jeudi 12 avril 2012

Nicolas Dupont-Aignan n'est pas Marine Le Pen !

Hier soir, France 2 organisait une version spéciale présidentielle de l'émission des paroles et des actes durant laquelle cinq candidats (Nicolas Dupont-Aignan, Eva Joly, François Hollande, Marine Le Pen, Philippe Poutou) ont eu un peu plus de 15 minutes pour s'exprimer. Une nouvelle émission se tiendra ce soir avec les cinq autres candidats (Nicolas Sarkozy, Jacques Cheminade, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud, François Bayrou).
 
A environ dix jours du premier tour, il était grand temps que le service public organise une telle émission. De fait, comment tolérer que les cinq candidats dits principaux (Mélenchon, Le Pen, Sarkozy, Bayrou, Hollande) aient eu une soirée dédiée de deux heures alors que les autres n'ont eu que des cacahuètes ? Est-ce cela la démocratie ? Je ne le crois pas.
 
Même si France 2 a fait un pas dans le bon sens, il n'en reste pas moins que cela ne fut pas satisfaisant, en raison notamment du format de l'émission. D'une part, les candidats ont eu seulement un quart d'heure pour s'exprimer. Si cela est largement suffisant pour ceux que l'on entend partout depuis des mois, je trouve cette durée un peu courte pour les autres que les Français connaissent moins. D'autre part, j'ai trouvé que la comparaison entre tous les candidats était difficile. De fait, il s'agissait d'un "grand oral" avec des questions différentes selon l'interlocuteur et non d'un vrai débat.
 
A la décharge de France Télévision, je tiens à signaler que ce sont le PS et l'UMP qui ont refusé une confrontation à dix. Etrange que de fuir le débat lorsque l'on prétend aux plus hautes fonctions. Pire, il semblerait qu'un débat aura finalement lieu dans l'émission Mots Croisés. Mais là encore, l'UMPS fait preuve d'un grand courage et François Hollande et Nicolas Sarkozy ne daigneront pas faire le déplacement puisqu'ils enverront un de leurs représentants.
 
Mais passons.
A l'origine, j'avais l'intention de consacrer deux articles à cette émission, commentant brièvement l'intervention des dix candidats. Au final, j'ai choisi d'y renoncer pour deux raisons. La première est que les prestations m'ont paru assez médiocres et sans surprise dans l'ensemble et ne méritent donc pas de s'y attarder. La seconde est que cela risquait d'être redondant avec mon article de la semaine prochaine dans lequel je m'exprimerai sur mon choix pour le premier tour de l'élection présidentielle.
 
L'émission d'hier m'a malgré tout donné l'envie d'écrire. Pas spécialement sur les prestations de chacun mais sur un point en particulier. Je souhaite parler du mépris dont font preuve les médias à l'égard de Nicolas Dupont-Aignan. Comme à chaque interview, les journalistes répètent inlassablement les questions auxquelles ils obtiennent toujours les mêmes réponses.
 
Hier encore David Pujadas n'a pas dérogé à la règle. Effectivement, celui-ci a attaqué directement par interroger le candidat sur les sondages puis sur des points de convergence avec Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen. Implicitement, cela revenait à demander au député-maire pourquoi il se présentait puisqu'il était bas dans les sondages et, en gros, qu'il avait le même programme que d'autres.
 
J'ai donc envie de clarifier les choses une bonne fois pour toute car j'en ai assez des raccourcis journalistiques qui visent à décrédibiliser un homme et ses idées. Tout d'abord, il est vrai que Nicolas Dupont-Aignan est plutôt bas dans les sondages. C'est un fait. Mais peut-on vraiment avoir confiance dans les sondages ? Je ne le crois pas. Rappelez-vous de Balladur en 1995, de Jospin en 2002 ou du référendum en 2005. Faux, faux et encore faux. Les instituts de sondage se sont à chaque fois trompés. Mieux, lors des élections précédentes dans lesquelles Debout la République était présent (européennes et régionales), les sondages lui accordaient moins de 1 %. Or aux européennes DLR a réalisé un score supérieur à 2 %. Et aux régionales de 2010 en Ile-de-France, la liste a fait plus de 4 % devant le Modem et le NPA. Donc attention aux sondages qui doivent être pris avec précaution.
 
Intéressons-nous maintenant à la question de la légitimité de la candidature. En quoi celle de Nicolas Dupont-Aignan serait-elle moins légitime que les autres ? Que je sache il a obtenu ses 500 signatures (environ 750 au bout du compte). Si on suit cette logique, pourquoi est-ce que Bayrou se présente alors qu'il a déjà échoué deux fois ? Et Eva Joly ? Celle-ci ne s'est lancée que récemment en politique, et ses sondages sont catastrophiques ...
Pour information, Nicolas Dupont-Aignan est le maire le mieux élu de France, il est député depuis 15 ans et bénéficie donc d'une expérience de terrain. Certes son parti est jeune et encore peu développé mais celui-ci fut présent aux dernières élections européennes et régionales.
 
Terminons-en avec les amalgames incessants avec Marine Le Pen et le Front National. Commençons par dire qu'à chaque fois, les journalistes parlent de Le Pen lorsqu'il est question de Dupont-Aignan, estimant que celui-ci dit la même chose. Il est vrai que les deux candidats ont des positions communes, sur l'euro ou l'UE par exemple. Le nier serait faire preuve de mauvaise foi. Mais pourquoi ne jamais rappeler que des convergences existent également avec Arnaud Montebourg, Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, si ce n'est pour chercher à discréditer le candidat ?
 
Par ailleurs, il n'en demeure pas moins que des divergences profondes existent entre DLR et le FN. Depuis sa création, le Front National a fait la démonstration de son caractère extrême et xénophobe. Malgré un léger virage pris depuis la prise de pouvoir de Marine Le Pen, les vieilles rengaines perdurent. A en croire ces gens là, l'immigration et les musulmans seraient les seuls problèmes du pays. La candidate en a d'ailleurs parfaitement donné l'exemple hier. Malgré les discours et les belles paroles, le FN reste un parti qui surfe sur les peurs et les vils instincts des gens. Preuve encore récemment avec l'affaire Merah où tout et n'importe quoi a été raconté pour encourager la division des Français et la méfiance vis-à-vis des étrangers.
Peut-être que la dirigeante actuelle est quelque peu différente, peut-être que les nouveaux venus sont sincères mais je ne peux m'empêcher de penser que d'autres sont encore là. Et c'est bien ces personnes qui entourent aussi la candidate. Je pense notamment à Jean-Marie Le Pen ou à Bruno Gollnisch. Mais on se rend rapidement compte que ce ne sont pas les seuls dès lors que l'on creuse un peu et que l'on discute avec les militants. Il existe d'ailleurs beaucoup d'enquêtes à ce sujet ...
 
Quel que soit le vote de chacun, cela m'est égal. Seulement, je souhaite que chacun fasse preuve d'honnêteté intellectuelle. En lisant les programmes, en écoutant les interventions des deux candidats. Alors que Marine Le Pen et ses acolytes sont dans le rejet de l'autre, en particulier s'il est d'origine étrangère, Nicolas Dupont-Aignan et ses amis s'engagent dans une démarche de rassemblement, dans la pure tradition gaulliste.
 
Mais une fois encore, peu importe le bulletin glissé dans l'urne. L'essentiel est de le faire en toute connaissance de cause. Car comme l'a très justement dit Jean-Luc Mélenchon, si vus laissez vos convictions à l'entrée du bureau de vote, il ne faudra pas s'étonner de ne plus les retrouver à la sortie.

3 commentaires:

  1. grégory baudouin23 avril 2015 à 09:08


    très bon papier, simple mais efficace

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  2. nationalistejacobin23 avril 2015 à 09:08


    Bel article avec lequel je suis globalement en accord.


     


    Quelques remarques cependant :


    Je pense tout de même que l’immigration et les musulmans sont un problème. Pas l’unique cause de tous nos maux, bien sûr (la remarque de Mme Le Pen sur les Merah qui arrivent relevait de la pure
    mauvaise foi… même si je ne déteste pas cette façon de donner une dimension tragique à un discours politique, là c’était un peu gros). Mais ce serait, me semble-t-il, une erreur que de croire que
    l’immigration est seulement un thème de campagne agité par certains candidats en mal d’idée ou de popularité. C’est aussi une grave erreur que d’imaginer que certains de nos compatriotes
    rejettent l’immigration ou l’islam parce que le FN les dénonce. Il fut un temps où, bien que critiquant vertement l’immigration et les étrangers, le FN était à 0,5 %... Si l’immigration et
    l’islam sont devenus des thèmes majeurs du débat politique, ce n’est pas parce que le FN en parle, mais bien parce que certains Français (dont moi) s’en préoccupent. Quand je croise des femmes
    voilées ou que je me sens un peu étranger dans certains quartiers « multiculturels », le FN n’y est pour rien, désolé. Certains Français s’interrogent sur l’identité nationale, sur ce
    que va devenir notre pays. Beaucoup de candidats éludent la question, le FN non. Sa vision de la France est peut-être rétrograde, ethnocentriste, xénophobe, nostalgique… mais au moins, il y a une
    vision. Le FN est l’un des rares partis qui définit l’identité française (même si cette définition repose justement sur la distinction entre le Français et « l’autre »), et qui pose des
    limites claires (et un peu abruptes) entre Français et étrangers. Or je crois que la frontière entre nationaux et étrangers est nécessaire.


     


    Tout le monde condamne « la peur », comme si c’était honteux d’avoir peur. Mais la peur n’est pas seulement négative. A côté de la peur panique, il y a la peur raisonnable. C’est parce
    qu’on a peur qu’on évite certains dangers. Au contraire, quand on n’a peur de rien, on survit rarement longtemps… La France aurait tort de ne pas craindre les conséquences de l’immigration
    maghrébine et subsaharienne, car ne faisons pas semblant de croire que l’impact culturel, civilisationnel même, est négligeable.


     


    Si Nicolas Dupont-Aignan ne verse pas dans la xénophobie, est-il pourtant obligé de reprendre le refrain laudateur sur la nécessaire « diversité » ? N’oublions pas l’histoire
    de notre pays : la marche vers l’unité. Si demain, on transforme cela en « gestion de la diversité », je crois qu’on aura abandonné les fondamentaux de l’idéal national français.
    La diversité, ce n’est pas uniquement la richesse et le métissage, c’est bien souvent la discorde et la division. Les différences attisent les tensions, et les tenants de la société
    multiculturelle et pluriethnique l’oublient un peu vite. En tout cas, NDA se classe bien parmi les anti-immigrationnistes, puisqu’il veut rétablir les frontières et réduire l’immigration, ce qui
    me paraît sage. Ce faisant, il admet implicitement que l’immigration pose problème… Sinon, pourquoi la limiter ? Il y a là une légère contradiction…


     


    Cela étant dit, Nicolas Dupont-Aignan est un vrai patriote, un homme que je crois honnête, et qui propose un programme cohérent et raisonnable, un programme qui rend à la France sa liberté
    monétaire et politique (chez Le Pen et Mélenchon, c’est plus brouillon, voire contradictoire). C’est pourquoi j’ai soutenu financièrement la campagne de NDA, et c’est pourquoi je voterai pour
    lui, sans réserve, au premier tour.

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  3. Merci pour le compliment et merci pour ce commentaire très détaillé.


    Je ne crois pas avoir dit que l'immigration et l'islam ne posaient pas de problèmes. Mais je considère que ce sont les dérives liées à ces phénomènes et leurs conséquences qui sont dommageables
    plus que leur existence même. C'est à dire que je ne pense pas que les musulmans et les étrangers soient problématiques en soi. En revanche, il est vrai que certains de leurs comportements posent
    des soucis.


    Je suis d'accord que la peur n'est pas un sentiment honteux. Je dirais même plus qu'il s'agit là d'une nécessité pour la survie de l'Homme. Pourtant, il faut bien reconnaître que certains partis
    exploitent cette peur en montant la tête des gens autour de faits divers. Oui l'insécurité est réelle mais il faut y apporter de vraies réponses et ne pas être seulement dans l'incantation.


    S'agissant de la question des étrangers, il est trop simple de les accuser de tous les maux comme le fait MLP. Je crois qu'il ne faut pas oublier que notre pays s'est construit, en partie, sur
    l'agrégation de populations venant de divers endroits. A l'inverse, cela ne doit pas nous empêcher de poser des règles et des limites.



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