vendredi 20 avril 2012

Présidentielle : l'heure du choix est venue

A environ 48 heures des résultats du premier tour, et peu de temps avant la fin de la campagne officielle, j'ai décidé de faire un petit tour d'horizon de chaque candidat et de faire part de mon choix comme je l'avais déjà fait pour de précédentes élections.
 
- Nathalie Arthaud    
Candidate de Lutte Ouvrière (LO), Nathalie Arthaud a pris la succession de la célèbre Arlette Laguiller. Malheureusement pour elle, on ne peut pas dire qu'elle rencontre tout à fait le même succès, bien qu'elle paraisse sincère et convaincue. Malgré tout, il faut bien reconnaître que celle-ci souffre cruellement de la concurrence de Mélenchon. Cela la condamnera alors sûrement à faire un score moindre, aux alentours de 1 %. Mais cela n'est en rien préjudiciable pour la candidate qui ne veut pas le pouvoir et se sert de la présidentielle comme d'une tribune.
Cela étant, je ne partage pas les idées de LO qui sont, à mon sens, complètement déconnectées des réalités et inapplicables. Plus que la proposition, la candidate se complait dans l'incantation et la contestation.
    
- François Bayrou
Après 2002 et 2007, Bayrou se présente une nouvelle fois en 2012. Or contrairement à la dernière fois, celui-ci ne sera probablement pas le troisième homme car il ne pourra pas bénéficier, cette fois-ci, du rejet des candidats de l'UMP et du PS. Comme en 2007 pourtant, le candidat centriste a du mal à réellement exister par lui-même. De fait, celui-ci ne parvient pas à fédérer autour de sa personne et est contraint de toujours se positionner par rapport aux autres.
Sur le fond, il serait faux de dire que je suis en total désaccord avec François Bayrou. De fait, je trouve que certaines de ses propositions, sur l'école par exemple, sont intéressantes. En revanche, son credo libéral et européiste ne me convient en aucun cas car Bayrou a des positions à l'opposé des miennes sur le sujet dans la mesure où il nous promet rigueur et austérité avec toujours plus d'intégration européenne.
 
- Jacques Cheminade
Bien que Cheminade ait obtenu comme les autres ses 500 signatures, je considère que celui-ci n'a pas sa place dans cette élection. Tout d'abord, j'ai du mal à accepter qu'un individu fasse surface tous les cinq ans à l'occasion des présidentielles et disparaisse de la circulation entre temps. Pour moi, la politique n'est pas un jeu et je crois que la légitimité est quelque chose d'important dans la vie. Ensuite, je ne trouve pas normal que celui-ci puisse se présenter alors même qu'il n'a pas totalement remboursé sa dette à l'Etat suite à l'invalidation de ses comptes de campagne en 1995. Enfin, je trouve très contestable d'accorder tant d'attention (et de fonds publics) à une personne qui soutient Lyndon Larouche (personnalité américaine notamment connue pour ses positions antisémites) et dont le parti est accusé de dérives sectaires.
Par ailleurs, comme voter pour un type qui a pour programme de coloniser Mars et la lune alors même que notre pays connaît des problèmes bien plus fondamentaux ?
 
- Nicolas Dupont-Aignan
Si l'on peut douter de la légitimité de Cheminade, cela n'est guère possible s'agissant de Dupont-Aignan. Bien qu'il soit considéré comme un petit candidat, il n'en reste pas moins que celui-ci possède déjà une grande expérience de la "chose publique" au travers de ses mandats (maire le mieux élu de France, député depuis 15 ans ...). De plus, sa formation politique (Debout la République) s'est, à plusieurs reprises, présentée devant les Français en réalisant des scores honorables pour un jeune parti.
Concernant le programme, il ne sera une surprise pour personne si j'avoue y trouver de grands points de convergence avec mes convictions.
 
- François Hollande
Probablement le prochain président de la République si l'on en croit les sondages. Dans l'absolu je le préfèrerais à Nicolas Sarkozy. Même si je pense qu'il y aura un changement sur la forme avec un retour à une certaine hauteur et dignité liée à la fonction, je ne suis pas convaincu qu'Hollande fera mieux que son prédécesseur. En effet, l'action du nouveau président sera très certainement faiblarde. Et cela ne sera pas simplement dû à son caractère   ou son programme plutôt frileux. Mais bien au fait que le PS ne remet pas en question le carcan dans lequel notre pays évolue et continue donc à accepter d'être pieds et poing liés face aux marchés financiers ou à l'Union Européenne.
 
- Eva Joly
Que retiendra-t-on de la campagne de l'ancienne juge d'instruction ? La couleur de ses lunettes ? Sa chute dans l'escalier ? Difficile à dire tant celle-ci a été inaudible, notamment en raison de la personnalité même de la candidate. Certains disent qu'il s'agit d'une erreur de casting. Je suis plutôt d'accord avec cela. Je ne discute en aucun cas les qualités et compétences d'Eva Joly mais il est clair qu'elle ne possède pas le profil adapté pour une élection présidentielle. Il n'y a qu'à regarder ses interventions télévisées ou ses meetings pour s'en rendre compte. Sans parler du fait que ses "amis" ne la soutiennent que du bout des lèvres quand ils ne lui mettent pas carrément des bâtons dans les roues.
En termes de propositions, je considère que l'écologie ne constitue pas un programme en soi et que la question de l'environnement n'est pas le seul et unique problème auquel est confronté la France. Par ailleurs, je suis clairement opposé aux positions fédéralistes d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en matière européenne.
 
- Marine Le Pen
Second tour ou pas second tour ? Telle a été la question durant plusieurs semaines. Mais depuis l'enthousiasme autour du "phénomène Marine" semble être retombé. Certains expliquent que je dis la même chose que Marine Le Pen. Je dirais plutôt que c'est elle qui dit la même chose que moi. Car il ne faut pas oublier que la conversion étatiste et interventionniste du Front National est très récente puisqu'en 2007 le programme du FN était clairement libéral.
S'il existe effectivement des points de convergence entre mes convictions et les positions affichées du FN, je ne voterai toutefois pas pour ce parti. D'une part, je pense que la personnalité de Marine n'est pas représentative du parti. Or celle-ci ne gouvernera pas seule et beaucoup de cadres et militants du FN sont encore peu recommandables. D'autre part, je ne crois pas que la volonté de dédiabolisation soit tout à fait réelle. Pour preuve, son électorat est peu sensible à son discours économique ce qu'il l'a obligé à revenir aux fondamentaux (immigration, insécurité ...).
Ajoutons à cela des mesures que je refuse (déremboursement de l'IVG, préférence nationale ...) et des déclarations que je condamne (Jean-Marie Le Pen comparant le meeting de la concorde à Nuremberg ou la phrase "vous êtes chez vous et vous le droit de ne pas vouloir des franco-algériens comme Mohamed Merah" de sa fille au zénith de Paris) font que je suis convaincu que le Front National n'a pas changé et reste un parti infréquentable.
 
- Jean-Luc Mélenchon    
Le candidat du Front de Gauche est indéniablement un orateur hors pair et cela fait du bien dans cette campagne austère. Mais les qualités de tribun de Mélenchon ne suffisent pas à me convaincre de voter pour lui. Il est vrai que j'adhère à certaines de ses propositions et que j'apprécie sa ferveur et son enthousiasme. Malgré tout, des points de désaccord persistent. Points qui font notamment que je ne peux pas me dire de gauche et me considère donc comme de droite. Je pense notamment à trois éléments en particulier. Le premier est relatif à l'immigration. Bien que je croie, à la différence du FN, que l'immigration n'est pas la cause de tous nos problèmes, je pense qu'il est nécessaire de chercher à limiter les flux migratoires. Pas par rejet de l'autre mais simplement pour des raisons économiques et sociales. Le second point concerne son internationalisme patent. Personnellement, je suis attaché à la nation et à la souveraineté nationale. Or cela s'oppose clairement à la conception du monde qu'a l'extrême gauche et de sa notion de citoyen du monde qui induit condamnation des frontières et bannissement de tout sentiment patriote. Enfin, le dernier élément a trait au sectarisme propre à la gôche qui conduit à honnir celui qui vient d'autres horizons et à préférer le mariage de la carpe et du lapin avec le PS plutôt que le rassemblement sur des considérations programmatiques.
                                                                  
- Philippe Poutou
Le désistement d'Olivier Besancenot au profit (aux dépens ?) de Philippe Poutou est pour moi une énorme erreur qui signe, à terme, la mort du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste). Cela a d'ailleurs commencé avec un appel d'une partie de la direction à voter Mélenchon.
Outre le fait que, pour moi, cette candidature soit redondante avec celle de Nathalie Arthaud et dans une moindre mesure avec celle de Mélenchon, il apparaît que le choix de Philippe Poutou n'est pas forcément le meilleur. Le problème n'est pas tant que celui-ci ne soit pas un candidat chevronné et expérimenté mais plutôt qu'il laisse clairement transparaître son dépit. Celui-ci donne alors un sentiment de nonchalance extrême à la limite du manque de respect pour les électeurs. Car au-delà de l'effet désastreux pour son parti, un tel comportement dégrade un peu plus l'image de la politique.
 
