lundi 16 avril 2012

Hollande - Jospin : même combat dix ans plus tard ?

A moins d'une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, il m'est difficile de ne pas y consacrer quelques articles. Beaucoup de sujets pourraient être abordés mais c'est de François Hollande dont j'ai envie de parler. Pourquoi François Hollande en particulier me direz-vous ? Et bien d'une part car c'est probablement le prochain président de la République et d'autre part parce que je trouve que son cas est intéressant.
 
Voila un homme qui fut durant dix ans premier secrétaire du Parti Socialiste et qui se retrouve finalement candidat à la fonction suprême. Dans l'absolu cela n'a rien de surprenant. Je dirais même plus que cela est tout à fait classique dans les autres démocraties européennes. D'ailleurs, il est étrange que cela n'ait pas été le cas en 2007.
 
Enfin bref, le voila candidat maintenant. Même si son parcours fut chaotique. Ne nous le cachons pas, François Hollande est un candidat de substitution. Une doublure comme on dit dans le monde du spectacle. Clairement, c'est Dominique Strauss-Kahn qui aurait du être candidat du PS s'il n'avait pas été empêché. Alors bien sûr Hollande est sorti vainqueur de la primaire socialiste mais, hormis Martine Aubry, avait-il des adversaires de premier plan ?
 
Mais laissons de côté ces questions de désignation car finalement François Hollande représente bel et bien son parti pour l'élection présidentielle. Celui-ci est a même été longuement en tête dans les sondages pour le premier tour et l'est encore pour le second. Selon ces instituts, notre pays connaîtra donc une alternance dans les prochaines semaines.
 
Pour autant, malgré les apparences, le candidat socialiste ne semble pas enthousiasmer les Français. Je ne parle bien évidemment pas des militants PS, encore que certains doutent, mais de la masse des Français. Alors oui Hollande est favori, oui il est probable qu'il soit élu mais cela se fera, au moins en partie, par défaut.
 
Certains voient en cela une malédiction. Le parti socialiste serait maudit et ne pourrait donc pas espérer remporter la victoire. Indéniablement il s'agit là d'une sottise. Pire, cette excuse est d'une facilité épouvantable qui évite toute remise en question de la part des dirigeants. Si le PS a échoué en 2002 comme en 2007 ce n'est pas en raison d'un quelconque maléfice mais bien à cause de leur incapacité à incarner le changement.
 
Rappelez-vous des deux dernières présidentielles.
Celle de 2007 tout d'abord. A l'époque, après douze ans de chiraquisme, les socialistes devaient l'emporter haut la main. Mais pour une raison inconnue, ceux-ci ont choisi Ségolène Royal. Malgré des qualités certaines, il faut reconnaître que cette dernière ne faisait pas le poids face à Nicolas Sarkozy. Pire, ses "amis" ont tout fait pour lui compliquer la tâche en la soutenant du bout des lèvres et surtout en lui savonnant allègrement la planche. Logique donc que l'échec soit à la clé.
 
Mais la campagne de 2002 n'est guère plus glorieuse. Chacun se rappelle de l'élimination de Lionel Jospin dès le premier tour et du plébiscite de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen. Malheureusement pour beaucoup, cet échec s'explique essentiellement par la multitude de candidatures à gauche. Si cela peut éventuellement en justifier une petite partie, il serait malvenu de faire reposer l'intégralité de cet échec sur les autres. Car le principal fautif dans cette histoire est bien évidemment le candidat lui-même.
Selon moi, au moins deux raisons peuvent expliquer ce fiasco. Une confiance en soi démesurée d'une part et une campagne déplorable d'autre part. Clairement Jospin croyait que la victoire lui était déjà acquise du fait d'une lassitude de son rival par les Français. Outre les attaques déplacées contre Chirac qui lui ont coûtées chères (usé et vieilli), Lionel Jospin a laissé se multiplier des candidatures qu'il aurait pu éviter s'il l'avait vraiment voulu, notamment celles de Jean-Pierre Chevènement et de Christiane Taubira.
De plus, cet excès de confiance l'a conduit à faire preuve d'une trop grande naïveté durant sa campagne, gérant son avance dans les sondages plus qu'autre chose.
 
Quel rapport avec 2002 ? Et bien j'ai l'impression que 2012 n'en est qu'un mauvais remake. En effet, je trouve que la campagne que mène François Hollande est pauvre. Pauvre en propositions, pauvre en prise de risque et pauvre en nouveauté. Bref, Hollande marche dans les pas de Lionel Jospin. Comme son prédécesseur à la tête du parti, le candidat socialiste surfe à fond sur le rejet du président sortant et choisit de dérouler une campagne de petit bras en cherchant à ratisser le plus large possible, ce qui induit forcément de ne pas faire de vague en prenant des positions tranchées et clivantes. Mais n'est-ce pas là l'exercice favori de ce cher "Flamby" qui a dirigé un parti qui s'est complait pendant des années dans un consensus mou ?
 
Il n'est donc en rien surprenant que la candidature de Jean-Luc Mélenchon rencontre un tel succès. A l'inverse du courant social-démocrate (qui est un échec partout en europe) qu'incarne François Hollande, le Front de Gauche s'inscrit dans la tradition de la gauche française, fidèle à son Histoire et ses valeurs. Or il n'y a que les caciques du PS pour vouloir en faire abstraction. De fait, Hollande et ses amis ont indiqué refuser de négocier avec la gauche de la gauche et expliqué que le programme socialiste était à prendre ou à laisser. Preuve étant que malgré ses dires, François Hollande fait preuve d'une certaine vanité.
 
Au final, et quelle qu'en soit l'issue, il y a fort à parier que cette élection présidentielle suscitera une fois encore de la déception et de l'amertume envers la classe politique. Car seuls les naïfs peuvent croire que l'accession au pouvoir de François Hollande permettra un réel changement. En se fondant dans le moule social-démocrate et en ne remettant en cause le système actuel qu'à la marge, Hollande n'est ni plus ni moins qu'une alternance. Et non une alternative comme il le prétend. Son élection ne fera que continuer le petit manège de l'UMP et du PS qui sont au pouvoir depuis plus de trente ans sans rien changer à la situation du pays … ou alors en l'aggravant considérablement.

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