de manière ethnocentrique voire égocentrique.
Pour que les choses changent vraiment, il me semble donc impératif de chercher à modifier ce mode de raisonnement afin de réinstaurer la notion d'intérêt général mais aussi de vision stratégique à plus long terme.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire