vendredi 23 mars 2012

François Hollande et l'europe : naïf ou menteur ?

La semaine dernière, François Hollande avait réuni à Paris une partie des dirigeants socialistes européens devant lesquels il a expliqué sa vision de l'Europe. Bien que ce discours ne nous apprenne rien de nouveau, j'en ai tout de même sélectionné quelques passages qui me semblent assez intéressants et qui, je crois, méritent de s'y attarder.
 
- "Renaissance de l’Europe. Une Europe nouvelle doit voir le jour, plus solide, plus solidaire, plus sociale."
Quelle belle idée que l'europe sociale, que l'europe qui protège ... Mais cela fait plus de trente que l'on nous la promet cette fameuse europe. Rappelez-vous des débats au moment du traité de Maastricht en 1992 ou à l'occasion du référendum de 2005. A gauche comme à droite, la plupart des responsables politiques nous promettaient monts et merveilles. On a bien vu le résultat : austérité, chômage, délocalisations ... Et j'en passe tellement la liste est longue.
Comment alors continuer à croire de telles sornettes après tant de mensonges ? Comment garder confiance en l'europe avec tout ce qu'elle nous a fait, en particulier au niveau du bafouement de la démocratie ?
 
- "Ma détermination sera entière, contrairement à celui qui annonce d’emblée qu’il quittera la table des négociations s’il n’est pas suivi. Parce que ce qu’il veut c’est renégocier les traités signés, ratifiés, appliqués depuis de nombreuses années. Non, je mettrai toute ma détermination non pas à quitter la table des négociations, mais à y rester tout le temps nécessaire pour obtenir la croissance, l’emploi, le développement, le progrès."
Une des grandes lubies de François Hollande est de renégocier les nouveaux traités. Traités que le Parti Socialiste a d'ailleurs contribué à faire voter en s'abstenant de manière courageuse. François Hollande va donc chercher à discuter avec ses homologues étrangers. Et en cas d'échec, il continuera encore et encore jusqu'à ce qu'il obtienne satisfaction ... ou qu'il soit sorti par les Français. Personnellement je crois qu'il faut savoir faire preuve d'un peu de véhémence, notamment en matière diplomatique et non se résigner à parlementer à l'infini. D'ailleurs il ne faut pas oublier que c'est grâce à la politique de la chaise vide que le général de Gaulle a obtenu la PAC (Politique Agricole Commune). Je suis donc convaincu qu'il ne faut pas hésiter à envoyer paître nos partenaires dès lors que nos intérêts profonds sont mis en cause, et cela d'autant plus que sans la France l'europe n'est rien.
 
- "Nous devrons aller vers de nouvelles avancées, vers la réciprocité des échanges commerciaux."
Ah le juste échange. Je reconnais bien là tout l'audace du PS qui n'ose pas appeler un chat un chat. Car ne nous voilons pas la face, le juste échange n'est ni plus ni moins que l'appellation politiquement correcte du terme protectionnisme, avec peut-être malgré tout une différence de niveau et d'intensité.
Reconnaissons toutefois les progrès de François Hollande sur ce sujet, notamment sous s'impulsion d'Arnaud Montebourg. Mais encore faut-il que cela ne soit pas que des mots et que cela se traduira en actes concrets. Permettez-moi malgré tout d'en douter car je ne peux mettre de côté le fait que Dominique Strauss-Kahn (ancien directeur du FMI) et Pascal Lamy (directeur général de l'OMC), tous deux socialistes, sont de fervents défenseurs du libre-échange.
 
- "L’Europe a besoin de l’Allemagne, parce que c’est une grande nation, parce que c’est une puissance économique, parce qu’elle est aussi une référence en matière de compétitivité et, aussi, de démocratie sociale."
Décidément, l'Allemagne semble obséder la classe politique française. Du PS à l'UMP en passant par le Modem, tous vantent le génialissime modèle allemand et nous incitent à imiter ce pays dans ses réformes visant à accroître la compétitivité. Je ne vais pas revenir une fois encore sur la réalité de l'économie allemande mais, par principe, je me méfie des individus qui admirent et font la promotion d'un système qui conduit à la précarisation du marché de l'emploi.
 
- "Je ne tiendrai pas deux langages, un langage à Bruxelles et un langage à Paris."
Je souhaitais finir par cette phrase car je la trouve tout simplement magnifique. En effet, il s'agit d'une hypocrisie de grande ampleur, que dis-je d'un mensonge éhonté malheureusement trop connu du grand public. Pour se rendre compte de la réalité des faits, il suffit simplement de s'intéresser aux votes des socialistes Français au Parlement européen ou, mieux encore, aux prises de position du PS sur les différents traités européens. La vérité ? Elle est très simple, les socialistes ont approuvé tous les traités (Maastricht, TCE, Lisbonne ...) et ont soutenu de manière quasi-systématique toutes les directives qui nous ont conduit dans la situation actuelle.
Pire, la récente interview du candidat au journal britannique The Guardian est consternante et illustre à merveille mes propos. Au Bourget, Hollande nous expliquait que la finance était son adversaire et qu'il allait la mettre au pas. Puis quelques jours plus tard, dans ce fameux journal, celui-ci rassurait les Anglais en affirmant qu'ils ne devaient pas avoir peur et que les socialistes, lors de leur passage au pouvoir, avaient largement libéralisés l'économie.
 
Comme je le répète assez souvent autour de moi, la politique ne se résume pas à des mots. Et pour juger de la crédibilité d'un homme, politique ou non d'ailleurs, il convient également de s'intéresser aux actes afin de s'assurer de la cohérence entre les deux. Car bien trop souvent l'adage "fais ce que je dis, pas ce que je fais" est la norme en politique. François Hollande et le PS n'échappent évidemment pas à cet implacable constat comme le montrent, et il en existe bien d'autres, les quelques exemples que j'ai cités.
 
L'europe est bien évidemment un sujet important pour notre pays, notamment dans un contexte de crise comme aujourd'hui. Mais c'est également le thème sur lequel les candidats jouent le plus les funambules car ceux-ci cherchent à ménager la chèvre et le chou, et ce d'autant plus depuis la montée en puissance du clivage en 2005. Nicolas Sarkozy, durant sa campagne de 2007, l'illustre d'ailleurs à merveille.
 
Bien que 2012 ne soit pas 2007, certains candidats nous resservent les mêmes formules que l'on entend depuis des décennies. Et à ce jeu là, François Hollande, Nicolas Sarkozy mais aussi François Bayrou sont les grands gagnants. Ou plutôt les grands imposteurs.
Il est une citation du général de Gaulle que j'aime rappeler assez fréquemment tant elle est pertinente. Et plus de 50 ans après, celle-ci est, malheureusement, toujours autant valable.
"Je n’aime pas les socialistes parce qu’ils ne sont pas socialistes, et je n’aime pas les miens parce qu’ils aiment trop l’argent."

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