mardi 31 janvier 2012

Les Etats généraux du Renouveau - Partie 2

Après quelques remarques générales, passons maintenant aux débats du premier jour.

- L'Europe est-elle l'ennemie du citoyen ?  
Arnaud Montebourg (député socialiste) - Bernard Guetta (journaliste à Libération) – Modérateur : Jean-Dominique Merchet (journaliste à Marianne)
Selon Bernard Guetta, et il a tout à fait raison, l'Europe n'est pas aimé par les peuples qui, souvent à juste titre, lui attribuent leurs malheurs. En particulier, l'UE est perçue comme une "entreprise de libération des économies" et son caractère démocratique est faible alors même que celle-ci prend une place croissante ans nos vies. "Qui a donné mandat à je ne sais qui de mener ces politiques ?" interrogeait-il.
Arnaud Montebourg, sans se qualifier d'anti-européen, a affirmé que l'UE n'était pas la solution aux problèmes des européens mais leur cause. Il constate également que les nations européennes ont abandonné la monnaie et les frontières alors qu'il s'agit d'armes dont usent et abusent les autres pays. En revanche, celui-ci considère que nous avons besoin de l'euro et qu'il est donc nécessaire de le sauver.
En réalité, Montebourg et Guetta partage les mêmes constats bien que les solutions divergent. Je regrette que Montebourg dénonce le fait que la droite dit blanc à Paris et noir à Bruxelles alors même que le PS adopte parfois un comportement similaire. Enfin, je constate que Montebourg a un discours proche de celui-ci de Jean-Luc Mélenchon, de Jean-Pierre Chevènement ou encore de Nicolas Dupont-Aignan. Or il me semble que le député socialiste ne va pas au bout de sa logique en restant au PS. Mais peut-être que la perspective de postes est plus forte …


- Face à face avec François Hollande
Maurice Szafran (Marianne) - Nicolas Demorand (Libération) - Teddy Weber (Unis-cité) - Vincent Girer (Libération)
Ce qui m'intéresse ici ce n'est pas tellement les propositions avancées par François Hollande puisque ces dernières ont été rendues publiques la semaine dernière. En revanche, il me paraît plus plaisant de partager mon sentiment vis-à-vis de la prestation du très probable prochain président de la République.
Clairement le discours du socialiste n'a été que peu enthousiasmante. Aucun de ses propos n'a suscité chez moi une euphorie particulière. D'ailleurs, les traits d'humour dont fait preuve le candidat lui ont à plusieurs reprises permis de noyer le poisson et de se dépêtrer d'une situation délicate. Comme je l'ai déjà dit, François Hollande constitue une alternance mais en aucun cas une alternative.
Deux remarques pour terminer. La première concerne le témoignage du jeune d'Unis-Cité. Cela n'apportait rien et contribuait davantage à entretenir les clichés : le pauvre jeune de banlieue qui venait faire part de son parcours et de ses doléances au gentil candidate de gauche. A mon sens, la théâtralisation n'était pas loin. La seconde remarque a trait au "fanatisme" de certains spectateurs, "fanatisme" digne de groupies sans cervelle qui m'insupporte au plus haut moins. Un exemple parmi tant d'autres est les salves d'applaudissements après des phrases anodines telles que "merci d'être venu". Les politiques ne sont pas et ne doivent pas être des stars que l'on adule.


- Droite-gauche, quelles frontières ?
Hervé Morin (président du Nouveau Centre) - Gilles Finchelstein (président de la fondation Jean Jaurès) - Modérateur : Paul Quinio (Libération)
Selon Hervé Morin, et je suis d'accord avec lui, le clivage gauche/droite perdure mais d'autres se créent : fédéralisme/europe des nations, souverainistes/mondialistes … Il estime tout de même que cette opposition gauche/droite est nécessaire pour le débat démocratique et l'alternance. Il est d'ailleurs rejoint sur ce point par Gilles Finchelstein qui considère que ce clivage est un "bien précieux qu'il faut défendre". Pour autant, celui-ci reconnait que les choses ont évolué et que certains désaccords font partie du passé et sont devenus aujourd'hui des sujets consensuels (peine de mort, pacs …).
A titre personnel, je dois dire que ce sujet m'intéressait fortement dans la mesure où j'ai moi-même du mal à me situer sur l'échiquier politique. De fait, je me considère comme de droite et ne me sens pas de gauche alors qu'il semblerait, selon mes idées, que je me positionne davantage à gauche qu'à droite. Je comptais donc sur ce débat pour tenter de clarifier les choses. Et bien je dois reconnaître avoir été grandement déçu dans la mesure où aucune définition ni description de la gauche et de la droite n'ont été proposés. De même, les participants n'ont pas cherché à définir les clivages, les points de divergence existants entre droite et gauche. Un coup manqué donc pour un thème qui, je crois, méritait mieux.


- Face à face avec Jean-Luc Mélenchon
Maurice Szafran (Marianne) - Nicolas Demorand (Libération)
Avant de parler du fond, je m'attarderai quelques instants sur la forme car celle-ci, dans ce cas précis, me paraît très importante. Tout d'abord, j'ai ressenti, à l'inverse du débat avec François Hollande, une véritable ferveur populaire avec de nombreuses acclamations et un nom scandé à plusieurs reprises. Pour moi, cela s'explique (au moins) par deux éléments. Le premier est que Mélenchon a un côté populaire, bon vivant, simple, proches des gens …que n'a pas vraiment Hollande. Ensuite, et quoi que l'on pense du programme du Front de Gauche, il est clair que les propositions de Mélenchon suscitent un réel enthousiasme, en particulier du fait de leur  aspect clairement en rupture avec le système en place.
S'agissant du fond maintenant, le candidat de la gauche de la gauche comme on dit a déroulé quelques unes de ses mesures. Mais il a également mis un certain nombre de choses au clair pour lever toute ambiguïté. Premièrement, il ne fera pas partie d'un gouvernement socialiste. En revanche, il a indiqué que chaque composante du Front de Gauche sera libre de son choix, recourant à un vote des militants. Ensuite, il a expliqué que son soutien à François Hollande au second tour ne serait pas automatique. Il a d'ailleurs profité de l'occasion pour faire une longue critique du candidat socialiste et de ses ambivalences (finance, traité de Lisbonne …), qualifiant certaines de ses prises de position de "ruses de campagne". Et là je dois reconnaitre que Jean-Luc Mélenchon a raison sur ce point. En effet, je crois qu'il ne pas se limiter aux seuls discours de Hollande pour cerner l'individu mais bien regarder tous ses propos (parfois contradictoires) et surtout son parcours et ses choix antérieurs. Car le "vrai" François Hollande n'est pas forcément celui du Bourget.
Enfin, le président du Front de Gauche s'est attardé sur la candidature Marine Le Pen, menant une attaque en règle contre celle qui vise le même électorat que lui. A cette occasion Mélenchon a fait la promotion de la "méthode Dracula", c'est-à-dire à la méthode consistant à démonter les idées du FN en démontrant leur caractère bancal. Et à nouveau, je rejoins le camarade Jean-Luc sur ce point. Il ne suffit pas/plus de jeter le discrédit sur le FN et de l'ostraciser. Si cela pouvait être suffisant avec Jean-Marie, ce n'est clairement plus le cas avec Marine. En revanche, et on l'a vu avec Anne-Sophie Lapix par exemple, dès lors que l'on creuse quelque peu les propositions, que l'on va au bout des choses et que l'on pousse la candidate FN dans ses retranchements, on constate que celle-ci ne maîtrise pas ses sujets et qu'elle est essentiellement dans la communication.
Un regret, un seul, à avoir de cette intervention est que, les deux hommes étant sur place et les conditions réunies, aucune confrontation entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande n'ait été organisée. On peut toutefois supposer que les organisateurs y aient préalablement réfléchi mais que l'un des deux (Hollande au hasard) ait refusé.

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