dimanche 18 septembre 2011

La peine de mort fête les 30 ans de son abolition

C'était le 18 septembre 1981. Ce jour-là, l'Assemblée nationale adopte le projet de loi abolissant la peine de mort, présenté par Robert Badinter, ministre de la justice de François Mitterrand. Il s'agit d'une des principales promesses du candidat socialiste durant sa campagne, une des plus controversées aussi. Après un débat houleux, le projet est finalement adopté le 18 septembre à 19h28 par 363 voix pour et 117voix contre.
Source : rtl.fr
 
Cela fait donc 30 ans jour pour jour que la peine mort a été abolie dans notre pays. Rappelons qu'il s'agit là d'une des mesures phares de François Mitterrand prise suite à son élection alors même que l'opinion publique restait majoritairement  contre cette abolition à 63 %.
 
Aujourd'hui de nombreux pays de par le monde continuent toujours à appliquer la peine capitale et notamment les Etats-Unis. Chez nous, en France, le sujet revient de manière périodique dans le débat, en particulier sous l'impulsion du Front National. D'ailleurs, Marine Le Pen, sa candidate à l'élection présidentielle de 2012, a indiqué souhaiter soumettre cette question par référendum aux Français.
 
La peine de mort étant un sujet sensible, les échanges autour de ce thème sont logiquement passionnés voire même frénétiques. Chaque camp avançant alors ses arguments et accusant l'autre soit de barbarisme soit d'angélisme. Chacun faisant alors alternativement appel à l'affect et à la raison.
 
De même que sur le mariage homosexuel, mon positionnement idéologique a évolué concernant la peine de mort. A l'origine, et durant de nombreuses années, je fus un partisan de la peine capitale. Je ne trouvais pas anormal, pour ne pas dire que je trouvais cela logique, qu'une personne ayant tué subisse le même sort. En fait, mon raisonnement, certes simpliste, était le suivant : tu tues, on te tue. Cela ayant le mérite d'être dissuasif et d'éviter la récidive. Pour autant, je pensais que l'exécution devait se limiter aux crimes les plus graves (meurtres, viols ...) et uniquement lorsque les faits étaient avérés de manière certaine afin d'écarter toute erreur judiciaire. En outre, j'étais également partisan d'une telle sanction pour des considérations économiques. Je trouvais insensé de payer à vie une cellule à un criminel alors que beaucoup de nos concitoyens avaient des difficultés pour subvenir à leurs besoins.
 
Depuis, je suis revenu sur mes positions et je crois que l'abolition de la peine de mort est une bonne chose qui doit perdurer. En réalité, je pense maintenant que la société n'a pas à exécuter un individu quoi qu'il ait fait car cela reviendrait à se mettre à son niveau. De plus, cela ne me semble pas être la bonne solution, que ce soit en termes de morale ou de politique judiciaire. Enfin, nous ne sommes pas à l'abri d'une erreur qui aurait alors des conséquences irrémédiables, en tout cas beaucoup plus qu'un emprisonnement.
 
De son côté, Marine Le Pen est favorable à un rétablissement de la peine de mort afin de retrouver une réelle échelle des sanctions. Cela ne me semble pas opportun au XXIème siècle dans un pays tel que le nôtre. La France, patrie des droits de l'Homme, n'est pas une vulgaire dictature rétrograde à l'instar de la Chine ou de la Corée du Nord.
 
Pour autant, cela ne signifie pas que notre système judiciaire doive faire preuve de laxisme. Je crois qu'il est urgent de mettre en place une réelle perpétuité, c'est à dire une peine de prison à vie et non pas une période maximale de 30 ans. Cela passe notamment par la réduction des remises de peine automatique mais aussi par la construction de nouveaux établissements pénitenciers et la rénovation de ceux existants afin d'améliorer sensiblement les conditions de vie en prison.
 
Alors bien sûr la prison n'est pas le Club Med. Néanmoins, il me semble impératif de se rappeler que les détenus sont des êtres humains qui se retrouveront demain dans notre société. Il est donc nécessaire de faire des efforts dans une finalité de réinsertion donc de lutte contre la récidive.
 
Aujourd'hui, la prison apparaît comme un système contre-productif qui cultive la délinquance au lieu de la réduire. Ainsi, certains petits délinquants tournent encore plus mal au contact de bandits plus expérimentés alors même que leur privation de liberté devrait les décourager de recommencer.
Cet état de fait ne peut évidemment plus durer. Notre système pénitentiaire doit donc être revu en profondeur afin que la prison retrouve son rôle premier : remettre dans le droit chemin.

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