mercredi 13 avril 2011

Côte d'Ivoire : et maintenant ?

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été arrêté lundi à l'issue d'une offensive généralisée des forces de son rival Alassane Ouattara, appuyées par les moyens aériens et blindés des forces françaises et de la mission des Nations unies (Onuci). "Laurent Gbagbo a été arrêté par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) et conduit à l'hôtel du Golf (QG du camp Ouattara) par les FRCI", a déclaré l'ambassadeur de France, Jean-Marc Simon.
Dans la soirée, Laurent Gbagbo a lancé un appel à l'arrêt des affrontements en Côte d'Ivoire. "Je souhaite qu'on arrête les armes et qu'on rentre dans la partie civile de la crise, et qu'on conclue rapidement pour que le pays reprenne", a-t-il déclaré à la télévision TCI du nouveau président, Alassane Ouattara.
Source : lepoint.fr
 
Et bien voilà, après plusieurs semaines voire même plusieurs mois, Laurent Gbagbo est finalement tombé. Pour autant, cette arrestation ne doit pas être une fin en soi mais au contraire le début d'une nouvelle étape. En effet, il apparaît clairement que tout est à reconstruire dans un pays mis à feu et à sang par les combats.
 
Aujourd'hui donc, la Côte d'Ivoire possède à sa tête son président "légitime". Néanmoins, je ne suis pas sûr que cela permette d'arranger rapidement les choses tant ce pays rencontre de problèmes.
Tout d'abord, on peut douter de la fiabilité des élections. De fait, comment être sûr qu'Alassane Ouattara a réellement été élu ? L'Afrique n'étant pas connu pour sa grande transparence électorale, il est tout à fait possible que les deux candidats aient triché. C'est d'ailleurs cette incertitude qui est à l'origine du conflit.
Ensuite, on peut remarquer que la population est profondément divisée entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo. Chaque camp cherchant alors à soutenir son poulain a pris les armes et commis de nombreuses exactions. Ainsi, viols, massacres et autres pillages ont été le lot quotidien des Ivoiriens pendant de longues semaines. Notons également que ce morcellement de la population est aggravé par des considérations ethniques.
Enfin, il ne faut pas oublier de rajouter à tout cela le volet socio-économique. Effectivement, et malgré une industrie du cacao florissante, la situation économique de la Côte d'Ivoire n'est pas idéale. Il en est de même des conditions de vie qui restent, pour la plupart des habitants, plus que précaires.
 
Bref, il est indéniable que l'équipe d'Alassane Ouattara a du pain sur la planche afin de relever le pays et surtout de retrouver une certaine stabilité. Mais comme si la tâche n'est pas assez difficile, il existe un élément de plus qui va considérablement compliquer les choses. Il s'agit évidemment des conditions d'arrivée au pouvoir du président en place. D'ailleurs, certaines critiques ont déjà commencé à se faire entendre.
Il sera donc difficile pour le nouveau président de rassembler le pays derrière lui alors que ce dernier a bénéficié de l'aide de la communauté internationale. Concrètement, Ouattara est suspecté d'être le candidat de l'étranger et d'agir dans l'intérêt d'autres puissances, au premier rang desquelles la France.
 
Mais justement abordons maintenant le cas de l'intervention de la France en Côte d'Ivoire.
Depuis des années maintenant et depuis 2002 plus précisément, la France est présente, sous mandat de l'ONU, sur le sol ivoirien par le biais de la force Licorne. Récemment, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nation Unies, au travers de la résolution 1975 du conseil de sécurité a sollicité un engagement supplémentaire de l'armée française afin de protéger les ressortissants étrangers, d'apporter un soutien à l'Onuci et de détruire les armes lourdes des forces pro-Gbagbo utilisées contre des civils. Pour résumer, la France avait pour mission de protéger et d'assurer la sécurité des civils ivoiriens et étrangers.
Malgré tout, il semblerait que nous ayons outrepassé nos prérogatives. En effet, et même si un certain flou règne encore, nos forces armées auraient participé à l'assaut contre la résidence de Laurent Gbagbo aux côtés des soldats d'Alassane Ouattara. De même, il apparaît que nous avons militairement soutenu l'armée pro-Ouattara.
 
Au vu de ces agissements, on peut alors qualifier l'intervention française d'ingérence dans les affaires ivoiriennes. Bien que favorable à la protection des civils, qui ne sont que des dommages collatéraux d'une lutte pour le pouvoir et l'argent, je crois que nos soldats n'auraient pas du contribuer à la destitution de Gbagbo. Cela d'autant plus que Ouattara n'est pas exempt de toute critique.
 
Alors que je me félicitais il y a peu du retour de la France sur la scène internationale, je ne peux que me désoler que notre pays viole la souveraineté d'un Etat.
Une fois n'est pas coutume, cette intervention va à l'encontre des dires de Nicolas Sarkozy qui voulait mettre un terme à la Françafrique. Au vu de notre détermination à soutenir Alassane Ouattara, on peut légitimement s'interroger sur son motif réel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire