dimanche 18 mars 2012

Propositions du Figaro contre le déficit : du bon et du moins bon

En cette période de campagne présidentielle où la question des déficits est omniprésente, le Figaro a publié, sur son site internet, 20 pistes pour baisser la dépense publique. Si certaines sont pleines de bon sens, d'autres relèvent davantage du credo libéral que je condamne.
Revue de détail.
 
1. Geler les rémunérations des fonctionnaires
S'il est une lubie des libéraux, c'est bien les fonctionnaires dont il s'agit. Ainsi, notre pays souffrirait d'un nombre trop important de serviteurs de l'Etat. Et comme en Grèce ou en Espagne on préfère agir sur le salaire des fonctionnaires plutôt que de s'attaquer au train de vie de l'Etat par exemple.
En outre, une politique de rigueur salariale de type allemande, dans le public mais aussi dans le privé, serait une hérésie dans la mesure où elle aurait des conséquences immédiates et dramatiques sur la consommation donc sur la croissance.
 
2. Poursuivre le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite
3. Appliquer le «un sur deux» à tous les opérateurs publics
Dans la droite lignée de la première proposition, et après s'être attaqué aux rémunérations des fonctionnaires, voila qu'il faut maintenant en réduire le nombre. Personnellement je suis opposé au principe de non-remplacement. Loin de moi l'idée de nier qu'il faut se pencher sur les effectifs dans la fonction publique mais je considère que l'application de cette règle de manière aveugle et purement comptable est une erreur. Je ne suis pas opposé à une révision des effectifs, notamment dans les collectivités locales, mais cela doit être fait avec parcimonie en tenant compte des besoins réels de la population.
 
4. Accélérer les cessions immobilières
La question du patrimoine, notamment immobilier, de l'Etat me paraît être un sujet hautement stratégique qui requiert un débat public et contradictoire. Pour autant, il convient de reconnaître que certains biens doivent être cédés car ils ne sont plus nécessaires à son fonctionnement. En revanche, il me semble impératif de ne pas brader les biens publics comme cela a trop souvent été le cas (autoroutes, hippodrome de Chantilly …). Donc oui à des cessions mais au juste prix !
 
5. Regrouper les établissements scolaires
De l'échec d'une telle politique dans le domaine de la santé a conduit à la création de déserts médicaux, le Figaro ne semble pas en avoir tiré les leçons. L'Education comme la santé sont des fonctions qui doivent relever de la puissance étatique en dehors de toute logique économique. L'avenir de nos enfants, donc de notre pays, est un sujet bien trop grave pour être subordonné à des considérations purement financières. De plus, il est clair que le regroupement de plusieurs écoles en une superstructure viendra aggraver encore un peu plus les maux dont souffre actuellement notre système éducatif (décrochage scolaire, violence …). Sans parler de l'accroissement des inégalités entre territoires, en particulier en milieu rural.
 
6. Réduire les allègements sur les bas salaires
Le proposant moi-même, je ne peux qu'approuver cette mesure. En plus d'être coûteux pour l'Etat (40 milliards d'euros), ces dispositifs ont une efficacité plus que douteuse et encourage les entreprises à pratiquer une politique de faible rémunération pour bénéficier de ces fameuses aides.
 
7. Diminuer les concours aux collectivités locales
Alors même que la décentralisation a conduit à déléguer toujours plus de compétences aux collectivités territoriales, les dotations de l'Etat n'ont pas toujours suivies en conséquence. Cela étant, il faut reconnaître que des dérives ont eu lieu, notamment en termes d'embauches, parfois pour des raisons électoralistes.
Une remise à plat des compétences de chacun (Etat, région, département …) me semble donc nécessaire dans un premier temps afin de savoir qui fait quoi et d'éviter les doublons donc de faire des économies. Par ailleurs, une sensibilisation des collectivités à une gestion plus rigoureuse ne serait pas forcément inutile.
 
