lundi 12 septembre 2011

"Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions" de Ségolène Royal

Les primaires socialistes approchant à grand pas, et ayant la volonté d'y participer, je m'attelle à m'informer sur tous les candidats. Après l'ouvrage d'Arnaud Montebourg, "votez pour la démondialisation", j'ai donc décidé de lire la "lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions" de Ségolène Royal.
 
A priori, je n'ai pas plus d'affinités que cela avec l'ancienne candidate à la présidentielle socialiste. En effet, je la trouve plutôt nunuche, voire même naïve dans certaines de ses prises de position. De plus, son volte-face concernant son programme de 2007 m'a quelque peu refroidi.
Pour autant, certaines idées émises par la candidate socialiste m'ayant interpellé, j'ai choisi de passer outre mes préjugés et de creuser un peu plus avec ce livre.
 
Pour commencer, Ségolène Royal met en avant toute l'étendue de son expérience. Cela va de ses relations avec François Mitterrand à sa campagne présidentielle en passant par ses postes de ministre. Sans oublier évidemment ses responsabilités en Poitou-Charentes, véritable laboratoire régional pour ses solutions.
Cette mise en exergue n'est bien évidemment pas innocente et a même trois objectifs. Le premier est de répondre aux critiques émises sur sa prétendue incompétence, notamment en 2006. Le second concerne directement 2011 et plus particulièrement la primaire socialiste puisqu'il s'agit de mettre en avant une expérience que n'ont pas les autres candidats, hormis peut-être Martine Aubry. Enfin, le troisième et dernier but est de s'inscrire dans les pas de Mitterrand. De fait, ce dernier est en quelque sorte un héros pour les socialistes et chacun cherche à se prévaloir de son héritage. En rappelant ses relations avec lui, Ségolène Royal prend ainsi une longueur d'avance sur les autres.
 
Outre l'aspect compétence, la présidente du Poitou cherche à se démarquer de ses camarades en allant là où on ne l'attend pas. Le passage suivant en est ainsi la preuve :
"Alors que ce n'était pas dans les habitudes du PS, j'avais décidé de mettre mes réunions publiques aux couleurs de la France  car elles appartiennent à tous, et je ne veux plus que l'extrême droite s'en attribue le monopole."
Par ces propos, je crois que Ségolène Royal touche du doigt l'explication du succès du FN. En effet, il semble clair que ce parti se développe sur les thèmes laissés de côté par les partis traditionnels alors mêmes qu'ils intéressent grandement les Français. Cela est notamment le cas de l'immigration, de la laïcité ou encore de l'euro. Mais l'exemple du drapeau Français est également un bon exemple tant celui-ci avait été accaparé par l'extrême-droite. De fait, il n'était plus possible d'exprimer l'amour de son pays ou un quelconque patriotisme sans être accusé de fascisme ou de racisme.
 
S'il est un autre sujet sur lequel la gauche a fait des progrès, c'est bien la sécurité. Ainsi, tous les candidats se sont saisis de la question et mettent en avant des solutions. Alors bien sûr l'angélisme n'a pas complètement disparu du PS mais les choses semblent évoluer dans le bon sens. D'ailleurs, Ségolène Royal fait une excellente analyse de l'échec de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy en développant cinq points: abandon du terrain, politique du chiffre, manque de moyens, insécurité juridique et inflation législative et manque de prévention. Il restera à voir ce que seront les mesures mises en oeuvre car trop souvent le constat est juste mais les solutions inadaptées.
 
De même qu'Arnaud Montebourg, Ségolène Royal souhaite un retour des états et du politique dans l'économie. De plus, ses charges multiples et virulentes contre les banques et le système financier vont en ce sens. Malgré tout, et je fis la même remarque s'agissant du concept de démondialisation, une telle volonté ne pourra se réaliser dès lors que l'on restera dans le cadre du système actuel. En effet, ces deux dirigeants socialistes veulent mettre en place des mesures qui s'opposent au fonctionnement des instances européennes sans vouloir faire sécession avec ces organisations supranationales. C'est là une grande contradiction que l'on peut leur opposer.
 
Enfin, Ségolène Royal termine son livre par une ode à la culture. Celle-ci exprime son souhait de maintenir un budget conséquent, même en temps de crise, afin de démocratiser la culture et de la rendre accessible à tous.
Il est vrai que mon intérêt pour la Culture avec un grand C est assez limité. C'est pourquoi j'ai du mal avec les individus qui prônent toujours plus de moyens pour ce ministère. Alors bien sûr, je crois que la culture revêt son importance mais il me semble préférable, notamment en période de disette budgétaire, de privilégier d'autres dépenses plus essentielles.
 
Pour conclure sur ce livre, je dirais ne pas avoir été déçu par ce que j'ai lu. Je dirais même plus que je suis d'accord avec la plupart des propos tenus. Malgré tout, deux éléments m'ont gêné.
Sur le fond, je regrette que les socialistes persistent dans leur idéologie de fédéralisme européen qui n'est qu'une utopie stérile et sans avenir. Il faut arrêter de croire que l'intégration européenne est la solution à tous nos maux.
Sur la forme, je dois reconnaître que l'utilisation intempestive du "je" m'a dérangé. Certes la cinquième République implique une personnalisation du débat et que l'élection présidentielle est la rencontre entre un peuple et un Homme. Mais je pense qu'il aurait été préférable d'utiliser davantage le "nous", ou à défaut la forme impersonnelle, afin de fluidifier le tout.
D'ailleurs, il est surprenant de constater ce phénomène chez une personnalité de gauche alors même que la tradition est de privilégier le groupe. Par ce biais, Ségolène Royal se distingue un peu plus des autres candidats et se rapproche en ce sens de Nicolas Sarkozy, grand adepte de ce procédé.

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