dimanche 24 juillet 2011

Car il faut bien commencer un jour … ma première campagne

Il est une anecdote que j'aime beaucoup raconter. Il s'agit bien évidemment d'une expérience personnelle, avec le côté subjectif qui va avec, mais je crois que celle-ci est particulièrement révélatrice de mon caractère et de ma personnalité.
 
Si j'ai choisi de partager avec vous cette petite partie de ma vie c'est que cet évènement me semble être une étape importante dans mon cheminement politique. A vrai dire, il s'agit même là de ma première réelle, et somme toute modeste, expérience politique.
D'ailleurs, je ferai par la suite quelques parallèles et comparaisons que certains pourront trouver plutôt capillotractés.
 
Tout a commencé à mon entrée en classe de sixième. Je décidais alors de me présenter à l'élection de délégués de classe. Malheureusement pour moi (ou peut-être par chance avec le recul), je fus battu et la victoire revint à deux filles : A. C. et F. S.
Comme vous pouvez l'imaginer, la défaite fut amère tant je n'aime pas perdre. Et celle-ci était d'autant plus difficile à digérer que j'avais perdu contre des filles. Le temps ayant fait son œuvre, je n'arrive plus à me souvenir des raisons de cet échec. Toutefois, il est certain que personne n'avait mené campagne et que le scrutin s'était joué sur des critères purement subjectifs. A notre décharge, nous n'avions, à l'époque, qu'une dizaine d'années et faisions nos premiers pas dans un nouvel établissement.
 
L'année suivante, et malgré un premier échec, je fis le choix de me représenter à nouveau pour devenir délégué. Mais entre temps j'avais appris de mes erreurs et comptais bien ne pas perdre une nouvelle fois. Dans cet objectif, je choisis de faire une vraie campagne électorale pour maximiser mes chances de victoire, ou tout du moins de ne pas avoir de regrets.
 
Mais avant d'aller plus loin, il faut que je vous replace dans le contexte. Dans notre collège, nous avions une mallette qui contenait une feuille d'appel et un cahier de textes où les professeurs inscrivaient le travail effectué en classe et les devoirs à faire pour le prochain cours. Chaque semaine, et à tour de rôle, un élève était responsable de ladite mallette et devait alors la transportait de salle en salle afin de la présenter à chaque cours. Cet objet, plus embarrassant qu'utile et devenu obsolète à l'heure du numérique, était en réalité un véritable fardeau dans la mesure où il n'est pas rare de voir courir son propriétaire hebdomadaire dans tous les sens pour remettre la main dessus.
 
Partant de ce constat et ayant en tête, à tort ou à raison, l'image de Jacques Chirac promettant des baisses d'impôts, je faisais alors à mes camarades une proposition en or : si j'étais élu, je m'engageais à porter cette fameuse mallette durant l'année entière. Comme dirait Ségolène Royal, il s'agissait d'un accord gagnant-gagnant puisque de mon côté j'obtenais le rôle de délégué et que du leur ils étaient débarrassés de cette corvée.
 
Le pari était certes osé mais j'estimais que le jeu en valait la chandelle. Bien évidemment, cette proposition, de par son originalité et sa côté novateur, en surpris plus d'un, élèves comme professeurs. Néanmoins, cette petite bombe eut l'effet escompté et je fus élu avec un score digne de l'URSS. Je tiens toutefois à préciser que je respectais bien évidemment mon engagement, contrairement à certains politiques qui promettent monts et merveilles sans pouvoir s'y tenir.
 
Après un premier échec, j'avais finalement réussi à être élu. Malgré tout, ma joie ne fut que de courte durée puisqu'une véritable cabale fut menée à mon égard. Bon, il ne faut pas oublier que nous nous trouvons toujours dans le cadre d'une élection de délégués dans un collège. Pour autant, une candidate défaite, A. G., qui manifestement ne supportait pas sa déroute, chercha à faire annuler mon élection et à me discréditer auprès de mes camarades. Ainsi, celle-ci m'accusa, je cite, "d'achetage de voix". Pour moi, le fond de ces propos était aussi faux que leur forme. D'ailleurs, je fus conforté dans ma position par mes professeurs qui lui adressèrent une fin de non recevoir, renforçant par la même ma légitimité. 
 
Les deux années suivantes, en quatrième et troisième, ma réélection se passa sans anicroche. Si j'osais, je parlerais de plébiscite tant la victoire fut large et sans appel. En effet, j'avais pour moi, étant le sortant, un bilan plus qu'honorable et surtout je réitérais ma promesse de l'année précédente.
Au risque de paraître présomptueux voire même vaniteux, je trouve que cette idée de promesse électorale est tout simplement géniale. Il s'agissait alors d'un coup de maître tout à fait stratégique qui a anéanti la concurrence tout en rendant service à mes camarades. L'expression "faire d'une pierre deux coups" n'a jamais été autant appropriée.
 