8. Recentrer les subventions aux associations
Depuis quelques années maintenant le secteur associatif a pris une ampleur non négligeable et continuera probablement à se développer dans le futur. Si l'action de certaines associations est indiscutable, en particulier dans le domaine social afin de combler les lacunes de l'Etat, d'autres organismes ont une finalité plus discutable. La proposition du Figaro de recentrer les financements publics sur des secteurs clés doit donc être envisagée avec sérieux.
 
9. Plafonner les indemnités chômage
A l'heure actuelle, un chômeur français peut toucher jusqu'à 6000 € par mois pendant deux ans. Evidemment ces indemnisations ont un coût pour la société. Comme le Figaro, je suis partisan d'un plafonnement des indemnités chômage. Mais à la différence du journal qui envisage cette mesure comme une source d'économie, je propose, pour ma part, de réutiliser les sommes ainsi dégagées afin de prolonger la durée d'indemnisation de deux à trois ans.
 
10. Plafonner les aides aux ménages
11. Repenser la politique familiale
12. Mettre sous conditions de ressources les allocations familiales
13. Mettre fin au cumul allocations familiales/supplément familial des fonctionnaires
Aujourd'hui il existe un nombre impressionnant d'aides en tout genre (RSA, allocations familiales …) accordées par différents organismes publics (Etat, collectivités …). Ces aides aux ménages qui ont représenté un coût de 30 milliards d'euros en 2011 constituent donc un véritable méandre administratif complexe et incompréhensible. Une remise à plat ne me semble donc pas être un luxe.
Par ailleurs, je crois que l'idée un plafonnement global mais également la mise en place de conditions de ressources doit être mise en débat. Ainsi on peut se demander, légitimement je crois, s'il est normal qu'un foyer aisé touche les allocations familiales ou si un ménage bénéficie d'un montant d'aides sans limite de maximum.
 
14 Introduire des franchises
15. Définir un panier de soins remboursé intégralement par la Sécu
16. Lutter contre la surconsommation de médicaments
17. Revoir la liste des affections de longue durée (ALD)
La question des franchises médicales est un sujet qui revient fréquemment sur le devant de la scène, notamment lorsqu'il est question du fameux "trou de la sécu". Bien que ce dispositif existe déjà d'une certaine manière (50 cts par boîte de médicament dans la limite de 50 € par an ou 1 € sur chaque consultation), certains veulent aller plus loin en instaurant une franchise de 200, 500 ou 1000 €.
Personnellement je suis opposé à un tel système qui pénalisera fortement les plus modestes et qui conduira un grand nombre de nos concitoyens à renoncer aux soins comme c'est déjà malheureusement le cas aujourd'hui. De plus, il ne faut pas oublier que chacun contribue au financement de la sécurité sociale par le biais des cotisations.
En lieu et place d'une telle mesure, il me semblerait plus efficace de faire un tri entre les produits efficaces donc à rembourser et ceux inutiles à supprimer. Mais il faudra pour cela avoir le courage de tenir tête au lobby pharmaceutique.
 
18. Réserver l'aide médicale d'État aux soins d'urgence
Avec un coût de 650 millions d'euros par an, certains, dont Marine Le Pen, sont partisans de supprimer complètement ce dispositif visant à accorder un accès aux soins aux étrangers en situation irrégulière. Bien évidemment, et c'est d'autant plus le cas en situation de crise, il est difficile d'accepter de soigner gratuitement des sans-papiers, donc des gens qui n'ont pas le droit d'être sur notre territoire. Outre les considérations de solidarité, une telle suppression pose la question de problèmes sanitaires de grande ampleur. Voila pourquoi je ne suis pas spécialement favorable à sa disparition. En revanche, on pourrait imaginer de relever le ticket d'entrée qui est actuellement de 30 €.
 
19. Des hôpitaux moins nombreux mais plus grands
De même que j'y suis opposé pour les écoles, je n'y suis pas favorable pour les hôpitaux pour des raisons identiques.
 
20. Multiplier les opérations en ambulatoire
Dès lors que les soins peuvent être effectués dans la journée sans risque pour le patient, je ne vois pas au nom de quoi nous devrions nous opposé à une telle pratique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire