dimanche 13 mars 2011

Tous pour un ou un pour tous ?

Décidément, le sondage Harris Interactive de la semaine dernière ne cesse de faire parler. En effet, chacun y est allé de son analyse afin d'expliquer cette percée de Marine Le Pen. Depuis, la tension ne semble pas encore totalement redescendue dans la classe politique. Malgré la parution de nouveaux sondages qui viennent nuancer les premiers résultats, on peut remarquer que la qualification du Front National au second tour est une hypothèse plus que vraisemblable.  
 
Parallèlement à ces sondages, le souvenir du 21 avril 2002 tend à entretenir l'obsession qui s'est emparée des  différentes formations politiques. A 14 mois de l'élection présidentielle, la gauche et la droite commencent à faire les comptes et s'inquiètent d'une éventuelle élimination dès le premier tour. Les semaines et les mois à venir risquent donc d'être consacrés à l'avènement de la politique politicienne afin d'essayer au maximum de "faire place nette" pour les partis dominants.
 
Mais revenons quelques années plus tôt pour mieux comprendre la situation actuelle.
En 2002, Lionel Jospin et le PS sont éliminés du second tour de l'élection présidentielle qui voit s'affronter Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Ce "choc" eu deux conséquences importantes : l'élection d'un président français avec un score soviétique et la retrait de la vie politique d'un premier ministre en exercice.
Outre ces deux éléments, on pouvait s'attendre à ce que cet évènement historique dans l'histoire de notre pays conduise à une certaine remise en cause tant au niveau idéologique qu'organisationnel et tactique. Or cela ne fut vraisemblablement pas le cas. Ainsi, l'argument premier (unique ?) expliquant l'échec du parti socialiste était la multiplication de candidatures à gauche (Jean-Pierre Chevènement, Christiane Taubira ...) qui aurait conduit à un éparpillement des voix.
 
Aujourd'hui, il semblerait que les leçons du passé n'aient pas forcément été retenues. Effectivement, on peut remarquer que le PS et l'UMP ont cherché/cherchent/vont chercher à limiter le nombre de candidats à l'élection présidentielle afin de ne pas revivre un éventuel 21 avril à l'endroit ou à l'envers.
Concrètement, les manoeuvres stratégiques ont déjà débuté. Ainsi, Nicolas Sarkozy va faire son possible pour éviter une candidature centriste (Borloo, Morin ...) mais aussi une dissidence au sein de son propre parti (Villepin). Bref, le président souhaiterait être le seul à se présenter à droite. A gauche, l'objectif est le même bien que celui-ci soit plus difficile à réaliser. On peut éventuellement penser à un abandon d'Europe Ecologie-les Verts en échange de places aux législatives mais rien n'est gagné concernant le Front de Gauche.
 
On peut alors s'interroger sur la pertinence et la légitimité d'une telle stratégie.
Personnellement, je crois que le pluralisme politique est une chance pour la démocratie. De plus, je crois que notre pays n'aurait rien à gagner dans un bipartisme à l'américaine. Il me semble donc nécessaire et indispensable d'avoir plusieurs candidats à l'élection présidentielle.
Pour autant, je ne suis pas sur que toutes les candidatures soient légitimes. En effet, le foisonnement de candidats, à l'inverse, n'est pas une bonne chose non plus et peut s'avérer contre-productif. Je crois qu'une candidature se justifie si elle permet de porter un projet différent des autres. Dans le cas contraire, je pense que cela est inutile.
Clairement le problème se pose principalement à droite. Effectivement, qu'est ce qui distingue vraiment Sarkozy, Fillon, Borloo, Morin voire même Villepin qui sont tous issus de la même famille politique, qui ont tous gouverné ensemble ? Pour moi, pas grand chose sur le fond ou tout du moins pas suffisamment pour justifier une candidature.
A gauche, le problème est sensiblement plus complexe dans la mesure où il existe de grandes disparités, en lien avec l'histoire de la gauche. A mon sens la candidature des verts est contre-productive, de même que la multiplication des partis d'extrême gauche.
 
Alors bien sûr, je n'ai aucune légitimité pour juger de la pertinence d'une candidature. D'ailleurs, la barrière des 500 signatures permet un premier filtrage. De plus, le peuple sera en dernier recours le seul juge.
Pour autant, je crois que l'élection présidentielle doit être une tribune permettant d'exprimer un projet, de présenter une alternative et non un moyen d'obtenir un quelconque strapontin ou autre privilège.
 
Au final, je pense que le credo de la candidature unique n'est pas une bonne chose. La France n'est pas la Chine ou feu l'URSS. La France est un pays démocratique où le pluralisme politique doit pouvoir s'exprimer librement.
La formule des mousquetaires ne doit donc pas être "tous pour un" mais bien "un pour tous" !

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