vendredi 13 janvier 2012

Mélenchon ou la gauche comme on l'aime !

Hier soir, l'émission "des paroles et des actes" présentée par David Pujadas sur France 2 était consacrée à Jean-Luc Mélenchon. Durant plus de deux heures, le candidat du Front de Gauche a pu détailler certains aspects de son programme.
 
Disons le tout de suite, je ne suis guère fan du format de cette émission. En effet, la première partie sur la vie de l'invité n'a que peu d'intérêt et ne fait que renforcer un phénomène de peoplitisation déjà trop présent. Ajoutons également que l'affrontement permanent entre le président du Parti de Gauche et les journalistes n'est qu'une perte de temps qui nuit à la fluidité de l'émission et à l'expression des idées. D'ailleurs, je trouve que le combat perpétuel et les invectives de Mélenchon contre les journalistes est pesant à la longue et finira, d'une manière ou d'une autre, par le desservir.
Pour finir sur la forme, il faut toutefois reconnaître les grandes qualités oratoires de cet excellent tribun qu'est Jean-Luc Mélenchon. A la nuance près que sa "grande gueule" et son caractère entier peuvent être une force mais aussi une faiblesse.
 
Mais intéressons nous maintenant au fond du discours du candidat. Je ne reviendrai bien évidemment pas sur l'intégralité des propos tenus tant ils sont denses mais je vais plutôt m'attarder sur quelques aspects qui m'ont interpellés.
 
Tout d'abord, une phrase tenue au tout début de l'émission : "je ne suis pas de l'extrême gauche, je suis de gauche". Pour moi, ces quelques mots revêtent une importance particulière, bien plus que le caractère banal qu'on pourrait y attacher. De fait, pour la plupart des gens, le PS est l'alpha et l'oméga de la gauche, chacun se positionnant alors par rapport à ce parti. Or, comme le disait très bien le général de Gaulle : "je n'aime pas les socialistes car ils ne sont pas socialistes". Et c'est bien là tout le problème puisque depuis plusieurs années, le Parti Socialiste s'est progressivement dirigé vers le centre-gauche, à la manière de tous les partis sociaux-démocrates européens. Ainsi, le PS n'est plus un mouvement de transformation mais bien un parti de gestion qui accompagne le système. D'ailleurs, on voit bien que François Hollande lorgne davantage du côté de Bayrou et du Modem que de celui du Front de Gauche, pourtant allié historique. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon s'inscrit pleinement dans l'histoire de la gauche française alors que François Hollande se situe davantage dans la continuité de la politique menée après le tournant libéral de 1983.
 
Tout au long de l'émission, Jean-Luc Mélenchon a avancé un certain nombre de mesures concrètes auxquelles j'adhère totalement : augmentation des salaires pour agir sur la consommation et donc relancer l'activité, passage de 5 à 14 tranches pour l'impôt sur le revenu, hausse des impôts sur le patrimoine (successions et ISF), participation des salariés au conseil d'administration.
A l'inverse, certaines me laissent dubitatif voire même circonspect : régularisation de tous les travailleurs sans-papiers et surtout la convocation d'une assemblée constituante pour l'instauration d'une 6ème République. Si je peux comprendre le raisonnement poussant à régulariser les travailleurs sans-papiers, je suis en revanche plus réservé sur la notion de régularisation massive. Un traitement au cas par cas me semblerait alors plus adapté tant ce statut recouvre des réalités différentes. De plus, étant attaché à la stabilité de nos institutions et à la 5ème République en particulier, je dois reconnaître que la mise en place d'une 6ème République ne m'enthousiasme guère. Il faudra toutefois juger sur pièce lorsque nous aurons davantage d'informations.
Il en est de même s'agissant de sa volonté de consacrer son premier voyage officiel à l'Algérie et plus largement au Maghreb. Il s'agirait certes d'un symbole et d'un signe envoyé mais je ne crois pas que cela soit forcément une bonne chose, ni une priorité.
 
Outre les journalistes, Jean-Luc Mélenchon s'est retrouvé face à Jean-Louis Beffa, ancien PDG de Saint-Gobain. Il est clair que cette partie a été plus calme avec un candidat plus poli et modéré. Cela n'en était que mieux dans la mesure où les autres séquences de l'émission étaient "polluées" par la véhémence envers les journalistes. Je regrette toutefois qu'un échange n'est pas vraiment eu lieu entre les deux protagonistes. En effet, la communication s'est limitée à une suite de monologues sans réelle lien entre eux.
 
Au final, il apparaît clairement que la prestation de Jean-Luc Mélenchon, suivie par 3,2 millions de téléspectateurs a été bonne. Celle-ci aurait pu être excellente avec une plus grande retenue dans ses attaques à l'encontre des journalistes qui ont indéniablement nui à la clarté des débats donc à la transmission des idées.
Parti avec un a priori positif, mon opinion n'en a été que renforcée par cette émission. Si je rejoins le candidat du Front de Gauche sur un grand nombre de sujets, il n'en reste pas moins que sa trop grande véhémence, voire même violence par moment, constitue pour moi un sérieux handicap pour sa campagne. A l'heure de la médiatisation à outrance et donc de l'omniprésence des journalistes en politique, il pourrait être souhaitable pour Mélenchon de faire preuve d'une plus grande modération dans ses propos.

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