dimanche 10 avril 2011

Parce que la droite, aussi, est plurielle

Dans un récent article, je mentionnais le départ de l'UMP de Jean-Louis Borloo. A cette occasion, je me suis interrogé sur la crédibilité de son éventuelle mais probable candidature à l'élection présidentielle.
Bien qu'attendue depuis longtemps, cette sécession pose la question de l'avenir de l'UMP. En effet, certains voient en cet acte une condamnation à mort du parti présidentiel, parti dont l'unité était déjà bien entamée.
Alors 2011 sera-t-elle l'année de la disparition de l'UMP ? C'est la question qui m'intéresse aujourd'hui.
 
L'UMP (Union pour la Majorité Présidentielle puis Union pour un Mouvement Populaire) fut créée le 23 avril 2002, entre les deux tours de la présidentielle. L'objectif était d'"unir les forces politiques de toutes les droites" en une seule entité. Concrètement, cela s'est traduit par la réunion de trois familles politiques : les gaullistes (RPR), les libéraux (Démocratie Libérale) et les centristes (UDF, Parti Radical, Chrétiens-démocrates).
 
Officiellement, la persistance de sensibilités au sein du parti devait être possible afin de préserver le débat. Néanmoins, cela ne fut pas le cas et l'UMP parlait d'une seule voix pour mener son chef à la victoire. Pour autant, et on le voit bien aujourd'hui, cette situation n'est pas éternellement tenable. Effectivement, il paraît difficile de museler indéfiniment les différents courants de pensée, sauf à avoir recours à quelques stratagèmes au premier lieu desquels la carotte et le bâton.
 
Alors bien sûr ma légitimité pour critiquer cette entreprise est réduite du fait de ma faible expérience politique. Cependant, je dispose de quelques connaissances en management qui m'amènent à penser que ce rassemblement, s'il partait d'un bon sentiment, n'a pas été correctement appréhendé et était alors voué à l'échec à plus ou moins long terme. Il faut toutefois reconnaître que Nicolas Sarkozy, de par son style notamment, n'a fait qu'accélérer son dénouement.
 
Aujourd'hui donc Jean-Louis Borloo largue les amarres du bateau UMP avec très probablement une grande partie des centristes. De même, Christine Boutin et son Parti Chrétien-Démocrate (PCD) devraient prendre la même direction. Le parti présidentiel se retrouve alors sans une de ses composantes les plus importantes et risque alors, de ce fait, de rapidement chanceler même si son sort ne semble pas encore scellé à l'heure actuelle.
Les prochaines semaines et les prochains mois seront donc probablement très instructifs à ce niveau là.
 
Comme je l'ai indiqué, je ne suis pas partisan de l'entité unique. En effet, rien ne serait pire pour notre démocratie que l'avènement d'un bipartisme à l'américaine. En conséquence, il pourrait être intéressant de redistribuer complètement les cartes à droite en la réorganisant en profondeur.
 
Mais en pratique, qu'est ce que cela donnerait ?
Personnellement, je pense qu'un retour à plusieurs formations politiques à droite ne serait pas une mauvaise chose. Pour dire vrai, je crois même que cela permettrait de proposer aux Français une offre et des projets plus variés et peut-être plus proches de leurs attentes.
 
Dans mon esprit, cette nouvelle organisation serait assez proche de celle de la droite pré-UMP avec une articulation en trois pôles :
- les centristes. Il s'agirait en quelque sorte de "ressusciter" l'ancienne UDF. Au niveau idéologique, cette formation serait très européiste et tendrait vers un fédéralisme européen. De même, celle-ci serait adepte du capitalisme sans réelle remise en question du système, avec toutefois quelques adaptations à la marge. On retrouverait notamment au sein de ce groupe les Radicaux (Borloo), le Nouveau Centre (Morin), le Modem (Bayrou), République Solidaire (Villepin), la Gauche Moderne (Bockel) ...
- les libéraux. Je vois ce pôle comme la version française des conservateurs américains. En clair, ce sont des partisans du libéralisme voire de l'ultralibéralisme qui prônent un retrait massif de l'Etat. En parallèle, ces derniers seraient très conservateurs sur le plan moral.
- les gaullistes. L'intitulé ne me convient pas forcément mais je n'en ai pas vraiment d'autres. A la rigueur, on pourrait dire les souverainistes. Il existe clairement des convergences avec les centristes sur certains sujets mais des divergences importantes subsistent. Je pense notamment à la conception de la nation et donc de la question européenne mais également du rôle de l'Etat dans l'économie.
 
Évidemment, et je vous le concède volontiers, cette vision des choses peut être considérée comme optimiste voire même naïve ou pire complètement délirante. Pour autant, cela ne paraît pas impossible dans la mesure où une telle configuration était une réalité il y a quelques années.
 
Finalement, répondre à la question première n'est pas chose aisée. En effet, il est difficile, sauf à faire de la politique fiction, d'arriver à anticiper de manière certaine les décisions à venir. En outre, tout un tas d'évènements peuvent intervenir dans les prochains jours, changeant alors complètement la donne.
Pour le moment, je ne sais donc pas si l'UMP va réussir à surmonter sa crise interne. Néanmoins, il serait peut-être souhaitable que cela ne soit pas le cas afin que puisse émerger une réelle alternative à droite.

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