lundi 28 mars 2011

Retour sur les cantonales

Et bien voila, la dernière élection cantonale vient de se terminer en cette année 2011. En effet, à partir de 2014, les conseillers généraux et régionaux seront fusionnés en une seule entité : les conseillers territoriaux. Malgré tout, cette ultime élection cantonale n'en mérite pas moins un petit débriefing.
Il ne s'agit pas là de décortiquer dans le détail ce scrutin mais davantage de s'intéresser aux grandes tendances qui s'en sont dégagées. Ainsi, quatre éléments méritent, selon moi, que l'on s'y attarde.
 
Le premier point que l'on peut voir est le résultat de la majorité présidentielle (UMP + NC + autres partis associés). Cette élection, malgré les dires de ses principaux responsables, est un nouvel échec. Cela n'est pas vraiment étonnant lorsque l'on voit la popularité du président. Pour autant, il convient de nuancer ses propos dans la mesure où l'UMP conserve tout de même quelques bastions. On peut alors remarquer que ce parti arrive à préserver un socle électoral non négligeable, qui s'explique par le fait que l'électorat de droite (seniors, professions libérales ...) ne sont pas véritablement coutumiers de l'abstention.
 
Ensuite, le score du PS, ou plus largement de la gauche, est assez surprenant. Effectivement, on pouvait assez légitimement s'attendre à une vague rose. Or, il s'avère que finalement ce raz de marée n'a pas eu lieu, bien au contraire. Il est clair que le PS, premier parti d'opposition, n'a pas su capitaliser le mécontentement des Français et n'en a profité qu'à la marge.
Comme depuis quelques années déjà, le Parti Socialiste n'arrive pas à incarner une véritable alternative ni à se défaire de ses démons. En effet, il règne depuis longtemps une certaine cacophonie au sein des instances de décision, en raison notamment de la multiplicité des leaders. Ainsi, à l'inverse de la droite, le PS n'a jamais vraiment réussi à se ranger derrière un chef. En outre, le vide programmatique, réel ou ressenti, conduit les électeurs à se détourner de la gauche de gouvernement.
Malgré la défaite de 2007, défaite qui n'aurait jamais dû arriver après 12 ans de Chirac, il semblerait que les socialistes persistent dans la même direction. Ainsi, nous sommes aujourd'hui à un an de l'élection présidentielle et le candidat n'est toujours pas désigné. De même, le programme, bien qu'en cours d'élaboration, sera une nouvelle fois imposé au candidat qui ne disposera alors que d'une marge de manoeuvre limitée.
 
Contrairement aux deux précédemment partis, une troisième formation politique, le Front National, a su tirer son épingle du jeu. Alors bien sur on est loin de la vague bleue marine annoncée puisque seuls deux conseillers généraux FN ont été élus. Malgré tout, il est clair que ce scrutin peut être une source de satisfaction pour Marine Le Pen qui poursuit sa quête de respectabilité et sa course à la dédiabolisation. En effet, il faut remarquer qu'un certain nombre de candidats frontistes ont réalisé des scores non négligeables et surtout ont réussi à accroître leur nombre de voix entre les deux tours. La jeune leader est donc en train de gagner son pari de normaliser son parti et séduit un électorat plus large qui ne choisit plus ce bulletin uniquement par contestation.
Parallèlement à tout cela, j'aimerais revenir sur un évènement qui est intervenu entre les deux tours dans ma région. Effectivement, le candidat frontiste sur Grenoble 6 a été suspendu par le parti suite à la découverte de photos le montrant faisant le salut nazi. Comme on pouvait s'y attendre les politiques locaux ont crié au scandale ... alors même que lesdites photos étaient déjà sorties à l'occasion des élections régionales de 2010. A titre personnel, je croyais que ces révélations allaient desservir le candidat et le pénaliser dans les urnes. Or il s'avère que ce ne fut pas le cas puisque ce dernier a amélioré son score en nombre de voix. En outre, cette affaire constitue un coup de pub formidable pour le FN. En effet, les instances dirigeantes ont rapidement suspendu le candidat qui risque, officiellement, une exclusion. Cette décision vient alors appuyer le discours de Marine Le Pen qui souhaite "épurer" son parti.
 
Enfin, il semble inimaginable de parler d'une élection sans mentionner l'abstention. Clairement les abstentionnistes sont les grands gagnants de ce suffrage. Il est toujours difficile de connaître précisément les raisons de ce refus de voter. On peut néanmoins avancer l'hypothèse que les Français sont déçus voire dégoûtés par la/les politique(s) et expriment alors par ce biais leur mécontentement. De plus, on peut également penser que le fait que cette élection ait un enjeu faible, qu'elle ne soit couplée avec aucune autre et que seule une partie du pays soit appelée aux urnes n'ait en rien arrangé les choses.
 
Comme c'est le cas après chaque élection connaissant un fort taux d'abstention, l'idée de rendre le vote obligatoire refait surface. Je dois avouer que je suis assez partagé sur cette question. D'un côté, je pense que l'abstention est un fléau pour notre démocratie dans la mesure où elle pose la question de la légitimité de nos dirigeants. De plus, il ne faut pas oublier que voter est un devoir citoyen et que des millions d'individus se battent ou risquent leur vie pour pouvoir voter.
A l'inverse, je crois que le vote doit rester un droit qui vise à l'expression populaire et ne doit donc pas, de ce fait, représenter une contrainte. Pour autant, d'autres pays ont mis en place ce système et leur population ne s'en porte pas forcément plus mal. Il pourrait alors être intéressant d'étudier nos voisins et de poser clairement le débat, quitte à prendre une décision par référendum.  
Par ailleurs, je crois qu'il est grand temps de reconnaître le vote blanc tant il représente un choix pour les citoyens. Car aujourd'hui voter blanc ou s'abstenir revient finalement au même. Cette reconnaissance est d'autant plus indispensable que le vote sera rendu obligatoire.
 
Alors au final, est-ce que les cantonales de 2011 sont un tour de chauffe pour la présidentielle et les législatives de 2012 ? Difficile à dire tant il peut s'en passer des choses d'ici là. Malgré tout, on peut en retirer des enseignements pour le futur : l'UMP est au plus bas et risque d'entrer en crise, le PS a du mal à être crédible, le FN continue à gagner en audience.
Partant de cet état de fait, chaque formation politique va devoir travailler sur elle-même pour atténuer ses faiblesses. Mais il ne suffira pas, je crois, de se regarder le nombril. Au contraire, il me semble plus que souhaitable que nos responsables politiques commencent réellement à s'intéresser aux Français et à leurs problèmes afin d'être en mesure de leur proposer de vraies solutions de long terme et plus seulement de petites réponses comme c'est le cas depuis des décennies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire