vendredi 25 mars 2011

Guéant frôle le néant

Pauvre Nicolas Sarkozy ! Décidément, notre cher président de la République n'est vraiment pas aidé. Alors même que ce dernier souhaitait mettre en place une équipe d'expérience en vue de 2012, il s'est avéré que les derniers remaniements ont été de profonds échecs. Après Brice Hortefeux et ses procès puis Michèle Alliot-Marie et ses voyages, voilà que Claude Guéant, ex grand manitou de l'Elysée et actuel ministre de l'Intérieur, se met lui aussi à déraper.
 
Clairement ces derniers jours ont été le théâtre de multiples sorties médiatiques désastreuses pour le premier flic de France. Pour rappel, voici les propos à l'origine de la polémique :
- "le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies."
- "les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne doivent pas non plus."
 
Alors bien sûr certains trouveront que la controverse est facile voire même déplacée. Pour autant, il faut bien reconnaître que le locataire de la place Beauvau, de manière consciente ou non, met les pieds dans le plat.
Mais reprenons ces déclarations dans le détail.
 
Tout d'abord Claude Guéant a utilisé le terme de "croisade" pour parler de l'opération en Libye. Personnellement, et malgré ses démentis, je crois que ce mot n'a pas été utilisé de manière innocente. En effet, il est clair que celui-ci revêt une connotation historique forte et fait indéniablement référence aux guerres entre chrétiens et musulmans au Moyen-âge. On peut alors légitimement s'interroger sur les arrière-pensées du ministre, et ce d'autant plus que l'intervention en Libye tend à devenir une intervention purement occidentale.
 
Par la suite, le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur les signes religieux dans les services publics, en perspective du futur débat sur la laïcité. Cette déclaration ne me semble pas condamnable en soi. Malgré tout, cette dernière me semble inappropriée à l'heure actuelle. De plus, je ne suis pas sûr que celle-ci soit justifiée sur le fond. Effectivement, cette phrase induit que les personnes portant un signe religieux devra soit l'ôter soit renoncer à utiliser les services publics. Cela pose bien évidemment d'importants problèmes dans la mesure où les signes religieux sont multiples (voile, kippa, crucifix ...) et les services publics vastes (poste, mairie, transports ...).
 
Une fois n'est pas coutume, un membre de l'UMP commet à nouveau une bourde. Cela n'est évidemment pas la première fois et on peut même dire que cela devient habituel (voir les propos de Chantal Brunel ou d'autres députés). Pour autant, je ne suis pas convaincu que toutes ces déclarations soient des dérapages involontaires. De fait, le succès croissant du FN commence sérieusement à inquiéter le pouvoir en place. On pourrait alors interpréter ces propos comme un fragment d'une véritable course à l'échalote entre les deux partis, l'un cherchant à dépasser l'autre sur sa droite. D'ailleurs, les récentes saillies sur l'islam et les musulmans l'illustrent à merveille.
 
Pour finir, il me semble nécessaire de rappeler que Claude Guéant est un ministre de la République en exercice. De ce fait, il devrait être tenu à une certaine exemplarité, tant dans les actes que dans les mots. Il en va de même de tous nos élus et ce quelles que soient leurs responsabilités.
Que le début de mandat est loin ... Depuis, la "République irréprochable" s'est, semble-t-il, transformée en République des reproches.

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