samedi 22 mai 2010

De qui se moque-t-on ?

En plein débat sur les sacrifices nécessaires pour maintenir le système de retraites, la phrase risque d'embarrasser la majorité. Interrogé, mercredi 19 mai par Canal +, sur la définition des "riches" qui seraient taxés pour financer les retraites, le député UMP Hervé Mariton, a expliqué : "Je gagne 5 000 euros par mois, je ne me considère pas comme riche ; c'est le revenu d'un cadre moyen."
Hervé Mariton ignore sans doute la réalité financière du "cadre moyen". Selon l'Insee, le salaire médian (50 % sont au-dessus, 50 % au-dessous) net d'un cadre administratif, comptable ou financier, était de... 2 800 euros en 2007-2008.
Signalons enfin ces chiffres : en 2007, la moitié des Français disposaient d'un revenu inférieur à 18 170 euros par an  (1500 euros par mois).
Source : lemonde.fr
 
Décidément, il semble que les élus de la majorité aiment tendre le bâton pour se faire battre. Ces propos en sont un nouvel exemple. Cette polémique soulève deux questions. La première concerne le seuil à partir duquel on est considéré comme riche. La seconde est relative aux traitements des élus de la République et, plus largement, des politiques en général.
 
Premier point donc, la richesse.
Tout le monde peut aisément citer des personnes riches. Je pense notamment aux patrons du CAC40, aux footballeurs, aux acteurs ... Chacun admet que ces individus sont riches. Pour autant, la notion de "riche" me paraît subjective dès lors que les revenus sont moins mirobolants. Par exemple, un smicard trouvera que son voisin qui touche 3000 € par mois est riche. Or ce même voisin pourra estimer qu'il n'est pas riche, à la différence de son collègue qui lui a un revenu mensuel de 5500 €. Et ainsi de suite.
C'est pourquoi je crois que l'idée de richesse est assez hasardeuse et doit être appréhendée par la comparaison avec autrui. Aussi, il est plutôt difficile d'être riche en soi. Pour moi, on est plus ou moins riche par rapport à quelqu'un.
Pour autant, nous ne sommes pas plus avancés qu'au départ. Or si l'on veut "faire payer les riches", il est indispensable de définir des contours, des critères qui permettent de les identifier. Si je continue mon raisonnement, ce seuil doit être fixé en fonction du reste de la population. On pourrait alors considérer qu'un individu est riche dès lors que ses revenus mensuels dépassent cinq fois le salaire moyen des Français. Ce ratio n'est qu'un exemple mais cette méthode me semble être la plus pertinente et la plus juste.
 
Second point soulevé par cette affaire, les revenus des élus.
Dans ses propos, le député de la Drôme déclare gagner 5000 € par mois. Or, ce chiffre s'avère faux dans la mesure où il bénéficie également des indemnités de maire mais aussi d'avantages en tout genre (indemnités de frais de mandat, billets de train gratuits ...). 
Mais Hervé Mariton n'est (malheureusement) pas le seul à bénéficier de tels revenus. La plupart des élus, de quelque parti que ce soit, jouissent d'indemnités non négligeables qui leur permettent de vivre (très) confortablement. Il faut, en outre, tenir compte des nombreux avantages en nature (véhicule de fonction, logement ...) et de leur système de couverture sociale, et notamment la retraite, plus que favorables.
Pour autant, tous les politiques ne sont pas à mettre dans le même panier. Effectivement, les plus gros privilégiés sont à chercher parmi les parlementaires et dans les ministères et non pas dans les collectivités locales, tout du moins pour leur grande majorité.
 
En ces temps de rigueur où le peuple doit se serrer la ceinture, il me semble normal que toute la société paye pour les errements des banques et des politiques. C'est pourquoi je suis favorable à l'abrogation du bouclier  fiscal, le rétablissement de la progressivité de l'impôt, la suppression de la plupart des niches fiscales mais aussi et surtout à la diminution immédiate des indemnités parlementaires et ministérielles de 20 %.
Aujourd'hui, les classes moyenne et populaire ont l'impression d'être les dindons de la farce au profit des "élites" de la nation. Il me semble donc urgent de rétablir une certaine égalité dans ce pays, notamment face à la fiscalité. Dans le cas contraire, il faudra s'attendre à une explosion sociale et à un retour de la lutte des classes.

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