vendredi 17 février 2012

Nicolas Dupont-Aignan présente un projet différent

Après avoir présenté son programme pour l'élection présidentielle au travers de 37 propositions, Nicolas Dupont-Aignan a dévoilé, mercredi dernier, le chiffrage de son projet.
 
Ce projet, visant notamment à relocaliser 1 million d'emplois, s'appuie sur quatre leviers principaux :
- la sortie de l'euro et le financement direct de l'Etat auprès de la Banque de France
- la mise en place de mesures protectionnistes
- le contrôle du système financier et sa réorientation vers l'économie réelle
- le soutien aux entreprises
 
Mais au-delà de ces grandes orientations, entrons un peu plus dans le détail des propositions, tout au moins celles qui me paraissent les plus significatives, comme je l'avais fait pour Dominique de Villepin.
 
- Retour aux savoirs fondamentaux dans l'enseignement et en particulier l'apprentissage du français
Il s'agit là d'un point très important pour moi tant la maîtrise de la langue conditionne la vie des individus. En effet, je crois que des lacunes dans ce domaine constituent un handicap majeur, en particulier au niveau professionnel. Il me semble donc impératif de tout mettre en œuvre pour que les élèves du primaire maîtrisent parfaitement la lecture, l'écriture et le calcul. Cela passe notamment, selon moi, par des effectifs réduits et des heures de soutien pour les enfants ayant le plus de difficulté.
 
- Sortie de l'euro et retour à l'euro-franc avec ratification par référendum
Je n'ai jamais vraiment été un fervent partisan de la sortie de l'euro et je préférerais une réorientation de sa gestion. Malheureusement, il faut être réaliste et constater que cela est visiblement impossible. Je me suis donc résolu à une telle chose dans la mesure où cela permettra à notre pays de recouvrer sa souveraineté monétaire.
 
- Mise en place d'écluses douanières pour mettre fin à la course au moins-disant social, salarial, fiscal et environnemental
Si certains abordent le sujet du bout des lèvres, Nicolas Dupont-Aignan a le mérite de mettre les pieds dans le plat en parlant clairement de protectionnismes, terme honni dans les médias.
Il est tout de même fou que l'Union Européenne soit la seule zone au monde à ne pas se protéger alors même que nos concurrents (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil ...) y recourent allégrement sans que cela ne semble déranger personne. Voila pourquoi il me semble plus que nécessaire de mettre en place des mesures protectionnistes afin d'endiguer la destruction de notre tissu industriel.
 
- Financement direct par le Banque de France
Cela fait maintenant plusieurs années que j'appelle de mes vœux une telle mesure. En effet, il me semble aberrant d'emprunter sur les marchés financiers à des taux usuraires alors même que cela pourrait être fait à des taux faibles voire nuls auprès des banques centrales.
Il est d'ailleurs troublant de constater que le montant de notre dette correspond peu ou prou à la somme cumulée des intérêts payés depuis 1973.
 
- Développement de l'actionnariat salarié et la présence des salariés dans les conseils d'administration
Ayant travaillé, dans le cadre de mes études, sur les SCOP (sociétés coopératives) je ne peux qu'abonder dans le sens de cette proposition. Il s'agit d'ailleurs là d'une notion chère au général de Gaulle qui n'a malheureusement pas eu la possibilité de la mettre en place.
 
- Réduction de moitié l'impôt sur les sociétés pour les PME qui réinvestissent en France et exonérer de cotisations sociales pendant 5 ans le recrutement dans les TPE d'un chômeur de longue durée
Initialement, je n'étais pas vraiment convaincu par cette mesure. En effet, je crois que la multiplication des exonérations fiscales octroyées aux entreprises a bien montré que leurs effets sur l'emploi étaient très limités.
Malgré tout, après réflexion, il s'avère que ces exonérations ciblent des entreprises particulières, en l'occurrence les PME et TPE, et sont conditionnées (recrutement ou investissement). Les plus grosses entreprises étant exclues du dispositif, je ne suis donc pas opposé à une telle mesure. En outre, il apparait que cela s'inscrit de manière cohérente dans la volonté de relocaliser l'emploi dans notre pays.
 
- Nationalisation et fusion d’EDF et GDF
Pour moi, les monopoles d'Etat ne sont en rien une hérésie. Je crois au contraire que ceux-ci sont nécessaires dans des secteurs stratégiques tels que l'énergie. Une reprise en main de la gestion de l'électricité, du gaz et même du pétrole me semble donc une bonne chose à la fois pour le pays mais aussi, et surtout, pour la population puisque les tarifs pourront ainsi être régulés.
 