- Nicolas Sarkozy
Que dire sur Nicolas Sarkozy qui n'ait pas encore été dit ? Pas grand-chose en vérité.
Pour être honnête, et bien que je n'ai pas voté pour lui étant mineur à l'époque, je dois reconnaître avoir été un fervent sarkozyste en 2007. J'avoue avoir été séduit par ses promesses et l'avoir défendu durant la campagne. Evidemment j'en suis revenu depuis et je regrette de m'être laissé berner. Mais aujourd'hui j'ai appris à me méfier des paroles et à me concentrer davantage sur les actes qui sont bien plus révélateurs. Voila au moins un point positif de l'élection de Nicolas Sarkozy. Disons le également, j'ai du mal à comprendre comment les gens peuvent encore croire ce que dit le président sortant. Comment espérer que celui-ci fera après 2012 ce qu'il n'a pas fait en cinq ans ?
 
 Au vu de tous ces éléments, le choix n'est pas forcément aisé. Et la qualité médiocre de la campagne n'a clairement pas facilité la prise de décision. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il y aurait, selon les sondages, environ 35 % d'indécis.
Malgré tout, je ne crois pas qu'il soit si compliqué de choisir. A défaut de réel engouement pour un candidat en particulier, la sélection par élimination me paraît être la moins mauvaise solution.
Si j'appliquais cette méthode à mon propre cas, trois candidats resteraient en lice : Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon. Toutefois, je n'ai pas ce problème là puisque ma décision est prise depuis très longtemps maintenant.
Pour le premier tour de l'élection présidentielle 2012, mon vote sera donc un vote d'adhésion et de conviction. Sans surprise, et en cohérence avec mes prises positions sur ce blog, je glisserai dans l'urne un bulletin Nicolas Dupont-Aignan le 22 avril prochain.
Mais quel que soit votre choix, je vous en conjure, allez voter. Car il s'agit là d'une décision trop importante pour laisser les autres décider à votre place !

2 commentaires:


  1. Bonjour,


    plusieurs de tes interrogations peuvent facilement trouver une réponse.


    Sur le fait que des gens croient encore en Sarkozy : les sarkozystes convaincus sont rares à mon avis, sauf parmi une frange de la population qui serait déconnectée de la réalité. L'essentiel des
    électeurs de Sarkozy le feront par rejet de Hollande.


    Sur le fait que les trostkystes (LO, NPA) présentent deux candidats qui disent à peu près la même chose : ça n'a rien d'étonnant, ils ont toujours tenté de le faire quand ils en avaient les
    moyens. Pourquoi? Parce que les trotksystes ne veulent pas prendre le pouvoir par des élections, mais par la grève générale et/ou les armes. Les élections ne sont que des tribunes, aussi
    multiplient-ils les candidatures pour avoir plus de temps de parole.


    Je ne te suis pas tout à fait sur Cheminade : pour moi, il a sa place dans cette élection. Sur ses soucis financiers, c'est à ses créanciers de le sanctionner, on n'a pas à pratiquer de censure
    politique. Je crains que ton raisonnement disant qu'il ne devrait pas se représenter sans avoir apuré ses comptes n'aboutisse à éliminer de petites formations. D'autant que l'intéressé a donné
    une autre version des faits (d'autres candidats plus gros ont fait validé des comptes plus trafiqués que le sien, mais ont été couverts). Sur le fait qu'il "disparaisse entre chaque élection" :
    qu'en sais-tu? Les médias ne parlent pas de Solidarité & Progrès, c'est tout.


    Bon vote demain !

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  2. Concernant ceux qui votent pour Sarkozy, je suis d'accord qu'une (grande) partie le fait par rejet d'Hollande mais je suis convaincu qu'il y également un certain nombre de personnes qui
    soutiennent l'action du président et qui souhaite réellement sa réélection.


    Egalement d'accord sur les trotskystes. Clairement la présidentielle est une tribune pour eux mais tout de même, il y a un moment où il faut se mettre en cohérence avec ses idées.


    Pour Cheminade, en quoi a-t-il sa place ? Certes on ne parle pas de son parti (sauf pour des affaires de comportement sectaire ...) mais Cheminade s'est présenté à plusieurs reprises aux
    présidentielles et rien aux élections intermédiaires !
    Sur l'aspect financier, peu importe pourquoi ses comptes ont été invalidés. Il doit encore de l'argent à l'Etat donc aux contribuables et je trouve donc problématique de lui accorder à nouveau
    une subvention publique.


     



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