Alors bien sûr, en lisant ces quelques lignes, certains ont dû penser que j'étais devenu fou et mégalomaniaque. Je peux tout à fait le concevoir dans la mesure où je me réjouis et me félicite d'une toute petite élection de délégué.
Mais comme je l'ai dit, cet évènement est une partie de moi qui me semble importante. Par ailleurs, cette expérience de délégué de classe a été quelque chose de très enrichissant. De fait, le délégué est à la fois un relai d'informations entre élèves et professeurs, un avocat lors des conseils de classe ainsi que le porte-parole de diverses revendications. En outre, cela m'a permis de rencontrer des personnes différentes à des postes variés mais également d'échanger et d'apprendre par le biais de formations et de discussions avec la direction.
 
Pour être tout à fait complet et pouvoir ainsi extrapoler la situation et en tirer des enseignements généraux, il me semble important de vous raconter un épisode assez invraisemblable de cette fonction.
Alors en classe de troisième et devant passer l'examen du brevet des collèges en fin d'année, notre professeur de mathématiques, Mme K., part en congé maternité. L'Education Nationale étant ce qu'elle est, son remplaçant n'est pas un véritable enseignant puisqu'il s'agit d'un météorologue de profession. Comme on pouvait s'y attendre, ce dernier n'est pas vraiment pédagogue et maîtrise mal voire très mal son sujet, nous obligeant à le reprendre et le corriger sur plusieurs notions.
En tant que délégué, il était donc de mon devoir de réagir. C'est donc ce que je fis en rédigeant une lettre à notre professeur que je déposais à son attention au secrétariat du collège. Malheureusement pour moi, ma missive fut interceptée et lue par le CPE (Conseiller Principal d'Education) qui s'avérait également être le frère du fameux remplaçant. Suite à cela, je fus donc convoquer dans son bureau afin de m'expliquer sur mes agissements. On me fit alors comprendre, de façon plus ou moins claire, que mon comportement n'était pas forcément approprié et qu'il eut été préférable d'en parler directement avec lui sans le court-circuiter au passage. Pour moi, la méthode n'était que peu respectueuse et il me semblait impoli d'ouvrir un courrier destiné à quelqu'un d'autre. Je peux comprendre qu'il existe une certaine solidarité au sein de la fratrie mais il me paraissait normal d'agir pour le bien de mes camarades.
 
Comme je le disais au début de cet écrit, il apparaît que des parallèles peuvent être établis en ma propre expérience et la politique nationale contemporaine.
Ainsi, je ne suis pas le seul à avoir perdu une élection avant d'être élu à la suivante. Je pense en particulier à François Mitterrand (1974 et 1981) ou à Jacques Chirac (1981 et 1995).
Ensuite, la calomnie et les attaques ad hominem sont légions en politique. Je prends pour preuve les récentes rumeurs concernant Martine Aubry et son mari.
Enfin, le réflexe de caste et la défense de corporations n'est pas chose nouvelle. On peut notamment prendre comme exemple le cas de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.
 
Cette élection de délégué, aussi modeste soit-elle, n'est en fait qu'une version minimaliste et édulcorée de n'importe quelle élection politique. Les enjeux et les conséquences en sont bien évidemment moindres mais le processus et les mécanismes en sont les mêmes.
 
Si j'avais des enseignements à tirer de cette expérience, je dirais que la victoire n'est jamais impossible. Il faut y croire et mener une campagne de proximité, proche des gens et de leurs préoccupations en mettant en avant les questions qui les intéressent vraiment. En somme, il faut faire de la politique avec un grand P et non de la politique politicienne qui vise uniquement à obtenir des postes et à vivre de rentes de situation.
En outre, il me semble également que rien n'est jamais gagné à l'avance et qu'il est nécessaire de faire ses preuves à chaque instant pour gagner la confiance des électeurs. Les mots de suffisent pas et les actes seront toujours plus forts que les paroles. Parler c'est bien mais agir c'est beaucoup mieux.
J'ajouterais enfin qu'il est important de savoir s'entourer de personnes fiables et loyales qui seront là dans les bons mais aussi dans les mauvais moments. Le monde politique est une véritable jungle où les opportunistes pullulent et où l'amitié est une chose rare. Or un homme seul n'est rien et ne peut pas tout. C'est pourquoi il faut savoir rassembler et fédérer autour de soi un noyau dur, un cercle restreint de personnes de qualité aux profils divers et variés. J'ai d'ailleurs une pensée particulière pour N. T. et R. L. qui m'ont accompagné durant ces années de collège, que ce soit durant la campagne, à l'occasion de mes fonctions mais aussi et surtout au sein des différents clubs. Merci à eux.

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