mardi 20 mars 2012

Meeting de Bayrou à Grenoble : Tomgu y était !

Hier soir, François Bayrou était à Grenoble pour une réunion publique ouverte à tous. N'étant jamais allé à un meeting de ma vie, j'ai donc sauté sur l'occasion pour me faire ma propre opinion. Alors bien sûr François Bayrou n'est pas le meilleur choix mais comme on dit, faute de grives on mange des merles.
 
Sensé débuter à 18h30, le meeting n'a en fait démarré qu'à 19h15, soit 45 minutes plus tard. Et dès le début, le secrétaire général adjoint du Modem Isère a annoncé la couleur : en raison du massacre du matin à Toulouse, cette réunion allait être solennelle et modérée. En gros, pas de foule en liesse, pas de fougue ... Bref, on allait sacrément s'amuser.
 
Suivirent alors les apparitions de Michelle Cédrin (présidente du Modem 38), Philippe de Longevialle (adjoint Modem à la mairie de Grenoble), Jean-Luc Rigaut (maire NC d'Annecy et soutien de Bayrou à la présidentielle) et enfin Jean-Luc Benhamias (vice-président du Modem et député européen).
 
Que retenir alors de ces différentes interventions ?
Et bien tout d'abord il est clair que ces personnes ne sont pas de grands tribuns. Si les deux derniers orateurs s'en sont assez bien sorti avec un relatif dynamisme, les deux premiers ont rendu une pâle copie avec un discours monotone, une voix monocorde donc un discours peu enthousiasmant.
 
Sur le fond, je relèverai simplement quelques phrases en passant :
"Bayrou est visionnaire" (Cédrin)
"Il faut penser le changement et non changer le pansement" (citation de Francis Blanche par de Longevialle)
"Bayrou avait vu juste sur la dette" (Benhamias)
En somme rien de nouveau sous le soleil. Bayrou est génial car il avait soulevé la question de la dette depuis longtemps, il est le seul à incarner le changement (le changement c'est maintenant ?) et à pouvoir rassembler largement. Rien de bien transcendant en fait, et ce d'autant plus que Bayrou ne veut pas de rupture avec le système actuel puisqu'il s'inscrit en son sein.
 
Finalement c'est seulement à 20h10 soit avec près de deux heures de retard que François Bayrou est finalement apparu. Après une brève acclamation de la part des militants, le président du Modem entame son discours par quelques mots sur le drame du matin. Et cela va durer pendant les 30 minutes, oui je dis bien 30 minutes, de sa piètre prestation au cours de laquelle Bayrou va nous parler de rassemblement et de non opposition entre Français, d'unité nationale ...
 
En fait, le rapide discours de François Bayrou à Grenoble se résume à une série de banalités sur la nécessité de rassemblement sans en préciser les moyens. Faute de propositions, nous étions hier soir dans l'incantation pure et simple. Pour paraphraser de Gaulle, Bayrou saute sur sa chaise comme un cabri en disant rassemblement ! Rassemblement ! Rassemblement !
 
Malgré tout, Bayrou a laissé de côté, dans les toutes dernières minutes de son intervention, sa lubie du jour pour parler d'autres sujets. En deux phrases, en deux toutes petites phrases, le Béarnais a perdu, à mon sens toute crédibilité.
Tout d'abord il a parlé de la dette de la France, lui le visionnaire qui avait soi-disant vu le problème avant tout le monde. Il nous alors expliqué que l'endettement nous rendait dépendant et qu'il fallait donc chercher à lutter contre ce phénomène. Sur le constat je suis tout à fait d'accord mais alors pourquoi ne pas aller au bout du raisonnement en continuant à se soumettre au pouvoir des banques ?
 
Ensuite Bayrou a fait un parallèle entre la situation de notre pays qui a besoin de se rassembler et l'Italie et la Grèce. Ainsi, selon lui, les partis politiques de ces pays ont su s'unir derrière un leader nouveau pour l'intérêt général. De plus, celui-ci a expliqué que les Italiens soutenaient l'action de leur nouveau premier ministre. Heureusement, il n'a pas tenu les mêmes propos sur le peuple grec. Il faut quand même être sérieux. Pour rappel, dans ces deux pays la démocratie a été bafouée puisque les dirigeants de l'époque, élus démocratiquement, ont été destitués et remplacés par des technocrates, anciens cadres de Goldman Sachs, nommés par l'UE afin de faire le sale boulot et sauver le système en place.
 
Par ces deux exemples, mais il en existe bien d'autres, François Bayrou nous montre bien qu'il vit dans le monde des Bisounours. Outre ses perpétuelles incantations sur le rassemblement, et malgré quelques propositions intéressantes, il est clair que le leader du Modem est plein de contradictions qui le maintiennent pieds et poings liés. C'est notamment le cas sur la question de l'europe dans la mesure où le candidat se soumet sans rien dire au diktat de Bruxelles. Comment alors faire confiance à un homme qui accepte le viol de la démocratie ? Comment envisager de confier le pouvoir à une personne qui soutient avec ferveur un système dictatorial qui sacrifie les peuples sur l'autel de la finance ?
 
Comme je le disais en préambule, je n'avais jamais assisté à un meeting. Cela est maintenant chose faite mais je dois reconnaître avoir été grandement déçu. Certes les circonstances étaient particulières mais cela n'est pas une excuse. Bien sûr que le massacre de ces enfants est horrible, c'est une évidence. Mais pourquoi en faire tout un pataquès alors même que des gens meurent tous les jours dans notre pays ? Pourquoi accorder une importance démesurée à un fait divers si ce n'est pour des raisons purement électorales ?
 
Si la campagne est suspendue pour l'assassinat de quatre personnes, je n'ose même pas imaginer ce qui se passerait en cas d'attentat de grande ampleur. Une annulation pure et simple de l'élection présidentielle, peut-être ?

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