lundi 26 mars 2012

De l'hypocrisie des enfoirés


Hier, alors que je regardais la télé, je suis tombé sur le clip des enfoirés. N'étant pas un grand mélomane, je laisserai de côté l'aspect musical. En revanche, ces images, qui montraient tout un tas de chanteurs, acteurs et autres célébrités en tout genre, m'ont incité à réfléchir sur le concept même du truc.
 
De quoi s'agit-il en réalité ?
Chaque année un certain nombre de personnalités se réunissent pour une série de concerts au profit des restos du cœur, dont l'un est diffusé sur TF1. Ces spectacles, et le disque afférent, permettent ainsi de récolter des fonds pour l'association. Evidemment, sur le principe, tout le monde trouve ça génial. Moi le premier d'ailleurs.
 
Mais je crois qu'il faut aller plus loin que cette première impression et s'attarder sur l'envers du décor. Tout d'abord, on peut remarquer que le nombre d'artistes tend à diminuer chaque année avec toujours les mêmes têtes et un nombre croissant de personnes qui refusent d'y participer. Ensuite, la troupe des enfoirés est jugée par certains comme une sorte de secte avec ses rites et ses clans, pratiques somme toute éloignées de la volonté affichée de solidarité et de fraternité. Enfin, il existe une grande différence entre le show pour la télévision et les autres prestations de la tournée.
 
Mais au-delà des enfoirés, qui ne sont finalement qu'un prétexte pour moi, je m'interroge sur la sincérité des artistes qui s'engagent pour des associations. Evidemment tous ne sont pas à mettre dans le même sac et généraliser ne serait pas forcément juste. Pour autant, je suis convaincu que beaucoup d'entre eux agissent de la sorte dans un but purement commercial afin de faire leur promo et d'avoir une bonne image auprès du public.
 
Mais alors me direz-vous, où est le problème si tout le monde y trouve son compte ?
Dans l'absolu, il ne semble pas y avoir de problème. Mais personnellement j'y vois une question de morale et de principe. Je trouve ainsi extrêmement hypocrite et malvenu le double discours, le double jeu de certains de ces artistes. En effet, comment peut-on oser appeler à la générosité des Français et critiquer les carences de l'Etat en matière sociale et, dans le même temps, faire le choix de s'exiler pour des raisons purement fiscales ?
 
Il est vrai que l'Etat présente des faiblesses au niveau de l'action sociale (hébergement d'urgence ...). Et on peut d'ailleurs se féliciter, si je puis dire, que des associations telles que les restos du cœur interviennent sur le terrain pour venir en aide aux plus démunis.
Evidemment que se devrait être à l'Etat d'effectuer ce travail et je crois que chacun préférerait que ces organismes disparaissent à tout jamais.
 
Malheureusement cela ne semble pas possible à brève échéance. Aussi, il me semble nécessaire de mener des actions à la fois au niveau des associations et à la fois au niveau de l'Etat.
S'agissant des associations, il s'agit bien évidemment d'assurer et de pérenniser leur fonctionnement par le biais des dons des particuliers et des dotations de l'Etat et des instances européennes. Mais je crois qu'il faut également permettre à la grande distribution de donner davantage de ses stocks en assouplissant la réglementation à ce niveau, en particulier en termes de date de consommation. De fait, il me semble complètement stupide que des magasins jettent de la nourriture alors même que des gens meurent de faim.
En ce qui concerne l'Etat, il me paraît impératif, à court terme, de dégager des crédits afin de construire davantage de structures d'accueil et de logements, sociaux ou non. On me rétorquera alors probablement que nous sommes en déficit chronique depuis des décennies etc. ... Mais si l'on peut trouver des fonds pour les banques ou pour faire des chèques aux bénéficiaires du bouclier fiscal, je suis persuadé qu'on pourra en faire autant pour les plus pauvres.
 
Quoi qu'il en soit, le problème de la pauvreté induit forcément de parler, à un moment ou à un autre, de solidarité nationale. Et inévitablement la question de l'impôt, de par son objectif de redistribution des richesses, devra être abordée.
 
Pour moi, le sujet de la fiscalité est très important dans la mesure où il conditionne en grande partie le modèle de société dans lequel on vit. Personnellement je considère que, dès lors que chacun jouit de l'action de l'Etat (aides sociales, infrastructures publiques ...), tout le monde doit payer des impôts en fonction de ses moyens. Cela signifie donc que les plus modestes comme les plus riches doivent contribuer à l'effort national. Et cela ne sera possible que par une remise à plat globale de toutes les niches fiscales et sociales qui existent aujourd'hui.
 
Au-delà de considérations purement budgétaires, certes légitimes, la question de la fiscalité doit être traitée dans son ensemble. Pour moi l'impôt est un puissant outil qui permet à l'Etat  d'impulser une dynamique. Ce sujet est d'autant plus stratégique qu'il constitue la pierre angulaire de notre fonctionnement collectif.
 
Voila pourquoi il me semble tout à fait pertinent et nécessaire de se pencher sur les différentes propositions des candidats à la présidentielle en matière fiscale. Plus que l'expression d'une pensée politique, je crois qu'elles sont le reflet d'un système de valeurs.
En somme, dis moi quel est ton programme fiscal et je te dirais quelle politique tu mèneras. L'exemple de Nicolas Sarkozy en 2007 en est d'ailleurs une excellente illustration ...

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