- Refondation de l'UE sur la base d'un nouveau traité instaurant des agences de coopération européennes et supprimant "toutes les structures relevant de l’inspiration fédérale anti-démocratique (cour de justice, commission, BCE)"
Personne ne sera surpris si j'approuve complètement cette proposition. En effet, il serait paradoxal de ma part de la rejeter alors même que je critique régulièrement cette europe. Contrairement à d'autres, je ne crois pas qu'une sortie de l'UE soit bénéfique pour notre pays. En revanche, je suis convaincu que les nations doivent retrouver toutes leur place dans le processus européen. De même, la suppression de toutes ces instances supranationales permettra de gagner en efficacité en s'affranchissant de la lourdeur et de l'inertie de la bureaucratie mais également de réaliser de substantielles économies. Enfin, cela sera bien évidemment profitable à la démocratie.
 
- Réinstauration de prix minimum garantis dans l'agriculture
Depuis la nuit des temps l'agriculture a occupé une place importante dans notre  pays. Pour autant, il apparaît de plus en plus que nos agriculteurs et nos campagnes sont laissés à l'abandon. Certes l'urbanisation et la mondialisation ont joué un rôle mais l'Etat a également sa part de responsabilité. De par son territoire, la France bénéficie d'un avantage stratégique important qu'elle se doit de mettre en avant. Et cela passe notamment par un soutien massif à une agriculture vivrière et paysanne, à l'opposé même du modèle allemand de regroupement des exploitations en grosses structures agricoles.
 
- Mise en place d'un impôt de citoyenneté payé par tous les Français résidant à l'étranger
Que de dire de particulier sur cette proposition si ce n'est que je l'ai moi-même avancée dans un précédent article il y a de cela quelques mois.
 
- Reconnaissance du vote blanc en contrepartie de l'obligation de voter
Aucune opposition sur le fond dans la mesure où je crois que l'abstention est un fléau pour la démocratie. J'estime d'ailleurs qu'il est normal que chacun s'exprime même si cela consiste à ne pas choisir, d'où la reconnaissance du vote blanc.
Malgré tout, j'ai quelques doutes sur sa mise en œuvre pratique à deux niveaux. Tout d'abord, que fait-on si le vote blanc remporte la majorité des voix ? Ensuite, est-on capable de faire appliquer les sanctions en cas de refus de voter ?
 
- Imposer aux administrations d'acheter français à qualité équivalente
Cela peut sembler évident voire même de bon sens mais dans les faits cela ne se passe pas vraiment comme ça. Pour preuve, récemment la Poste a décidé d'acheter des scooters taïwanais en lieu et place de ceux de Peugeot.
Comment peut-on d'un côté promouvoir l'emploi en France et de l'autre encourager les délocalisations en contribuant à la course au moins-disant social ?
 
- Autoriser le téléchargement en abrogeant la loi Hadopi
Aujourd'hui il est clair que les moyens d'accès à la culture ont grandement évolué. Ainsi internet est devenu un canal privilégié permettant d'accéder de chez soi à de la musique, des films ... de manière gratuite et illégale.
Face à ce phénomène, deux comportements sont possibles et s'opposent : soit la tentative désespérée afin de l'endiguer. Cela est évidemment vain puisque les pirates sont nettement plus réactifs que les Etats. Le problème étant que cette guerre perdue d'avance conduit à un contrôle accru du net avec les dérives que l'on peut aisément imaginer (cf traité ACTA).
Soit l'acceptation de cet état de fait et la recherche de compromis visant à satisfaire tout le monde ou tout du moins à ne léser personne. C'est  cette solution qu'a choisi Nicolas Dupont-Aignan en défendant la licence globale. Ainsi, chacun serait libre de télécharger librement en contrepartie du paiement d'un forfait. En fait, cela revient seulement à déployer à grande échelle le système actuel du téléchargement légal.
 
Contrairement à d'autres programmes, mais ce n'est pas une surprise pour moi, le projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan est nettement plus en phase avec mes aspirations. Pour autant, il existe quelques ombres au tableau.
Tout d'abord, je regrette que la question des salaires n'ait pas été franchement abordée. En clair, je m'attendais à ce que le président de Debout la République s'attarde davantage sur le sujet et propose même une revalorisation du SMIC et des minimas sociaux.
Ensuite, je suis quelque peu dubitatif sur les hypothèses de croissance (3 % à partir de 2013) et d'inflation (3 % sur 2012 et 2013 puis 2 % entre 2014 et 2017).
Enfin, je regrette une certaine frilosité au niveau de la fiscalité.
Pour autant, ces divergences sont assez minimes en comparaison des points d'accord. D'autant plus qu'il est quasiment impossible d'être d'accord à 100 % avec un programme, à moins de présenter le sien. Voilà pourquoi il est très probable que j'accorde ma voix à Dupont-Aignan à l'occasion de l'élection présidentielle.

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