mardi 10 avril 2012

S'ils continuent comme ça, les grands patrons vont finir surl'échafaud !

Dans l'édition du 8 avril du journal du dimanche (JDD), une interview de Denis Kessler (PDG du groupe de réassurance Scor et ancien vice-président du Medef) était proposée dans laquelle celui-ci s'exprimait en particulier sur la crise et l'endettement de notre pays.
Avant toute chose, voici quelques passages choisis par mes soins qui, je crois, reflètent à merveille l'homme mais aussi et surtout la pensée de tous les individus de son milieu.
 
"Pour résorber le déficit, il faut privilégier la baisse des dépenses publiques plutôt que de recourir massivement à l'impôt."
 
"C'est à l'Etat, aux organismes sociaux et aux collectivités locales de faire l'essentiel de l'effort. Ce sont eux qui sont responsables de la dette. Tous les pays qui se sont sortis de crise ont procédé à de profondes reformes de leurs organisations collectives. C'est en soutenant sans réserve le secteur productif, pas en le bridant, que l'on génèrera des richesses."
 
"Le système fiscal et social français est complexe, incompréhensible et inefficace. Il y a beaucoup trop d'impôts et de taxes, beaucoup trop de planchers et de plafonds. [...] Cela suppose de repenser entièrement l'Etat, ses missions, ses fonctions, son organisation."
 
Evidemment, ces citations se suffisent à elles-mêmes et pourraient se passer de commentaire. Pour autant, il apparaît clairement que ces opinions dépassent la seule personne de Denis Kessler et sont largement partagées par le patronat, et notamment ceux du CAC 40. Pire, ce courant de pensée est tout à fait représentatif d'une caste de privilégiés coupés des réalités qui vivent de l'exploitation de la misère et se gavent sur le dos des plus modestes.
 
En substance, que dit Denis Kessler ?
Pour lui, l'Etat est trop dépensier et mal géré ce qui a conduit à un endettement toujours plus important et à un accroissement de la pression fiscale. Si l'on traduit quelque peu ses propos, on se rend bien compte que le fond de sa pensée est clairement libéral. Il estime que l'Etat, et plus largement le secteur public, est une tare et qu'il faut donc chercher à limiter son influence. Mieux, il considère que l'Etat doit laisser toute liberté au secteur privé, jugé plus performant, pour générer des richesses, c'est-à-dire des dividendes pour les actionnaires.
 
Alors bien sûr les libéraux ont existé de tout temps. D'ailleurs, ceux qui disposent d'une petite culture économique se rappelleront à coup sûr d'Adam Smith et de sa théorie de la main invisible, vantant la suprématie des marchés.
Pour autant, il ne faut pas oublier que le monde a connu très récemment, et connaît encore, une grave crise économique et financière qui a indéniablement mis en exergue les faiblesses et limites d'un tel système. Il est donc assez surprenant que l'on nous sérine encore le même discours selon lequel le marché est tout puissant.
Encore que, comme on dit, il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Comme avec le communisme autrefois ou avec l'europe et le libéralisme aujourd'hui, leurs défenseurs s'acharnent à essayer de nous démontrer que ce n'est pas le système qui est en cause mais sa mauvaise mise en œuvre. Pire, ils nous expliquent que pour résoudre tous nos maux, il faut aller encore plus loin dans son application.
 
Ce qui me dérange le plus chez ces gens-là, c'est la mauvaise foi voire la schizophrénie dont ils font preuve. En effet, il est de notoriété publique que les libéraux blâment l'Etat et le rendent responsables de tous nos problèmes. En revanche, en temps de crise, quand tout va mal, ces mêmes personnes n'ont aucun scrupule à venir quémander de l'aide cet Etat soi-disant dispendieux. Rappelez-vous le plan d'aide massif en 2008 ou encore les prétendus sauvetages de la Grèce qui consistaient en réalité à renflouer des banques qui s'engraissent sur le dos des peuples. De même, je n'ai jamais entendu un seul patron se plaindre des exonérations fiscales et sociales accordées par l'Etat.
 
Cela fait des décennies que les plus riches se plaignent de payer trop d'impôts. Cela fait depuis que je suis né que j'entends qu'il y a trop de fonctionnaires, qu'on me dit que l'Etat est trop dépensier ...
S'il est vrai que des efforts peuvent et doivent être fait au niveau des dépenses, je crois fermement que nous avons besoin d'un Etat fort et interventionniste afin de garantir et préserver l'intérêt général. Car ne soyons pas dupes, si l'Etat se retirait et limitait son action aux seules fonctions régaliennes, il est clair que le privé ne se gênerait pas pour imposer sa domination. Ce serait alors la loi du plus fort, c'est-à-dire celle de la jungle donc des animaux, qui triompherait, conduisant alors à une dictature de l'argent.
 
Personnellement, ce n'est pas ce que je souhaite pour mon pays. Et je crois que ce n'est pas non plus ce que veulent la très grande majorité de nos concitoyens. Eux comme moi ne demandons guère plus que d'avoir un emploi, un logement ... une petite vie paisible en somme. Or ce que nous propose ces grands patrons, qui émargent pour la plupart à plusieurs millions d'euros par an, c'est une société débridée et inégalitaire où l'argent est porté à l'état de valeur. Une société où les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Bref, une société à l'américaine qui va à l'encontre de notre Histoire et de notre système de valeurs.
 
A moins de 15 jours de l'élection présidentielle, notre pays est confronté à un choix. Le choix d'un homme mais aussi et surtout le choix d'un modèle de société. Vu comment les choses se présentent, il semblerait que seul le premier élément soit possible tant les deux candidats faisant la course en tête se ressemblent.
Evidemment un changement par les urnes est préférable. Mais bien que François Hollande ait pour slogan "le changement c'est maintenant", il faudrait être crédule pour croire que celui-ci représente une réelle alternative permettant de modifier les choses en profondeur.
 
En ces temps troublés, les puissants feraient bien de faire attention à eux et de ne surtout pas oublier le précédent de la Révolution française, en particulier la nuit du 4 août 1789. Partout dans le pays la colère populaire gronde. Ouvriers, chômeurs, classes moyennes et retraités, tous doivent s'unir pour le bien de la nation et de sa population. Car c'est ensemble que nous réussirons à changer les choses.
 
N'écoutez pas ceux qui vous disent que rien n'est possible, que la situation est inéluctable. Ignorez ceux qui vous expliquent la France est trop petite pour exister, qu'il n'existe point de salut hors de Bruxelles. Négligez ceux qui cherchent à vous opposer et à vous diviser.
 
Quoi qu'ils en disent, la lutte des classes est une réalité. Le combat entre les gros et les petits a toujours existé, existe et continuera à exister. De leur côté les libéraux se regroupent, les grands patrons se soutiennent entre eux. Toute cette caste se serre les coudes pour préserver leurs privilèges.
Pourquoi croyez-vous que certains politiques cherchent à opposer les Français, à flatter telle ou telle communauté ? Cela n'est ni plus ni moins que l'application du proverbe "diviser pour mieux régner" afin d'assurer la pérennité du système en place.
 
Si nos ancêtres ont pu le faire, nous le pourrons aussi. Au nom de notre Histoire, nous avons le devoir de nous lever contre ce système. N'est-ce pas, d'ailleurs, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, reprise dans la Constitution de 1958 qui proclame : "quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs" ?

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