vendredi 14 mai 2010

L'UE n'est pas une Allemagne bis !

La Commission de Bruxelles a fait mercredi des propositions controversées pour contrôler les budgets des pays européens. La Commission européenne suggère qu'à partir de l'an prochain, les projets de budgets nationaux lui soient soumis, puis examinés par les ministres des Finances européens, avant d'être présentés aux Parlements nationaux. Elle a par ailleurs suggéré à l'avenir de "conditionner" les subventions de l'Union européenne au respect par les pays membres d'une saine discipline budgétaire.
« Le fait que la Commission puisse faire des commentaires à un stade précoce et dire qu’un budget ne correspond en aucun cas aux critères du pacte de stabilité et de croissance n’est pas, selon moi, une mauvaise chose », a aussitôt réagi la chancelière allemande Angela Merkel (CDU).
Plus tôt, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet avait jugé "capital" de "renforcer la surveillance des politiques menées par les uns et les autres sur le plan budgétaire". Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a de son côté appelé mercredi les pays européens à renforcer leur coordination budgétaire, suggérant la possibilité d'effectuer des transferts budgétaires entre Etats.
Source : leparisien.fr
 
Une fois de plus, cette chère Commission s'illustre par des propositions visant à prendre le pas sur les Etats. En effet, ces mesures, si elles sont appliquées, constitueront une nouvelle atteinte à la souveraineté des nations européennes. Ainsi, et même si certains prétendent le contraire, les technocrates de Bruxelles pourront décider, de manière indirecte, des politiques budgétaires à mettre en oeuvre. Cela sera tout simple puisqu'en cas de refus d'inflexion de la part d'un Etat, celui-ci risquera de se voir supprimer ses subventions, sous prétexte d'un manque de rigueur.
Cela est tout simplement honteux. Pour autant, cela n'a rien de surprenant de la part de Barroso et de ses sbires.
 
Le plus inquiétant dans cette histoire est que certains pays approuvent ce "hold-up" démocratique et l'encouragent même. En réalité, par certains pays, il faut comprendre Allemagne. Effectivement, Berlin mène depuis des années une politique de rigueur permanente, avec des prestations sociales faibles et une limitation des salaires et ce afin de maintenir sa compétitivité à l'exportation. Il est donc difficile pour les Allemands qui se serrent la ceinture de payer pour d'autres alors que ces derniers vivent, prétendument, au dessus de leurs moyens. C'est d'ailleurs pour ces raisons que Merkel a trainé les pieds pour accepter le plan de sauvetage de la Grèce.
 
Malgré tout, il semblerait que l'Allemagne ait réussi à imposer son modèle au niveau européen. De fait, tous les pays ont adopté ou vont adopter des plans d'austérité pour les années à venir. En outre, il paraît presque acquis que Jean-Claude Trichet sera remplacé par un Allemand quand son mandat à la tête de la BCE (Banque Centrale Européenne) arrivera à échéance en 2011.
Mais cela n'est pas nouveau dans l'UE. Ainsi, et plusieurs économistes le confirment, l'euro a été calqué sur le deutschemark afin de le faire mieux accepter par l'Allemagne. De même, l'autisme de la BCE est lui aussi impulsé par ce pays.
 
Depuis les fondements de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier), le couple franco-allemand a toujours occupé une place prépondérante. Cela s'explique notamment par la volonté de la France, au travers du général De Gaulle, de tendre la main au vaincu afin d'aller de l'avant suite à la seconde guerre mondiale. Depuis, les présidents successifs ont oeuvré à entretenir cette relation. Toutefois, il apparaît clairement que l'Allemagne cherche à prendre la direction de l'UE ou tout du moins de peser davantage dans les décisions, et cela aux dépends des autres nations et surtout de la France. L'analyse de la gestion des différentes crises (politique,  financière, économique et militaire) de ces dernières années vient clairement appuyer ces affirmations.
 
Personnellement, je crois qu'il est grand temps de mettre un terme à ce prétendu couple franco-allemand qui, selon moi, ne se justifie pas/plus. Depuis longtemps déjà, je suis un fervent défenseur de la mise en place d'une union latine regroupant la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Celle-ci permettrait de créer un groupement de pays ayant une histoire, une culture, une économie assez similaires.
Je crois également que cette stratégie devrait être appliquée à l'ensemble de l'UE afin de créer des ensembles homogènes de nations dans le but de renforcer les coopérations interétatiques mais aussi de faciliter le fonctionnement de l'Europe.
En outre, ces blocs constitueraient des zones monétaires optimales où il serait possible d'instaurer une monnaie unique, une politique économique commune et surtout une certaine forme de protectionnisme.
 
Malheureusement, il est clair que nos dirigeants prennent une toute autre direction. En effet, nous nous dirigeons vers un élargissement toujours plus important avec la future intégration de la Croatie ou encore l'entrée de l'Estonie dans la zone euro début 2011.
Pour autant, il est possible que la crise de la dette qui se joue actuellement permette une prise de conscience de la part des dirigeants européens mais aussi des peuples, qui seront les premiers concernés par de telles évolutions. Les Grecs pouvant tout à fait le confirmer ...

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