mercredi 7 décembre 2011

Bayrou ou l'homme qui croyait en son destin

Sans surprise, ni voire même sans aucun suspense, François Bayrou a finalement officialisé sa candidature pour 2012 cet après-midi à la maison de la chimie à Paris. Il s'agissait bien évidemment d'une formalité tant cette annonce était attendu depuis longtemps. Cela fut pourtant l'occasion d'une opération de communication qui se poursuivra ce week-end à Pau.
 
Après 2002 et 2007, François Bayrou repart donc pour une troisième campagne présidentielle et souhaite bien y jouer un rôle majeur. Malgré tout, cela ne sera pas simple tant le président du Modem a perdu l'aura qui l'entourait suite à son très bon score de 2007. Le troisième homme de l'époque fait ainsi la course en quatrième position, loin derrière Marine Le Pen et juste devant Jean-Luc Mélenchon.
 
Mais cela est-il si surprenant ? Pas vraiment en réalité lorsque l'on se penche quelque peu sur le parcours du Béarnais. Clairement, Bayrou était l'homme fort de 2007, le faiseur de roi même. Pour autant, son non choix et les faibles résultats électoraux de son parti par la suite ont contribué à affaiblir le candidat. De fait, le Modem s'est lamentablement fait écrasé à tous les scrutins intermédiaires, faisant les frais de sa mise en retrait d'avec l'UMP.
 
Mais outre des problématiques de pure politique politicienne, il me semble que le centriste a également perdu la bataille des idées, notamment en ne réussissant pas à capitaliser sur son succès d'antan. Pour dire vrai, cela me paraît assez cohérent dans la mesure où le potentiel électoral de Bayrou est assez minime. Les 18 % de 2007 s'expliquant principalement par le rejet conjoint de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy, le candidat de l'UDF ayant surfé sur la vague du ni-ni.
 
Certains disent aujourd'hui que Bayrou était en avance sur les autres concernant les questions de la dette. C'est un fait. Les centristes ont toujours exprimé la volonté d'une meilleure maîtrise des finances publiques et d'une lutte contre l'endettement. Pour autant, cette différence n'existe plus aujourd'hui puisque tous les candidats se sont rangés derrière cette idée.
Il a donc été nécessaire de développer une nouvelle pensée qui se résume en deux mots : produire et instruire, qui deviennent alors son nouveau cheval de bataille. Cependant, et une fois de plus, cela n'a rien d'innovant dans la mesure où tout le monde peut se rejoindre sur ces notions.
 
Là où le bât blesse c'est lorsque l'on creuse légèrement ces concepts. On tombe alors sur ... rien ou pas grand chose de concret en tout cas. Et je crois que c'est une énorme faiblesse du candidat qui reste au niveau de l'idée sans proposer réellement de mesures concrètes ou alors sans expliciter les moyens de parvenir à l'objectif fixé.
Toutefois, pour être honnête, il faut reconnaître que le programme du centriste n'est pas uniquement du vent. En revanche, il est certain que le dogmatisme européen du très européiste François Bayrou va grandement le handicaper dans la mise en oeuvre de son programme.
 
Bayrou, qui se veut un candidat antisystème et différent, se retrouve donc comme ses petits camarades de l'UMP et du PS empêtré dans un carcan bruxellois qui l'empêchera de diriger vraiment le pays. Celui-ci sera alors pieds et poings liés comme l'est actuellement Nicolas Sarkozy et comme le serait tout autant François Hollande.
 
Et justement, en parlant des deux autres candidats à la présidentielle, on peut légitimement se demander ce qui différencie Bayrou d'Hollande et de Sarkozy. A priori, et sans avoir examiné en détail les propositions de chacun, il semblerait que les trois soient relativement interchangeables. Je ne dis pas que les trois sont identiques mais il est clair que sur certains points essentiels (UE, capitalisme, mondialisation ...) les candidats, et plus largement leurs partis respectifs, ont une forte convergence : volonté de davantage d'intégration européenne, soumission aux marchés et rejet du protectionnisme.
Alors bien sûr des divergences subsistent et c'est bien normal mais ce ne sont généralement que sur des éléments marginaux ou sur des aspects secondaires. Pour preuve, les votes de l'UMP, du PS et du Modem au Parlement européen, qui conditionne grandement la politique de notre pays, présentent étrangement de fortes similarités la plupart du temps.
 
Il est donc bel et bien légitime de s'interroger sur l'opportunité d'une candidature de François Bayrou à l'élection présidentielle. Et cela d'autant plus que cette candidature n'apporte que peu de choses au débat d'idées. Il y alors fort à parier qu'une question d'ego est en jeu, ce qui ne serait pas la première fois et serait dans la droite lignée de la création du Modem qui semble davantage être un rassemblement de supporters qu'une force de proposition et de réflexion.

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