jeudi 15 décembre 2011

Villepin candidat : jusqu'à quand ?

Contre toute attente, voire toute logique, Dominique de Villepin a finalement annoncé sa candidature à l'élection présidentielle dimanche dernier. Cette déclaration fut assez surprenante dans la mesure où beaucoup s'attendaient à ce que l'ancien premier ministre se défile.
Cela n'aurait été en effet que la suite logique de son cheminement : une prise de distance avec le pouvoir, une phase d'affrontement direct puis une mise en retrait couplée à un rapprochement  avec la majorité et enfin un ralliement au président sortant.
Pour autant, DDV comme on l'appelle sur le net, ne semble pas avoir voulu suivre ce cheminement. Ou alors pas dans le timing auquel on s'attendait.
 
Maintenant la question est de savoir comment va évoluer cette candidature. Une montée en puissance à la Hollande ou un pschitt à la Borloo ? Y répondre à l'heure actuelle est assez compliqué mais on peut toutefois se pencher sur le cas Villepin pour y voir plus clair.
Commençons tout d'abord par l'environnement proche du candidat. Cela étant plutôt rapide dans la mesure où Dominique de Villepin est relativement seul et isolé. De fait, ses soutiens ont, pour la plupart, été débauchés par Nicolas Sarkozy (Montchamp, Le Maire, Tron ...). De plus, son parti, République Solidaire, ne semble pas être une machine de guerre prête au combat électoral (peu de moyens, structuration précaire ...). D'ailleurs, Villepin s'est lui-même mis en retrait de ce mouvement, ce qui n'est pas de bon augure.
Continuons ensuite avec son passé. DDV a occupé plusieurs postes d'importance au sein de la République. Si l'on se souvient surtout, voire uniquement, de son discours à l'ONU contre la guerre en Irak en 2003 lors de son passage au ministère des affaires étrangères ou de la dissolution de l'Assemblée nationale de 1997 en tant que secrétaire général de l'Elysée, il ne faut pas oublier que Dominique de Villepin a également été premier ministre avec notamment quelques faits d'armes moins glorieux à son actif : CPE, privatisation des autoroutes, oui au TCE ...
Enfin, il est à noter que de nombreuses affaires judiciaires commencent à s'amonceler : Clearstream, Karachi, Relais et Châteaux, ce qui commence à faire beaucoup pour un seul "innocent".
 
Il est maintenant intéressant de rapprocher les éléments ci-dessus à la déclaration de candidature. En premier lieu, Villepin se déclare gaulliste. Ce terme, grandement galvaudé, est très à la mode en ce moment pour se poser en homme droit et honnête. Pour autant, il ne suffit pas de se dire gaulliste, comme Sarkozy par exemple, pour l'être vraiment. De fait, au-delà des mots et des postures, c'est bel et bien à travers les actes que l'on peut juger si l'étiquette est appropriée ou s'il ne s'agit que d'une usurpation et d'une manoeuvre de communication. Effectivement, le côté fédéraliste et libéral de DDV ainsi que ses choix lors de son passage au pouvoir sont en total contradiction avec l'héritage du général de Gaulle.
En outre, Villepin se veut au dessus des partis. Il s'agit là encore d'une posture qui est plus facile à tenir lorsque l'on n'a pas de mouvement derrière soi. Gageons que le discours serait différent s'il avait pu s'appuyer sur un parti aussi puissant que l'UMP.
 
Parallèlement à cet enfumage médiatique, il me semble également important d'examiner le contenu programmatique du candidat. J'avais déjà réalisé cet exercice dans un précédent article et ne le referai donc pas ici dans la mesure où depuis lors rien de concret n'a été réellement annoncé.
En revanche, et si les ambitions de Dominique de Villepin ne sont pas uniquement personnelles, on peut alors s'interroger sur la pertinence d'une telle candidature. Ainsi, qu'est ce qui sépare fondamentalement Hervé Morin, François Bayrou, Dominique de Villepin, si ce n'est des questions d'ego et de politique politicienne ? A mon sens rien d'insurmontable au niveau idéologique.
Et c'est bien là tout le problème. Sur ces trois individus, deux sont de trop. Selon moi, seul Bayrou a légitimité et le potentiel pour se présenter. Aussi, un ralliement des deux précédents larrons au troisième serait plutôt logique.
 
S'agissant de Dominique de Villepin, il est cependant peu probable que celui-ci se range derrière Bayrou. Néanmoins, rien ne dit non plus que sa candidature ira jusqu'à son terme. Personnellement, je crois qu'il est tout à fait envisageable, voire même probable, qu'un ralliement à Nicolas Sarkozy se fasse dans les mois à venir. Cela sera d'autant plus rapide que la chasse aux parrainages sera compliquée.
En outre, cette candidature peut également être interprétée comme un moyen d'obtenir une plus grosse contrepartie qu'à l'heure actuelle en échange d'un retrait et d'un soutien.
 
Pour résumer, Dominique de Villepin est candidat à l'élection présidentielle. Beaucoup s'interrogent sur son programme, ses raisons ... Moi, ce qui m'intéresse le plus c'est la date du futur retrait de cette candidature en carton.

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