samedi 4 février 2012

Les Etats généraux du Renouveau - Partie 4

Et pour finir, les débats du dimanche
 
 - Y-a-t-il une gauche moderne ?
Cécile Pavageau (membre des Gracques) - Guillaume Hannezo (membre des Gracques) - Bernard Spitz (membre des Gracques) - Modérateur : Nicolas Demorand (Libération)
De ce débat, assez décevant puisque sans réel débat au final, est ressortie une définition de la gauche moderne : il s'agirait d'une gauche réaliste qui peut gagner deux élections de suite en s'appuyant sur son bilan. On est bien avancé ça. Pas de développement des valeurs ni des propositions prônées par cette fameuse gauche moderne. Mais des exemples de leaders étrangers de cette gauche moderne : Bill Clinton, Gordon Brown, José Luis Zapatero, Gerhard Schröder.  
En somme, et c'est à mon sens ce qui ressort des propos des intervenants, une gauche moderne est une gauche social-démocrate, une gauche qui accepte, au moins dans les faits, la domination des marchés financiers, une gauche de gestion et non plus de transformation. Bref, la gauche moderne c'est François Hollande, c'est Dominique Strauss-Kahn ... c'est une gauche qui n'est plus vraiment de gauche en réalité et qui tend à se recentrer voire à se libéraliser.
Je profite d'ailleurs de l'occasion pour rappeler une citation du général de Gaulle qui disait : "je n'aime pas les socialistes car ils ne sont pas socialistes". Et je crois que cette phrase est encore d'actualité aujourd'hui tant le PS a oublié, je crois, ce qu'il est, tant le programme de son candidat est frileux. Pour moi, et malgré ce que certains disent, le PS ne s'inscrit plus tout à fait dans la tradition historique de la gauche française dans la mesure où il a mis de côté cette volonté de transformation de la société. Je le redis à nouveau mais selon moi Mélenchon, avec tous ses défauts, incarne davantage la gauche traditionnelle, en particulier de par ses positions populistes, au sens noble du terme.
 
 - Une nouvelle lutte des classes ?
Dominique Voynet (maire EELV de Montreuil) - Stéphane Beaud (sociologue) - Francis Parny (conseiller régional et conseiller municipal PCF) - Modérateur : Maurice Szafran (Marianne)
D'après les participants, l'opposition capital/travail persiste. Malgré tout, il apparaît une recomposition des différentes classes, et en particulier un renouvellement de la bourgeoisie avec l'émergence des financiers et autres traders. Parallèlement à ce phénomène, on constate également l'apparition, relativement contemporaine, d'une lutte intra-classe entre des individus ayant des aspirations différentes.
Je crois effectivement que ces constats sont tout à fait justes. S'agissant notamment de l'hétérogénéité des classes, il est vrai que la vague de désindustrialisation que connaît notre pays contribue à désagréger la classe ouvrière. En outre, il est indéniable que la notion même de classe moyenne doit être sujette à caution tant elle recouvre des réalités différentes. Ainsi, le temps où chaque classe avait des revendications communes est clairement révolu et la montée en puissance de l'individualisme, couplée avec la faiblesse des syndicats, ne fait qu'accentuer cet état de fait.
Je ne crois pas, pour autant, que la lutte des classes est dépassée. Au contraire, je pense que celle-ci retrouve une seconde jeunesse tout en ayant évoluée et que nous devons, dans une certaine mesure, l'encourager. En effet, ce n'est que par le regroupement et l'union mais aussi par le combat collectif que les avancées sociales se sont faites, se font et se feront. Aujourd'hui, les classes populaires, au sens large du terme, ont tout intérêt à se serrer les coudes pour faire face au grand capital, comme disait Marx. Car si nous ne le faisons pas, les grands patrons et les financiers s'allient, eux, pour nous mener la vie dure. Il est donc grand temps d'arrêter de se tirer dans les pattes les uns les autres et de s'unir pour la défense de nos intérêts. Car notre division ne fait le jeu que d'un seul, celui de nos adversaires.
 
