samedi 9 juillet 2011

Merci Jean-Pierre !

« Au fond, dans le passé, l’élection présidentielle dépendait d’un seul facteur : l’avis des électeurs. Maintenant, l’élection présidentielle dépend de deux facteurs : l’avis des électeurs, mais aussi l’avis des prêteurs. Nous sommes endettés comme tous les pays endettés. Pour que notre pays marche, il faut que certains lui prêtent de l’argent. Ce “certains”, ce sont des fonds de pension, ce sont des retraités, ce sont des acteurs mondiaux, ce sont surtout des acteurs hors de France. Ces acteurs-là, ils ont leur avis sur l’économie française. »
« Il va falloir faire des promesses de bonne gestion, des promesses d’équilibre budgétaire, de rigueur budgétaire, de réforme ».
 
Voilà les propos tenus par Jean-Pierre Raffarin à Jean-Michel Apathie lors de son interview sur RTL.
Bien que je n'approuve bien évidemment pas ce discours, je m'en réjouis tant il traduit de manière simple et sans équivoque la situation dans laquelle se trouve notre pays.
 
Concrètement que nous dit l'ancien premier ministre ? Et bien tout simplement que notre nation est soumise au diktat des marchés financiers et que le peuple est privé de sa souveraineté électorale. En somme, ce monsieur nous explique que le président de la République ne doit pas servir ses concitoyens et défendre leurs intérêts mais au contraire chercher à plaire et complaire aux créanciers de l'Etat.
 
Alors bien sûr personne n'est naïf et chacun sait que cet état de fait ne date pas d'hier. Pour autant, c'est la première fois qu'un responsable politique proche du pouvoir en place fait une telle révélation. Cela montre donc bien que le discours des alternatifs n'est pas aussi farfelu qu'on aimerait à le faire croire.
 
De Gaulle disait : "la politique de la France ne se fait pas à la corbeille" ou autrement dit la France n'a pas à se laisser dicter sa politique économique par les marchés financiers. Or c'est exactement ce qui se passe à l'heure actuelle, que ce soit en France ou ailleurs en Europe. Ainsi, la réforme des retraites a été conçue uniquement pour rassurer les agences de notation. De même, les plans d'austérité imposés à la Grèce ou au Portugal répondent également à cet objectif.
 
Aujourd'hui le politique a donc vu ses pouvoirs considérablement diminué. De fait, la souveraineté nationale est de plus en plus attaquée au profit d'instances supranationales (FMI, UE …). D'ailleurs, la dernière escroquerie en date consiste à soumettre les budgets nationaux à la Commission européenne pour validation. Ce mécanisme, sensé éviter d'autres crises, revient en fait à imposer des choix budgétaires libéraux aux Etats-membres.
 
Ce qui me désole le plus dans cette histoire est que nos gouvernants, plutôt que de s'opposer à une telle vassalisation de notre pays, accompagnent et encouragent cette régression démocratique. Pire ils en sont même fiers et nous vantent cela comme un progrès alors même qu'il ne s'agit que d'une mise sous tutelle de nos institutions.
 
Certains attendent beaucoup de la présidentielle de 2012. Sans vouloir être pessimiste, je crois que cette élection est un leurre. En effet, la plupart des candidats, malgré des différences de façade, s'inscrivent dans le système actuel. Or il me semble illusoire de vouloir entamer un réel changement sans s'affranchir des contraintes actuelles.
 
Pour le moment, le PS ne me paraît pas porter une alternative. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que DSK était tant plébiscité par les institutions financières. Qu'il s'agisse de Martine Aubry, de François Hollande ou encore de Dominique Strauss-Kahn, ce parti représente au mieux une alternance politique au gouvernement en place.
 
Cela ne sera évidemment pas suffisant pour redresser notre pays de manière pérenne. Peut-être que les choses s'arrangeront quelque peu mais on peut supposer que les dirigeants socialistes seront davantage dans la gestion que la transformation, si tant est qu'ils accèdent au pouvoir …

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