mardi 21 juin 2011

Mélenchon réussit son OPA sur le PCF

Ce week-end, Jean-Luc Mélenchon a officiellement été investi candidat du front de gauche à l'élection présidentielle de 2012 par les militants communistes. Avec 59,12 % des voix, ce vote fait suite à sa désignation lors de la conférence nationale du parti communiste.
Comme les médias aiment à le rappeler, il s'agit du premier candidat non communiste depuis 1974.
Certains voient dans cette candidature une chance pour le PCF alors que d'autres la considèrent comme un signe supplémentaire de son délitement. Alors qu'en est-il vraiment ?
 
Avant tout, il faut reconnaître que l'âge d'or du communisme en France est loin derrière nous. Ainsi, le maigre score de Marie George buffet (1,93 %) en 2007 est évidemment à des années lumières de celui de Georges Marchais (15,3 %) en 1981. D'ailleurs, depuis cette époque l'influence du PCF tend de plus en plus à se réduire.
Pour autant, il faut avoir l'honnêteté d’admettre que ce parti est davantage ancré au niveau local et qu'il compte tout de même 130 000 adhérents et de nombreux élus locaux.
 
Pour pallier cette perte de vitesse, les dirigeants communistes ont privilégié une alliance avec d'autres partis au sein du Front de Gauche en lieu et place d'une persistance dans l'isolement. Pour l'heure, il est assez difficile de voir si l'opération est payante. Néanmoins, il semblerait que cela n'ait pas forcément été une entière réussite pour le PCF dans la mesure où un certain nombre d'élus ont perdu leurs sièges lors des dernières élections (cantonales, régionales …). De fait, les scores électoraux sont restés sensiblement les mêmes qu'auparavant alors que dans le même temps il a fallu partager les places entre les différentes composantes du Front.
 
Cette stratégie, peu intéressante pour les communistes semble-t-il, a néanmoins fait le bonheur de Jean-Luc Mélenchon. En effet, ce dernier a ainsi pu obtenir une tribune, tant électorale que médiatique, depuis l'avènement du Front de Gauche. De plus, son parti, le Parti de Gauche (PG), a obtenu une quantité non négligeable d'élus alors que sa force et son poids sont moindres. En fait, cela a été possible grâce à la logistique et aux militants du parti communiste.
Cela explique donc pourquoi une partie des adhérents du PCF n'est pas satisfaite de cette alliance. La désignation de Mélenchon n'arrangeant évidemment pas les choses.
 
Pour autant, les craintes des militants communistes sont-elles fondées ? L'accord avec le parti de Gauche revient-il alors à vendre son âme ? Je n'en suis pas si sûr. Enfin pas complètement.
Pour moi, le principe consistant à laisser la présidentielle à Mélenchon et la majorité des circonscriptions législatives est une bonne solution. Effectivement, on peut supposer que le président du PG réalisera un score raisonnable en 2012, ou au moins nettement supérieur à celui de 2007.
 
Malgré tout, je crois que la direction du PCF a mal négocié cet accord et on pourrait même dire que celle-ci a bradé le parti. En effet, il est clair que le gros des forces du Front de Gauche est composé de militants communistes qui seront des acteurs de premier plan lors des campagnes à venir. Il est donc étrange que le PCF ait obtenu seulement 80 % des places aux législatives. Pour moi, les dirigeants ont abordé les négociations en position de faiblesse et non de force comme cela aurait dû être le cas. Les militants se sentent donc sacrifiés par leurs représentants.
Néanmoins, cela ne me surprend pas tellement quand on voit le secrétaire national du parti. De fait, je dois reconnaître que Pierre Laurent ne suscite que peu mon engouement tant ce dernier manque de fougue et de charisme. On est ainsi bien loin de Georges Marchais dont Jean-Luc Mélenchon se rapproche davantage, notamment dans ses saillies verbales.
 
Selon moi, le PCF n'est pas encore mort. Alors bien sûr son audience n'est plus celle du passé mais je crois fermement qu'il est possible de remonter la pente. Pour cela, il me semble impératif que le parti se dote d'un leader charismatique et fort en gueule mais aussi et surtout qu'il redevienne le défenseur des ouvriers et des classes populaires.
 
Car il s'agit là du problème majeur de cette formation politique qui a perdu une large partie de son électorat. De fait, celui-ci s'est détourné du parti communiste pour le Front National, jugé plus enclin à répondre à ses attentes.
Pour relever la tête, le PCF doit donc se détacher du Parti Socialiste et se repositionner sur un terrain qu'il n'aurait jamais dû abandonner (protectionnisme, souveraineté populaire, interventionnisme économique …).
 
Selon moi la présidentielle de 2012 est perdue mais il faut clairement viser les élections législatives. Un aggiornamento me semble nécessaire voire même indispensable au sein du parti et notamment de sa direction. Je crois que le changement doit provenir de la base, en s'appuyant en particulier sur les différentes sections départementales. Car ce sera grâce à son fort maillage territorial que le PCF pourra renaître de ses cendres et prouver que ses idées n'ont jamais autant été d'actualité.

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