- Revenu minimal, revenu moral ?
Robert Castel (sociologue) - Christophe Deltombe (président d'Emmaüs France) - Modérateur : Philippe Douroux (Libération)
Finalement renommé en "revenu maximum, revenu minimum", ce débat n'en était pas moins intéressant. Pour autant, j'ai trouvé que l'accent avait été trop mis sur le revenu minimum et que la question du revenu maximum n'avait pas été suffisamment creusée.
Quelques éléments que j'ai retenus, avant d'aller plus loin, en particulier en provenance de Robert Castel. En premier lieu, celui-ci considère qu'il n'est pas anormal qu'un cadre gagne plus qu'un ouvrier car les individus ne sont pas identiques et interchangeables. De plus, il estime que certaines inégalités sont justifiées et justifiables. Enfin, il a expliqué que le revenu minimum devait être un socle de ressources pour chacun et que le revenu maximum permettait de remettre une certaine cohésion, un consensus social au sein de la société en ramenant les hyper-revenus "sur terre".
Partant de ces postulats que je partage, je développerais néanmoins quelques aspects particuliers. Tout d'abord, je crois qu'il faut bien faire la différence entre salaire, qui provient du travail, et revenu, qui peut avoir des sources diverses. Personnellement, je crois qu'il doit exister à la fois un salaire minimum, en l'occurrence le SMIC, et un revenu minimum. Il s'agirait alors de définir un montant minimal pour toutes les aides versées aux personnes ne travaillant pas ou plus (RSA, retraite ...). L'objectif étant que chacun ait suffisamment de ressources pour vivre décemment. Il est bien évident, et cela est très clair dans mon esprit, que le salaire minimum doit être supérieur au revenu minimum et que ce dernier ne sera pas octroyé de manière inconditionnelle.
S'agissant des niveaux de chacun, c'est-à-dire de leur aspect chiffré, je crois qu'il ne serait pas illogique d'augmenter les minimums sociaux, dans un premier temps en les alignant sur le seuil de pauvreté (environ 960 €) puis, à plus long terme, en les faisant converger sur le niveau su SMIC. Sur ce dernier d'ailleurs, il me semble impératif de lui donner un coup de pouce substantiel. Jean-Luc Mélenchon parle de 1700 € brut ce qui, comme je l'avais expliqué dans un précédent article, ne me semble pas être une hérésie.
Enfin, et cela me permettra de répondre à la question initialement posée, je crois que l'instauration d'un revenu maximum est une nécessité absolue dès lors que l'on souhaite conserver un certain contrat social, comme le décrivait Rousseau. En effet, comment ne pas être choqué que des entreprises licencient des ouvriers, souvent payés au SMIC, alors même que ses dirigeants bénéficient de revenus extravagants ? En cela je rejoins, encore une fois me direz-vous, les thèses du Front de Gauche qui souhaite instaurer un écart de salaire de 1 à 20 dans les entreprises.
Alors on me rétorque souvent que les grands patrons ne sont pas les seuls à être trop payés et on me cite l'exemple des footballeurs. Je suis d'accord, c'est un fait. Mais pour autant, 'est-ce une raison de ne rien faire au niveau des entreprises ? Je ne le crois pas. J'ajoute également que le cas des sportifs mais aussi des chanteurs, des acteurs ... doit également être traité. Mais cela ne passera pas forcément par un revenu maximum. Je crois au contraire que la mise en place d'un impôt sur la nationalité est davantage adaptée à ce cas de figure puisqu'il a le mérite de s'affranchir de l'exil fiscal.
 
Finalement, et je crois que c'est l'idée majeure qui ressort de l'ensemble des 64 débats organisés ce week-end, le changement est possible, des réformes sont envisageables à l'unique condition qu'il existe une réelle volonté politique au sommet de l'Etat. Seul la Politique avec un grand "p" permettra de vraiment redresser notre pays. Mais encore une fois cela suppose que nos dirigeants aient le courage de s'affranchir des tutelles extérieures qui brident notre souveraineté.
En 1967, Charles de Gaulle scandait "vive le Québec libre" lors d'un voyage officiel au Canada. Il me semble grand temps que quelqu'un reprenne ce slogan et l'adapte à notre nation.

2 commentaires:

  1. nationalistejacobin23 avril 2015 à 09:08


    Merci pour ces compte-rendu, fort intéressants.


    Juste une question: plusieurs intervenants sont "membres des Gracques". De quoi s'agit-il?


    Bonne continuation.

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  2. Merci pour le compliment, cela fait toujours plaisir.


    Concernant les Gracques, il s'agit d'un groupe de réfléxion rassemblant de personne de gauche (de tendance sociale-démocrate à mon sens). Leur objectif est de faire des propositions visant à
    "moderniser la gauche".
    Voici leur site : www.lesgracques.fr/



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